* Compléments sur Rolland

Au niveau familial : Les éléments familiaux sont complexes. De parents divorcés, Rolland a vécu auprès de ceux-ci jusqu’à l’âge de 14 ans. Suite à quoi le père serait parti du foyer familial mais nous ne savons rien d’objectifs à ce sujet. La mère a obtenu la garde. Elle reste approximative sur ces questions. Elle n’aime pas abordé ce sujet, projette encore beaucoup d’agressivité envers cet homme qu’elle ne considère plus depuis longtemps comme le père de Rolland. Lors de nos entretiens, les dévalorisations le concernant s’allient à une haine manifeste «J’espère qu’il le payera ! ». Cela dit, elle a refait sa vie successivement avec deux autres hommes depuis et la partage actuellement avec un troisième. Avec ses précédents concubins, elle a également eu deux autres enfants dont un handicapé, âgé de 16 ans de moins que Rolland.

Actuellement Rolland revoit son père de façon très ponctuelle (tous les six mois environ). Il voit en revanche beaucoup plus régulièrement les autres hommes, amis de la mère, dont le père de son demi-frère, qu’il appelle « papa ». Ajouté à cette confusion, la mère me présente son propre père (le grand-père) comme étant le père "symbolique" de ses fils. Ayant "abandonné" ses enfants, elle ne désire qu’oublier le père naturel, un père pouvant se substituer à un autre, elle rappelle que le grand-père assure une présence.

En somme, cette femme me fait penser, dans ses propos, à une sorte de mère toute-puissante s’octroyant le pouvoir de cacher ou montrer, faire apparaître ou disparaître, former, déformer, transformer des pères successifs, ce qui placent ses deux fils dans des confusions extrêmes. Quoi qu’il en soit, cette femme se rend compte de ses difficultés à tenir des décisions dans le temps. Alors qu’elle nous avait dit à une époque qu’elle ne voulait pas présenter son dernier ami à Rolland, qu’elle emmènerait autant que possible ce dernier chez ses propres parents lors des week-end de prise en charge, nous apprenons plus tard son changement d’avis sans qu’aucune forme d’explication logique ne nous soit livrée. A ce tableau clinique l’introduction du grand-père comme père de substitution rajoute ainsi une prime d’ambiguïté faisant bien sûr songer aux écrits de P. C. Racamier (1992) sur la dimension incestuelle. Mais poursuivons ce détail de la situation familiale.

Très proche de ses parents, madame S. retourne dans la grande maison parentale à chaque nouvelle rupture. Toutefois nous avons des raisons de penser qu’elle y séjournerait sûrement tous les week-end. En réalité, vu la difficulté pour nous de nous repérer dans cet imbroglio, nous ne savons jamais, du point de vue institutionnel, où la joindre. La confusion règne en la matière et son discours n’est pas souvent clair. Nous n’enquêterons pas sur ce sujet, tout au plus pouvons-nous souligner que madame S. dit être « bien » dans ce giron et se retrouver « petite fille ».

Le climat ambiant dans cette famille est composé de violence verbale, de cris, de brutalité parfois physique. Madame S. avoue que son père lui crie « toujours dessus », qu’elle a parfois demandé à Rolland d’intervenir, ce qu’il fait à présent spontanément, dérangeant paradoxalement madame S. Cela entraîne un comportement dépeint par la mère comme assez despotique au sein de la famille : il veut "commander", ne supporte pas qu’on lui refuse l’objet désiré. Cette attitude se manifeste auprès d’elle et de ses parents et peut mener Rolland à des violences qui l’ont entraîné une fois, toujours selon la mère, à un passage à l’acte extrême où il aurait poussé son grand-père dans les escaliers suite à un refus de sa part.

A savoir également qu’elle nous a toujours dépeint ses concubins comme des hommes violents, la battant quelquefois. Il en va de même actuellement avec son dernier compagnon.