8-4-3 Sur l’existence d’un porteur d’une émotionnalité labile

Sur le concept d’un porteur de l’émotion labile du groupe

Nous avons décrit plus haut ce qu’O. Avron entend par émotionnalité labile ou encore pulsion d’interliaison. En terme individuel, par rapport à notre thématique, nous percevons aisément à partir de ce modèle comment une densification sur papier est une forme de défense contre des représentation-choses encombrantes véhiculées par nos propres fonctions liantes. L’exemple de Rolland densifiant quelques unes de ses traces après que nous ayons fait quelques interprétations le concernant est assez illustratif de cela. Néanmoins, à la base, je postule que la composition d’une trace en groupe est avant tout dépendante de la combinatoire labile qui y est présente. En cela, elle reste inconsciente et liée à une pré-émotion.

C’est d’ailleurs au sujet de Rolland que je propose de pointer, de par son ouverture au groupe, la part spécifique de son fonctionnement porteur. De par son ouverture plus visible en terme de traces à cette émotionnalité primitive, il me semble que Rolland puisse ainsi être le porte émotionnalité labile du groupe. Ainsi trace-t-il, inscrit-il, en fonction des mouvements du groupe, ces derniers étant eux-mêmes chargés d’émotion. Rolland est à la fois porteur de cette émotion labile et de la temporalité groupale, autrement dit il pointe avant tout le rythme groupal. Son intérêt manifeste à l’absence d’un des référents du cadre, intérêt que nous constatons particulièrement dans des séances comme la séance A1 et A2, implique cette question de la présence/ absence, fluctuation qui introduit donc spécifiquement la question du rythme, et notamment de la rythmicité groupale. Tous ces horaires, toute cette temporalité qu’il met en avant sont autant de transitions primordiales pour lui. La trace qu’il met en scène (phénomène d’obscénité de B. Duez, 2000), comme ce choix de la couleur verte alors qu’Agnès est absente, marque une figuration de son vécu interne, figuration qui sera en quelques sortes diffractée sur l’espace de la feuille blanche.