Salem : les effets de l’ interliaison : un syncrétisme dépassé

Salem, plusieurs couches de vêtements superposés sur le dos, un chapeau sur la tête, le visage souvent baissé, est un exemple de la coupure d’avec le groupe, d’avec l’interliaison que constitue le groupe. Dans un collage avec le thérapeute, avec le « grand », dans une hypothèse de base dépendance, ses dessins étaient quasiment toujours des structures quadrillées formées à partir d’éléments matériels placés dans notre dispositif. Ne prenait-il pas par là, dans un syncrétisme évident, des parties du cadre Réel pour se fortifier et se protéger de cette interliaison, hypothétiques « fantasmes de casse » ? Cela l’a en tous cas aidé à nous associer, Agnès et moi, dans une certaine forme de scène primitive qui le faisait nous mêler, elle et moi, dans l’une de ses cases qu’il nommait alors « chambre ». Son graphisme, admettant une forme de symbolisation, contournait alors l’angoisse véhiculée par l’interliaison groupale (angoisse d’intrusion, protection, fermeture des orifices) et se servait d’une défense mise en avant (hypothèse de base dépendance) pour commencer à construire un fantasme de scène primitive. Ce fantasme n’étant qu’un fantasme originaire, rien ne se passait, les sujets et leur complément (le où) étaient exempts de verbe. Il y avait bien quelque chose de l’ordre du fantasme originaire de la scène primitive, quelque chose qui n’était pas déployé dans un scénario fantasmatique 102 .

La différence entre les productions de Salem et celles de Laurent tient dans la mise en scène graphique d’un ressenti d’images inconscientes du corps et de schéma corporel (ainsi que les dimensions psychomotrices qui y sont liées ) non identiques. Le lien en est le processus intrapsychique mis en avant même si pour Salem père et mère sont transférés sur nous, thérapeutes, et si pour Laurent les choses semblent plus relever de l’hallucinose.

Notes
102.

Au passage, si j’ai jusqu’ici beaucoup plus insisté sur l’aspect de l’image du corps, aspect fractalisé à l’origine de ces quadrillages, cette lecture groupale montre bien une fois de plus la polysémie de la trace graphique.