ANNEXES 2. Compléments d’analyse sur nos cinq cas cliniques

* Compléments sur Francis

Rapports avec les parents

Francis est l’aîné de deux frères jumeaux, son père avait également un jumeau décédé bien avant la naissance de Francis. La relation parentale est stable. Francis rentre régulièrement chez ses parents où il côtoie ponctuellement ses deux frères jumeaux autonomes.

Pour avoir reçu les parents à deux reprises en entretien, j’ai pu constater de fortes demandes provenant d’un père insistant sur les valeurs, les bonnes manières et se réjouissant de ce que son fils soit poli et bien élevé. Pour ce monsieur, au fonctionnement pragmatique, il est plus important de parler de ce que Francis a fait, fait ou va pouvoir faire, que de se poser des questions sur le pourquoi et comment. En outre, il a une idée bien précise du dysfonctionnement de son fils, et il la livrera au cours de deux entretiens, à savoir qu’il n’est « jamais présent quand il le faut » et qu’il « saute d’une chose facile à une autre ». Ce serait son problème central. Francis serait cependant très proche de son père auprès de qui il s’est toujours collé physiquement jusqu’aux limites d’acceptation de ce dernier (et la mère de m’apprendre que son mari manque de patience). Ainsi le suivait-il dans ses activités manuelles. Selon le père, Francis parviendrait mieux à comprendre avec lui qu’avec d’autres.

Avec sa mère, il a également cette relation de proximité importante. Néanmoins, si celle-ci a pu lui apprendre la géographie au travers des relations drapeaux-nations et des villes de France (ce qui donne à Francis un vernis culturel très relatif), la majeure partie de ses inquiétudes est dirigée sur le registre corporel. Dans une relation de maîtrise, elle se demande ainsi pourquoi son fils retient ses selles au foyer pour les relâcher une fois rentré en famille. En fait la plupart de ses questions concerne les fonctions corporelles de son fils. Nous savons ainsi que cette dame passe beaucoup de temps à le peser, à lui chercher des traitements laxatifs.

Tout se passe comme si Francis, qui au sein du foyer a la tête bien occupée par sa famille (dont cette image maternelle forte mais sécurisante et paternelle « inhibitrice »), ne pouvait « donner » qu’à ses parents, et plus particulièrement à sa mère. Mais il ne défèque pas qu’auprès d’elle : madame D. nous a fait remarquer qu’il était déjà arrivé à son fils de faire ses selles chez une personne de sa famille, personne que Francis affectionne particulièrement. Sa mère le détend-t-il ? Cela est fort probable. Je pense qu’il lui faudrait être totalement détendu corporellement pour pouvoir se relâcher sur le plan anal.

Nous savons que Francis redoute les situations tendues qu’il fuit au même titre que cette autorité paternelle qui l’amenait plus jeune à se cacher dans le couloir de la maison au retour du père, le soir. Il donne lui-même une présentation corporelle rigide, son port est raide, ses bras tendus le long de son buste.

En l’occurrence, totalement dépendant de ce qu’il ressent dans son environnement, cette forme de « cadeau » sous-tend l’existence d’une problématique anale marquée par une difficulté de séparation d’avec la dyade maternelle. Hors de cette dyade, ou de toutes les formes qu’elle peut prendre, Francis se sentirait insuffisamment protégé des autres.