8-6-2- Thérapeutique avec des sujets psychotiques déficitaires et autistes, nos questionnement et difficultés

Le cas échéant, dans notre clinique, lorsque la personne, adulte, s’est construite à l’aide de processus défensifs massifs depuis des années,lorsque le déficit intellectuel s’ajoute aux problématiques psychotiques (avec retour quasi constant de phénomènes hallucinatoires) et somatiques, comment délier ces clivages, les interpréter ? Nos mots sont-ils des moyens adaptés ? En outre, même si à cette dernière question je pourrais répondre par l’affirmative (une partie de leur personnalité au moins entend ce qu’on leur dit), mon expérience tend à prouver que l’attaque contre les pensées et contre les liens que ces mots interprétatifs subissent est une défense contre le retour d’une symbolisation dangereuse puisque porteuse du retour de l’expérience initiale d’agonie. Quand morcellement et déflexion pulsionnelle sont monnaie courante, se retrouver entier représente un danger important. Ce qui risque de faire retour.

Dans notre atelier, nous concevons « l’aire de jeu » comme le lieu où s’élaborent les traces en commun, notre « jeu de cache-cache » serait celui qui nous permet, en fonction des différents sujets du groupe, d’interpréter pour l’un, l’autre ou l’ensemble du groupe. Nous nous rapprochons alors ou nous éloignons de l’un ou de l’autre des sujets en présence en fonction de notre ressenti. Quant à l’utilisation des processus graphiques, elle nous semble être un bon processus thérapeutique, riche d’enseignements sur le sujet dans sa triple dimension informative. Quoi qu’il en soit, nous interprétons et lorsque nous le faisons, c’est notre fonction méta qui agit. Nous avons effectivement vu que pour ces sujets le processus graphique était fondamentalement auto-représentatif, non perçu selon sa triple dimension pulsionnelle, intersubjective et corporelle. Dans notre lien à l’autre, nous faisons alors partie de ce processus méta et tentons de créer chez le sujet déstructuré, à partir de ce qui était excorporation, une forme de décorporation compris alors au sein d’une dyade. Nous favorisons le retour du clivé. Nous interprétons alors la trace graphique à la fois comme un retour d’une partie des expériences non représentées, non symbolisées psychiquement (lien à l’image du corps par exemple et à la dynamique pulsionnelle) et comme une auto-représentation, figurative ou non, d’un processus groupal en train de se jouer .

Nous prolongerons ce chapitre en proposant des spécificités pour les deux grandes structures psychopathologiques en présence. Nous commencerons par le travail avec la psychose puis avec les personnes autistes. Ce qui suit reste cependant prospectif et temporaire.