ANNEXES

ANNEXE 1. Passage d’un dispositif à l’autre

Le lecteur se reportera à la description de notre dispositif actuel présenté en partie méthodologique. Je décrirai ici l’ancien dispositif et expliquerai les raisons du changement. Je ferai ici de nouveau une comparaison avec les temps du rêve.

Ancien dispositif

Partons de notre ancien dispositif. Il durait une heure et demi à l’époque. Celui-ci comprenait trois phases :

1- Phase où il est évoqué ce qui a été créé lors de la dernière séance, soit à un niveau individuel, soit groupal. J'ai appelé cela, suite aux hypothèses de R. Roussillon (1999) sur le dispositif comme analogique des temps du rêve, la double phase de pré-rêve et de retour sur le rêve. Cette phase doit conforter le dormeur dans sa capacité de rêver. Un processus va se réaliser qui a déjà été réalisé.

2- Phase de création commune (œuvre partagée). Période de rêve proprement dit ou rêve rêvé. Derrière cet aspect, ce rêve comporte en revanche l'association de plusieurs rêveurs. Il n'appartient dés lors plus à une seule personne mais à un ensemble. Il peut ainsi devenir objet de convoitise, objet d'altercation, objet d'attaques envieuses, objet de retrait, voire d'auto-agression. Selon les hypothèse de R. Kaës (2002), le rêve serait groupal, ce temps actualise un temps de rêve commun. Les objets internes sont ici travaillés sans être ni totalement extérieurs ni totalement intérieurs. Par rapport à un principe de réalité, il y a transformation en images et il existe une forme de symbolisation.

Les sujets du groupe sont contenus dans un cadre et dans un certain espace potentiel. Il va mettre en place tous les mécanismes concomitants au rêve (déplacement, condensation, diffraction). Pour ces raisons, le temps de rêve rêvé constitue un appareil psychique groupal qui va s'étayer non seulement sur le cadre ainsi que sur les objets transférentiels mais aussi sur cette surface d'interliaison qui est la feuille. Analogique du moi-peau, elle est aussi porteuse et constitutive d'une création nouvelle, momentanée, celle d’un appareil psychique groupal mouvant, composé de porteur d’éléments archaïques.

3- La dernière phase était récapitulative. Il s'agit d'un temps de parole apportée par chacun sur l'œuvre commune, l'œuvre individuelle ou l'œuvre de l'autre. Phase de post-rêve, temps d'après-coup, de rêve narré, il n'en est pas pour autant temps de l'interprétation. Ce troisième temps n’est plus utilisé. Plus que de livrer des interprétations, nous voulions par ce troisième temps permettre que des mots recouvrent une production graphique (notion de polytope interlangagier véhiculée par Jean Broustra, 1996). Peu d'interprétation était en effet faite, la présentation du travail primant sur tout commentaire réalisé par un regard extérieur. Nous voulions écouter les sujets du groupe, cerner éventuellement des écarts entre ce qui était dit de l'œuvre à l'instant où elle était créée et ce qui en était dit dans ce temps. Celui-ci pouvait mettre en évidence, non pas ce que nous concevions à l'époque comme des incapacités d'individualisation, mais des reliquats de l'appareil psychique groupal ci-dessus évoqué. La différence est essentielle puisque, là où nous courons le risque de figer un fonctionnement psychique, nous y substituons une vision évolutive des capacités en fonction des liens intersubjectifs. La feuille de papier, en tant que représentante du moi-peau, serait alors peut-être plus qu'un analogique du fonctionnement psychique groupal.