Présentation de la séance du 3 avril 2002. (A2)

Rolland demande d’emblée où est-ce que je me trouve. Grégoire répète qu’il a grandi. Agnès parle de mon absence. Une majorité (je ne peux la circoncire faute d’éléments suffisants dans la prise de notes) répète que je ne suis pas là. Rolland montre ma blouse verte. Laurent commence à se sentir manifestement mal « y t’a engueulé ! », il s’était plaint d’avoir froid en entrant, la fenêtre était ouverte. Laurent se gifle. Agnès essaye de l’arrêter : « non Laurent, c’est la faute de personne ! ». Grégoire dit « on est content de Frédéric ». Agnès : « pourquoi ? ». Grégoire : « parce qu’il va bien ! ». Francis : « il fait de la peinture ». Grégoire : « vendredi, je vais prendre l’avion, chez ma mémé ». Agnès : « tu penseras à nous ?. Grégoire : « oui je penserai à vous, et à Frédéric ! ». Agnès demande où se trouvent les dessins, Laurent et Rolland, en guise de réponse, regardent vers la table où ils sont posés.

Grégoire dit à Laurent qu’il pense à lui et il le touche, ce dernier en est fortement embarrassé. Agnès rappelle le cadre : montrer vos ou les dessins. Grégoire évoque son frère pompier. Laurent enlève du bout de l’ongle le surplus de peinture présent sur sa feuille. Grégoire dit qu’il a pris « plein de crayons et fait plein de traces ». Agnès questionne, elle sait que c’était Sylvain qui avait utilisé un crayon, Grégoire montre donc Sylvain et dit avoir fait de la peinture. Agnès lui demande de préciser le prénom de celui-ci, Grégoire répond en disant Sylvain. Laurent parle de dispute, Agnès acquiesce et rappelle qu’à la dernière séance une altercation avait effectivement eu lieu entre Grégoire et Sylvain. Sylvain se balance et regarde Rolland. Agnès demande à Sylvain, seul à ne pas avoir encore présenté, s’il veut montrer son dessin, Sylvain rit, Grégoire répond « pas de peinture, du feutre ». Laurent s’impatiente, il veut faire de la peinture.

Durant la deuxième phase, Francis, Rolland, Grégoire et Sylvain demandent des feutres. Dans la période de distribution du matériel, Grégoire s’intéresse au scotch que met Agnès aux quatre bords de la feuille. Il veut aider. Francis prend du orange et fait des 69 barrés. Grégoire parle de son grand-père qui a des moutons. Rolland fait « bêêêêêê ». Francis demande où est le 69 ? Rolland prend le feutre rouge dans le pot de Francis et dessine deux petits ronds puis prend le violet. Peint deux grands et un très grand. Grégoire dit à Laurent qu’il est son copain. Rolland fait une forme allongée. Sylvain prend des crayons à papier et fait des cercles. Rolland fait une nouvelle forme allongée. Grégoire parle de la voiture de son père. Laurent prend ses six couleurs de droite à gauche dans l’ordre où elles sont placées en face de lui. Grégoire demande à Agnès de lui dessiner la tête de ses moutons, il prend du rose et fait un carré puis il fait, a l’instar de Rolland, « bêêêê ». Laurent en rit.

Rolland s’est arrêté de dessiner ainsi que Sylvain. Francis dit « le Canada ». Agnès s’adresse à Francis et Grégoire demande de l’aide puis il dessine tout seul la tête du mouton. Rolland recommence à dessiner, Sylvain se met à se dessiner sur l’avant-bras et repousse sa feuille. Grégoire veut qu’Agnès lui fasse les pattes de son mouton. Agnès lui demande si un mouton est tout doux ? Grégoire dit « et la queue là ! », Laurent rit. Agnès lui demande pourquoi il a fait des points dans son mouton, il répond que c’est le « tout doux ». Sylvain prend le marron et fait des cercles. Grégoire dit à Agnès que le mouton est à côté de lui, qu’il est tout doux et le regarde. Rolland remplit deux autres ronds. Sylvain reprend le crayon. Agnès fait remarquer à Francis qu’il a fait un dessin immense qui ressemble au feu. Francis répond « ah bon ».

Agnès demande à Rolland s’il va bien, il répond en dessinant un grand rond qui recouvre partiellement une partie du mouton « les oreilles » à Grégoire. Grégoire réagit aussitôt : « Arrête ! Je veux pas ! », il se bloquera, n’appréciant pas du tout cette incursion. Sylvain réagit par un regard étonné, lui qui avait déjà vécu cela lors de la dernière séance. Agnès tente de désamorcer : « moi je le trouve toujours très gentil ce mouton ». Grégoire reste sur son blocage, Rolland dessine à présent de tout petits ronds. Sylvain se passe le crayon sur sa nuque. Rolland montre Sylvain et Agnès lui renvoie que Grégoire n’est pas content de lui et non de Sylvain. Grégoire : « tu as abîmé les oreilles, vilain. » Rolland fait de petits ronds rapprochés, Agnès interprète : « c’est important d’être proches ». Grégoire répète qu’il est fâché. Sylvain rit et se cache la partie du visage qui se trouve vers Grégoire. Agnès lui fait remarquer qu’une partie du mouton n’est pas cassée. Francis parle du foot. Grégoire donne un coup de pied sous la table à Rolland. Ce dernier crie et se plaint d’avoir mal. Laurent rit. Grégoire explique son geste et lui renvoie un nouveau coup de pied. Tout le monde s’arrête sauf Sylvain qui reprend un feutre et recouvre une partie du dessin de Francis et de Rolland. Puis Sylvain sort tous les feutres un par un et les range.

Laurent : Laurent va fonctionner sur un mode essentiellement défensif. Néanmoins quelques facteurs externes réveilleront des points de fragilité que nous attribuerons, en hypothèse, à mon absence.

En premier lieu, dans son accrochage aux éléments du cadre, la fenêtre de la salle est ouverte, ce qui, dés son entrée, va lui poser problème (il se plaint d’avoir froid). Son accrochage à lui se réalise sur les éléments du cadre ; l’enveloppe, de nature syncrétique, est comme ébréchée par cette ouverture intempestive, et de fait tout se passe comme si son enveloppe psychique (projetée et quasiment diluée avec la contenance offerte par les murs dans une sorte de va-et-vient) était menacée. En lien avec ce que G. Haag appelle les « représentants architecturaux et spatiaux », Laurent se crée sa structure interne en fonction des éléments du cadre qui se doivent alors de constituer une « bonne mère environnement » (cf D. W. Winnicott).

Dans le contexte groupal également, R. Kaës (1999) a pointé le facteur ectopique du psychisme. Il nomme le dépôt comme un au-delà de l’enveloppe constituante de celui qui s’en sert : « ce hors-lieu est toujours à la fois une expulsion de l’inconscient et son extension en plusieurs lieux psychiques, dans la psyché d’un autre ou de plusieurs sujets, qu’ils soient actuellement réunis ou qu’ils soient liés dans un groupe intergénérationnel » (p 764). J. Bleger (1966) avait également parlé du cadre comme d’un non processus, je pense qu’il devient élément actif, lieu de dépôt pour Laurent pour autant que celui-ci fonctionne dans notre dispositif sur un mode syncrétique.

La fenêtre ouverte, doublée de mon absence, crée une brèche dans cette enveloppe. Dés lors, nous pouvons percevoir cet amalgame de matières indifférenciées comme découlant à la fois de l’objet vivant ( avec les rapports transférentiels qu’ils sous- tendent) que de l’objet non vivant, l’élément du cadre. Dans ce syncrétisme, lorsque Laurent n’est pas relié à la fonction d’attention du thérapeute, la moindre brèche dans la pièce, environnement périphérique contenant venant servir de carapace de protection (voir le concept d’autisme à carapace de F. Tustin), est alors vécu comme une attaque. Autrement dit cette carapace est toujours à reconstituer et dépend de l’environnement, de l’intersubjectivité primaire . L’autisme est bien à lier avec cette forme de dynamique intersubjective. Si la personne est défaillante, le cadre ne doit pas l’être. Une fenêtre ouverte, agissant directement sur une sensation tactile et s’ajoutant à une absence, fait aussitôt intervenir une catastrophe (au sens de R. Thom).

Notre présence ou absence n’est donc pas totalement indifférente pour Laurent mais dans sa problématique psychique elle demeure surtout fondue dans les éléments constitutifs de l’architecture, ce qui renvoie à l’ambiguïté liée à la position glischro-caryque tout en étant pris dans des ensembles psychiques plus complexes.

Cette présence ou absence, non totalement anodine, va apparaître lorsque ce qui était resté dans les murs, réapparaît dans le langage autant que dans des éléments du cadre. C’est Rolland qui s’inquiète de savoir où je suis, il en formule non seulement la demande mais va jusqu’à montrer ma blouse verte. Là-dessus une menace semble planer, Laurent dit à Agnès « y t’as engueulé », ce qui présage d’une déstabilisation de l’ensemble de son système psychique présageant de violentes auto-agressions. Il commence d’ailleurs à se mettre une gifle, Agnès tente de le rassurer.

Peut-on parler ici d’une angoisse face à un sentiment d’avoir détruit l’autre avec crainte du retour de l’élément détruit pour à son tour détruire (par représailles) ? Je ne le pense pas. Il semble plutôt, vu la problématique de Laurent, qu’il y a là un retour de ce qui avait été projeté sur l’extérieur, sur la périphérie. Ce retour est dangereux. R. Roussillon (1999, 2001) le dit : la symbolisation, cet acte psychique qui implique la dimension subjective, renvoie au manque, à l’absence, au deuil. Laurent n’a pas le bagage psychique suffisant pour supporter cela.

Agnès et le groupe parviennent tous à leur manière (Grégoire dit qu’il est content de moi, qu’il pense à moi, etc.) à le rassurer 121 . Toutefois, lorsque, calmé, Laurent se met à présenter son dernier dessin, il gratte en même temps un petit morceau de peinture sèche qui dépasse. Il parvient ainsi à éliminer cet excès qui sortait de son cercle coloré. Tout se passe comme si ce groupe devait rester à l’intérieur du cadre, de l’enveloppe, cette fenêtre ouverte aussi bien que l’évocation de mon absence ou cette tache de peinture débordante sont vécues comme éléments perturbateurs, voire pour certains persécuteurs. Cela montre bien que l’élément perturbateur peut être redéposé dans la matière picturale. Toutefois ce dépôt doit être lisse, sans superposition. Autant pour ce qui est en creux, le trou, l’absence, la brèche sont insupportables, que ce qui est en bosse : la croûte externe, exposée. Tout doit rester sur une surface plane, faisant songer à l’unidimensionnalité, bien positionné afin d’éviter les écueils d’une anomalie qui viendrait de façon catastrophique tout remettre en question dans ce nouvel univers maternant que Laurent tente de se créer et se recréer dans son comportement comme dans sa peinture.

Une autre façon de pallier mon absence consiste aussi à prendre abondamment la parole et à créer du lien. Il le fera secondairement, après avoir gommé les dernières imperfections de sa production, en parlant de la peinture de Francis ou en évoquant la dernière séance dans laquelle Sylvain et Grégoire s’étaient disputés (Laurent le rappelle). Une fois que tout est rentré dans l’ordre, que sa pulsion d’emprise (A. Ferrant, 2001) a pu se remettre en chantier sur le pôle indifférencié, il va se mettre à lier dans sa peinture (empreinte).

Reste cependant qu’il va choisir 6 couleurs au lieu de 5 à l’instar de la dernière séance étudiée. Voilà encore un élément itératif lié à mon absence. Se permet-il, alors que d’habitude il semble représenter les cinq membres du groupe de patients, de peindre l’élément supplémentaire, Agnès ? Il pourrait se permettre de l’incorporer en mon absence ? Peut-être fait-il cela parce qu’il a été rappelé qu’un membre du groupe manquait, ce qui assurait et soulignait la présence des 6 autres ? Peut-être encore (et mieux) a-t-il besoin d’inclure Agnès en cela qu’elle l’a protégé de mon absence, ainsi le danger est-il une fois pour toute rejeté ? Peut-être mais reste un accrochage à Grégoire : il rit à plusieurs reprises à des propos de Grégoire, celui qui a contribué à renforcer son enveloppe défaillante. Une collusion groupale, avec un temps de latence pour se décoller de l’autre, se constate alors.

Dans sa phase de production en tous cas, rien ne change, il crée toujours en fonction de paramètres qui paraissent sinon internes, du moins immuables et pris dans ce mouvement d’aller-retour constant entre éléments extérieurs et intérieurs.

Nous reprendrons des éléments de ce travail pour souligner comment Laurent, dans cette recherche d’auto-sensualité et de liaison avec les éléments contenus dans la pièce, peut se faire porteur d’une inertie de fonctionnement que les autres sujets du groupe lui envient. Outre les ruptures catastrophiques dans son enveloppe , ses processus défensifs habituels donnent l’impression d’être stables, il continue à fonctionner selon la consigne.

Juste avant ceci, Grégoire avait dit que le groupe était « content de Frédéric », et ceci parce ce « dernier va bien ». En l’occurrence, vu ce qui suit, cette phrase préparatoire à son identification partielle, lui servait à se persuader que j’avais pu survivre malgré mon absence. En dehors du groupe, je n’étais pas mort, ce qui, dans une perspective symétrique, lui permettait à son tour de survivre à mon absence. Puisque j’allais bien, il pouvait lui-même aller bien et agir de la même façon que moi, en s’éloignant du groupe (départ chez sa grand-mère) sans pour autant le perdre totalement.

Nous pouvons donc reconstituer pour l’instant le cheminement suivant : Grégoire peut grandir en l’absence du référent, du père, sans le tuer à condition de clamer haut et fort pour les autres autant que pour lui (et avant tout pour lui) que ce dernier n’en a pas souffert. Ceci étant la possibilité d’occuper cette place vacante se fait jour et Grégoire en profite, une brèche va favoriser l’identification partielle. Poursuivant sur cette voie identificatoire, en partie aidée par les interventions d’Agnès, il nomme certains membres du groupe pour répondre à des questions posées et place sa main sur le bras de Laurent, celui-ci réagit d’ailleurs aussitôt en le repoussant.

L’identification partielle à ma personne, poussée quelque part par Agnès, a entraîné en fait ce touché, Grégoire semble avoir porté secours à Laurent (qui s’était frappé) de deux façons : initialement par la parole en signifiant que je n’avais pas été détruit et que le groupe ne l’était pas non plus, secondairement par ce geste de soutien. Il passe ainsi du moi-pensant au moi-peau, de la parole au tactile. Quoi qu’il en soit, il accorde une présence psychique à cet autre qui vient de manifester du désarroi. Or, lors de la dernière séance, son altercation avec Sylvain avait mené Grégoire à libérer une part de sa destructivité interne habituellement agissante sous la forme de l’emprise. Cela souligne le besoin de réparation.

Mais il demeure également d’autres facteurs se superposant à ce besoin de réparation, facteurs qui expliquent aussi l’accrochage de Grégoire sur Laurent : Lors de la séance précédente, ce premier s’était particulièrement rapproché graphiquement de ce dernier en utilisant de la peinture et en choisissant des couleurs similaires. Cela souligne également une autre constante constatée fréquemment dans ce type de groupe : des phénomènes de contagion et de collusion qui rapprochent deux sujets sur des points similaires, rapprochement réalisé au travers de deux processus psychiques communs, deux aspects similaires des groupes internes pourrions-nous rajouter.

Il cherchera sur ce registre en mettant par exemple longtemps à évoquer ses traces de peinture et aura un rire nerveux avant de parvenir à en produire, rire accompagné par la phrase « pas de peinture, du feutre ! ». Il s’empressera ensuite de choisir des crayons, la peinture semblant trop chargée affectivement. Sous cet angle, le frère pompier est celui qui vient éteindre le feu, feu pulsionnel témoin autant qu’indicateur du lien émotionnel trop vif.

Par la suite, Grégoire évoque donc son frère, pompier, frère fantasmatique qui n’a jamais existé que dans ses propres élaborations psychiques. Au vu des représentations essentiellement auto-représentatives de son propre fonctionnement psychique, nous pouvons envisager que ce pompier est un agent psychique, forme de représentant-pulsionnel, venant faire taire les émotions internes véhiculées par mon absence . Lorsque, s’étant persuadé de sa non destruction, de ma non destruction et de la non destruction du groupe, lorsque, après avoir réconforté Laurent, objet tour à tour fort et fragile, il peut enfin laisser paraître ce frère intérieur venant éteindre les émotions naissantes. Ces émotions naissantes peuvent se manifester sous la forme d’une angoisse diffuse d’abandon pour Grégoire. Le frère interne vient à la fois renforcer son psychisme et éviter les risques de se retrouver seul.

Le problème provient de ce qu’avec Grégoire, aider l’autre, fût-ce par le biais d’un objet interne initialement aliénant et secondairement idéalisé, fût-ce pour réparer un ressenti émanant de sa destructivité interne, fût-ce aussi pour se départir d’un lien auquel il s’était en partie égaré, revient à prendre un ascendant sur lui. Lorsqu’il dit qu’il a pris plein de crayons et fait plein de traces, Agnès n’est pas dupe : il a pris la place d’un autre et en l’occurrence de Sylvain. Grégoire concède. Tout se passe comme si l’énergie interne qu’il est parvenu à transformer en pulsion de liaison, entraînant l’aide partielle de Laurent sur un mode identificatoire par rapport à moi, ne pouvait entraîner de l’autre côté, sur un autre pôle, que sur une annexion du territoire de l’autre. Cet autre est celui contre lequel il avait « sévi », par des réprimandes hostiles, lors de la dernière séance.

Pendant qu’Agnès place les feuilles sur la table et les scotche, Grégoire dit qu’il fait pareil chez lui, se mettant une fois de plus en situation de faire comme nous. Durant la phase de production, Grégoire parle des moutons de sa grand-mère. Il insiste sur eux, imite leur bêlement. Pour lui, le mouton est un animal plutôt docile connoté par des représentations telles que « tout doux », autrement dit soyeux, agréable au toucher. Tout de suite après, il évoque la voiture de son père, revenant sur son thème le plus cher. L’élément docile, mis en lien avec une représentation (grand)- maternelle rencontre ainsi dans un pré-fantasme (il n’y a pas ici de scénario proposé) l’élément à la fois plus protecteur et plus agressif. Le mouton est aussi l’élément docile et maternant qui crée du lien et désamorce l’aspect contraignant. Or, si ma présence sature l’espace d’une fonction paternelle (je ne parle pas d’une représentation éventuellement fraternelle), celle d’Agnès, au contraire, ouvre sur la fonction maternelle. Le risque, nous l’avons vu, serait celui d’une dévoration.

Cela se passe au moment où Grégoire a pu se départir de son ancien lien envers Laurent et de sa nouvelle tentative de prendre la place de sylvain. Nous retrouvons là plus clairement encore les éléments de la séance précédemment exploitée. Grégoire prétend ensuite ne pas pouvoir / savoir dessiner son mouton, il demande de l’aide à Agnès qui la lui refuse. Il s’exécute donc en disant à Agnès que ce mouton est à ses côtés et la regarde. Plus tard, Rolland, situé en face de lui, passera avec son graphisme sur une des oreilles de son mouton et Grégoire réagira très mal, allant jusqu’à donner un coup de pied sous la table à Rolland.

Le mouton docile, ces autres qui doivent se tenir tranquilles en présence de sa tyrannie, est attaqué dans sa représentation. Non seulement son désir de faire entrer Agnès dans son processus graphique n’a pas fonctionné mais en plus son objet interne excorporé dans les traces est mis à mal. Là-dessus, les propos plus névrotiques d’Agnès ne peuvent faire mouche. L’empiètement renvoie à un en-deçà intolérable, lui qui essayait de se sortir de sa collusion avec les groupes internes de Laurent, lui qui tentait par là-même de contrebalancer sa destructivité interne par des tentatives de réparation, il se voit rattraper, dans un registre trop concret, visuel, hallucinatoire, par l’objet.

De nouveau l’équilibre est rompu il ne peut plus produire, il pose le feutre, houspille Rolland et son agressivité, sa destructivité rejaillit, elle touche Rolland mais également ses capacités créatrices. Son agressivité ne peut s’exercer que dans cette forme extrême, en l’absence d’homme (et la stagiaire note que cette altercation ne prendra fin qu’une fois retrouvé son lieu de vie, dans lequel un homme interviendra), la contre- réaction n’impressionne plus Grégoire.

Durant la première phase, il regarde les dessins de la séance précédente avec une grande intensité mais lorsque Francis montre son dessin en prétendant qu’il lui appartient, Rolland ne dément pas. C’est avec l’absence qu’il a du mal, pas avec les éléments présents, ces dessins, qui semblent pouvoir mélanger leur créateur sans problèmes posés. Toutefois, avant l’intervention de Francis, la grande intensité de son regard paraît rechercher une émergence de l’objet absent, cet objet va-t-il sortir de la trace (ou peut-être cette insistance au moment où Agnès parle de moi signe-t-elle un processus d’hallucination positive) ?

Par la suite, lorsque Agnès lui propose de présenter son dessin, il montre ses traces en qualifiant cet ensemble de « beau ». Ceci est traditionnel chez lui. Je rappelle que la beauté, à une époque précoce de son existence, a permis à son entourage de lui préserver de l’amour malgré son handicap (du moins est-ce la façon dont la mère reconstitue le roman familial), autrement dit le beau relevait (de) son identité, marquait son mode de présence.

Sur cette lancée, durant la seconde phase, son attitude ne change pas beaucoup non plus. Il continue à puiser son énergie dans le dynamisme groupal, change de couleurs de feutre en fonction des manifestations orales et physiques des membres du groupe. Rolland fait de grandes formes allongées au moment où, dans le groupe, l’un ou l’autre des membres cherche à se lier à un autre ou bien se met en action. Exemple lorsque Grégoire dit que Laurent est son copain ou bien lorsque Sylvain se met à dessiner après un temps de latence. Si l’on admet que son fonctionnement psychique prend forme dans une psychose symbiotique, on peut admettre aussi que mon absence, lorsqu’elle n’est plus évoquée directement, n’est pas plus douloureuse pour lui que les objets internes abandonniques présents en lui au quotidien, ce qui le plonge dans un état de recherche continuelle de l’autre. Dans ce groupe peinture- dessin, il peut ainsi évacuer ce manque en se servant de différents représentants des pulsions de vie.

Lorsque Agnès dit que le mouton de Grégoire est « tout doux », Rolland remplit aussitôt 4 petits ronds et s’arrête. Il recommencera plus tard à remplir deux petits ronds lorsque Grégoire dira à son tour à Agnès que son mouton la regarde. Cette fois-ci les bêlements du mouton de Grégoire prennent formes dans un corps, le dessin chosifie l’animal, ce qui emmène Rolland à densifier ses propres ovoïdes. Une forme se remplit, un espace se bouche, cet espace a besoin d’être comblé. Agnès, par son évocation de mouton tout doux ; Grégoire, en répondant à celle-ci que son mouton la regarde, tous deux créent une dynamique de lien, ramènent dans les représentations de Rolland un nouveau lien symbiotique : la douceur maternelle (le mouton tout doux) veille sur son double (une femme), quelque chose de spéculaire se met en place. Le rapport aux yeux, au regard, indique l’expérience d’une forme première d’identification passant par un reflet de soi dans l’autre et créant l’espace du double (O. Moyano, 1999). Rolland formalise cela par une densification graphique issue ici d’un sentiment de retrouvailles avec l’objet perdu. Par procuration, il vit lui-même ce regard chaleureux. Le contenant trouve un contenu, il n’a plus besoin de se multiplier à l’infini.

Ensuite, fort de cette trace densifiée, Rolland dessine une grande forme vide, nommée « cirque », qui se dirige vers l’oreille du mouton de Grégoire et la recouvre. Cela va éveiller une réaction de colère chez ce dernier. A partir de là, ce cirque, dessiné avec une grande amplitude graphique, va aussitôt être abandonné au profit de tout petits ronds resserrés. Agnès lui fait alors remarquer, ayant probablement saisi le phénomène, qu’il est important d’être proche.

La densification semble avoir eu un effet symboligène nécessaire pour que Rolland puisse de nouveau conquérir l’espace. Il le conquiert en se dirigeant vers le lien nouveau créé, il en espère quelque chose… L’objet interne « cirque » est, on le sait, chargé de représentations maternelles, c’est fort de celles-ci ainsi que du portage bienveillant du regard d’Agnès qu’il peut alors s’aventurer vers le « mouton docile », celui qui se trouve en face de lui, en miroir. Il touche ainsi de sa trace un objet graphique qui l’a touché. Néanmoins, s’il en va de la sorte pour Rolland, Grégoire est loin de vivre les choses de la même façon. Cet empiètement est vécu comme une agression, elle est intolérable. L’alliance qui s’était créée précédemment n’était que dans les mots ; les traces, posées sur cette surface, mobilisent bien plus d’affects, des affects fondés sur un narcissisme fragile. D’où ce phénomène de repli, phénomène en creux, par rapport au phénomène d’expansion, en bosse, nouvelle consolidation de l’enveloppe psychique ainsi que des agrégats internes qui vont servir à densifier et donc fortifier la structure. Agnès l’a bien compris, il s’agit de resserrer quelque chose des objets internes. A noter que malgré la tendance isomorphique de Rolland, celle qui le fait tracer en fonction de la dynamique groupale, la trace produite ne se perd pas totalement une fois faite, elle revêt une forme d’existence.

Ainsi va-t-il, après s’être de nouveau densifié, après s’être fortifié dans son espace restreint, retourner dans le groupe pour pointer du doigt Sylvain. Julie autant qu’Agnès pensent en cela qu’il a cru, ou a voulu croire que Grégoire s’adressait à Sylvain et non à lui. Cependant cette hypothèse ne tient pas au vu de ce repli qui a suivi immédiatement la réprobation de Grégoire. En fait Sylvain avait été fortement interloqué par la vive réaction de son voisin, il venait, au moment où Rolland le pointa du doigt, de se passer le feutre derrière la nuque, ce qui est un mauvais signe pour lui (retour à la peau, désymbolisation ou plutôt, comme nous le verrons, symbolisation corporelle). Rolland, habituellement proche de Sylvain, cherche-t-il ici à lui venir en aide ? Il ne s’agit donc pas de rejeter la faute, ce qui non seulement est un mécanisme trop élaboré en pareille circonstance mais ne rentre pas dans l’observation clinique.

Par la suite, Grégoire lui dira qu’il est « vilain » d’avoir recouvert une partie de sa production et Rolland, d’une voix forte, répondra qu’il n’est pas un bébé. Ce dernier s’empressera de remplir un autre rond soulignant une fois de plus le rôle du remplissage, caractéristique pour lui de cette urgence à densifier, à se défendre pour pallier le vidage interne que lui fait vivre la situation de conflit.

A la fin, Grégoire lui donne un coup de pied sous la table et Rolland crie un « aïe » percutant.

En revanche, il délaisse son dessin comme il le fait quelquefois, montrant peut être ainsi un attrait toujours plus vif en cette occasion envers l’animé qu’envers l’inanimé 122 . La production graphique en dehors de l’acte moteur, a moins de valeur. Peut-être a-t-il trouvé en Rolland ce doublequi lui évite de se mobiliser dans une monstration de son œuvre (souvent, il met les coudes sur son dessin pour dévoiler le lien entre cet objet externe / interne et lui, montrant qu’il s’y sent relié) ? Mon absence en tous cas n’est manifestement pas pointée du doigt.

Prenant des crayons et commençant par des cercles concentriques, il dirige de grandes spirales vers Francis et, en plus grandes quantités, vers Rolland. Il stoppe soudain sa création quand Grégoire se met à dessiner. De la même façon, Rolland s’arrête de dessiner au moment où Grégoire, qui nous avait demandé de l’aide, commence ses premières lignes. Cette façon de faire peut-elle se concevoir chez Sylvain au travers d’un phénomène adhésif envers Rolland, ce double constitué en début de séance, ou bien au travers des premières traces composées par Grégoire ? Suivons ce qui se passe par la suite. Sylvain se met à s’écrire sur le bras et repousse la feuille au moment où Rolland recommence à dessiner. A ce moment là, Grégoire trace la tête de son mouton.

  • Liaison entre des formes de symbolisation corporelle dans le double unaire et apparition du double narcissique

Nous avons déjà souligné les liens de symbolisation corporelle qui existent dans l’involution écriture sur feuille / écriture sur peau. Cette forme de symbolisation ne serait-elle pas due à une rupture de l’identification adhésive (ou plutôt l’identité adhésive) avec Rolland qui s’est remis à dessiner ? Autrement dit n’y aurait-il pas eu une rupture d’étayage dans l’enveloppe psychique qui aurait amené Sylvain à se reconstituer une fermeture corporelle par le biais d'un contact peau ? Il y aurait eu un passage du double unaire au double narcissique (O. Moyano, 1999) entraînant un effet d’inquiétante étrangeté défendu selon un registre propre au fonctionnement psychique de Sylvain. Celui-ci passe par la fortification de son enveloppe corporelle dans un mouvement auto-sensuel.

L’autosensualité autistique est un mouvement de récupération, ré appropriation et fermeture de l’enveloppe psychique. Elle peut se dérouler lors d’une rupture d’étayage avec l’objet. Cela laisse toutefois entendre que lorsque l’expérience graphique reprend chez l’autre, il ne peut plus jouer un rôle de double. Le lien syncrétique s’efface en faveur de processus plus vivants. Sa différence se lit dans ses traces ou plutôt dans les signifiants formels laissés par ceux-ci. Les signifiants formels sont idiosyncrasiques et différencient ainsi deux structures, deux histoires psychiques différentes. Par leur apparition dans les traces, le double unaire, bidimensionnel, devient double narcissique, renvoyant à l’inquiétante étrangeté.

S’associe néanmoins à cela, des restes de l’ancienne altercation avec Grégoire, celui-ci dessinant, c’est comme s’il marquait des nouveaux points dans cette lutte pour l’espace. Lorsqu’il termine son mouton, il aurait en quelque sorte gagné la bataille par un graphisme abouti, terminé. Les spirales de Sylvain sont dirigées sur sa droite et devant lui, vers Francis et Rolland.

Lorsque, par la suite, Grégoire hurle sur Rolland, Sylvain sursaute, semble surpris, puis il s’écrit sur la nuque ayant probablement une nécessité de suturer son enveloppe narcissique. Il rit ensuite lorsque Grégoire se fâche contre Rolland puis se cache la partie du visage tendue vers Grégoire. L’excitation est la pierre de touche de ce comportement, le corps est alors vécu comme réceptacle de celle-ci. Se cacher la partie Grégoire pour diriger son regard vers Agnès fait penser au clivage vertical au travers duquel une partie est mère et l’autre enfant. Lui et Grégoire sont équivalents de l’enfant détruit et de l’enfant destructeur, ils doivent être effacés au profit d’un visage plus maternel, plus étayant. Rolland, à cet instant là, ne peut plus occuper cette fonction de double unaire, il a été attaqué, il a réagi et redevient différent. Agnès va jouer le rôle d’étayage après l’échec partiel de Sylvain pour se reforger son enveloppe par le biais du dessin sur sa nuque. En l’occurrence il se peut qu’Agnès ait surdéterminé mon absence pour Sylvain. Cela montre aussi qu’une fois qu’Agnès a rompu la séance, elle casse le lien, Sylvain se réfugie quelque part avec ses traces vers d’autres sujets « acceptables » du groupe.

A la fin de séance, lorsque Agnès propose de suspendre celle-ci, Sylvain recouvre les traces de Francis et Rolland comme s’il cherchait, dans une attitude assez singulière, à créer de nouveaux étayages avec ces deux personnes, Francis témoignant d’une forme de castration et Rolland n’étant plus soumis à la violence mobilisée par Grégoire.

  • Francis :* Au cours de la séance A2, c’est Grégoire qui souffle à Francis où se trouve son dessin. Francis ne pouvait le retrouver lui-même, étant un peu perdu dans l’espace faute de n’avoir conservé la même place que la dernière fois. Ne retrouvant plus immédiatement cet objet familier qui représente ses traces graphiques, il semble qu’un sentiment de dépersonnalisation se soit emparé de lui. Cela renvoie au signifiant formel : mon double me quitte, signifiant formel propre là encore à la phase du double narcissique. Grégoire, qui joue un rôle particulier auprès de lui, prend cette place. Il arrive que Francis se perdent ainsi pour les mêmes raisons mais il a parfois la possibilité de se raccrocher à d’autres dessins, souvent représentatifs et pris à Grégoire. En somme, nous voyons qu’à l’utilisation du graphisme comme partie du double unaire, s’ajoute quelquefois en parade, lorsque celui-ci n’est pas retrouvé, une structure figurative posée par un autre. Le dessin représentatif, structuré, devient ainsi un analogon visuel, passant par le moi visuel (G. Lavallée) venant suturer une défaillance dans les enveloppes psychiques.
  • Recherche de l’élément représentatif pour se poser, se situer

Plus tard, alors que Grégoire dit « on est content de Frédéric », Agnès lui demande pourquoi ? Francis répond à sa place : « parce qu’il fait de la peinture ». Outre ce rapprochement interrogeant entre moi et la peinture, nous percevons ici la poursuite d’une corrélation de subjectivité débutée plus haut, corrélation se jouant dans une rivalité consommée de frères auprès d’un représentant parental.

Ensuite, semblant continuer à chercher l’autre, l’étayage narcissique, il pointe le dessin de Rolland en affirmant qu’il lui appartient. Il parle de moto. Lorsque Agnès lui fait remarquer, en le ramenant sur un principe de réalité, qu’il avait fait de la peinture et non un tracé au feutre, Francis s’interroge sur le mot peinture. Hors le double, en son absence, Francis revient sur ses sentiments diffus, il perd pied, s’égare de nouveau. Il est à noter à ce sujet qu’Agnès occupe parfois cette fonction ; toutefois en pareille occasion, seule en présence du groupe, sa capacité d’attention, avec la fonction d’étayage qu’elle soutient, s’en voit d’autant diminuée.

Par la suite tout se dédouble : Grégoire lui vient donc une nouvelle fois en aide en pointant de nouveau sa peinture, Francis sourit ; Agnès lui propose une nouvelle fois de nous montrer son graphisme mais Francis, manifestement incapable de ça, désigne de nouveau le dessin de Rolland. Il y a bien quelque chose de la confusion et de la dissociation ici. L’accrochage avec Rolland (par le biais du pot de feutres commun) me paraît pour lui moins conflictuel qu’avec Grégoire envers qui une relation parfois de rivalité, admettant des phénomènes plus archaïques, survient.

Lors de la deuxième phase, avec un feutre, il dessine des 69 barrés. Lorsque l’attention ne lui est plus accordée, il commence à parler du Canada, Julie écrit qu’elle avait discuté avec lui avant de commencer la séance et qu’il avait dit aimer ce pays. Lorsque Agnès parle à Grégoire, Francis prononce le nom foot. Les 69 barrés font apparaître une agressivité latente, probablement due à son sentiment de dépersonnalisation, à la perte de ses limites et à l’accrochage sur Rolland. Une autre signification, un peu plus secondarisée, consiste à voir ce tiret comme un effacement de son département d’origine, le 69, il faut savoir que Francis fait la relation entre les deux, il a appris cela : la perte de son département renverrait à celle de son identité, perte momentanée de son enveloppe psychique entraînant la recherche d’un double (celui-ci étant en train de dessiner, il s’éloigne quelque peu de lui). La trace de mon absence serait ainsi camouflée derrière cet ensemble.

  • Utilisation des mots comme des choses pour exprimer des liaisons spatiales, représentation de son corps dans l’espace

Quant au Canada, c’est un des pays qu’il apprit à connaître avec sa mère, du moins sur le plan phonétique puisqu’il ne sait pas où il se situe exactement. Je pense néanmoins qu’il ne méconnaît pas son caractère lointain, plus lointain en tous cas que le 69. Francis est en train d’utiliser des mots comme des choses : il indique ici en temps réel un rapport spatial (rapport d’éloignement entre lui et Agnès). Evoquer le foot lorsque Agnès s’adresse à Grégoire n’est pas neutre non plus : au sein des corrélations de subjectivité, il présente un lien avec Grégoire assez similaire à celui qu’il entretient avec ses frères (propos de la mère) il s’agit de se faire aimer auprès de la mère. Or il est déjà allé voir des matchs de foot à l’OM.

  • Entre ignée, aérien et construction terrienne

Son graphisme, durant tout ce temps, est composé, outre de 69 barrés, de balayages rythmiques, de traces densifiées représentant autant de barrières densifiées et protectrices. Elles recouvrent partiellement les graphismes de Sylvain et de Rolland. L’ensemble, et Agnès le lui fait remarquer, semble être, en orange, un gigantesque incendie. Francis s’est comme embrasé, tel l’élément ignée, il cherche le souffle, l’air pour continuer à s’étendre.

Notes
121.

C’est là une des raisons de travailler en groupe : une identification à la fonction d’attention du thérapeute, peut être réalisée par les autres membres du groupe puis entre eux-mêmes si celle-ci, nous en sommes conscients, s’avère très partielle et plus ou moins projective.

122.

Attrait qui n’empêche pas l’inanimé d’exister. Une attention particulière avait été portée au cours de cette séance à ne pas disposer Sylvain en face de l’angle des murs de la pièce. Cela a eu pour conséquence de le pousser à la création graphique et s’il n’y avait eu cette querelle, on peut penser qu’il eût été plus loin dans ce domaine. Cette emprise de l’inanimé, de la géométrie de l’espace, va dans le sens des allers-retours entre soi et l’extérieur qui servent à la construction du squelette interne et que G. Haag nomme représentants architecturaux et spatiaux.