ANALYSE

Cette séance fait ressortir la position régressive que prend Grégoire par moment, quand il est touché par des phénomènes inter-transférentiels qui se jouent dans le groupe . Je ne pense pas que Grégoire régresse alors, il est plutôt assailli par le retour d’une position psychique antérieure. L’utilisation de la peinture s’avère une nouvelle fois prépondérante.

De façon globale dans cette séance les traces sont abondantes pour tous les membres du groupe lors de la phase de production. D’emblée se pose l’hypothèse d’une forte charge pulsionnelle prenant sa source dans le groupe. La position de Laurent, accroupi devant la table, y est à mon sens pour beaucoup. Je reviendrais sur cette question mais il semble bien qu’il y exerce une fonction particulière. Sa position inconfortable perdurant, il déstabiliserait le groupe, le mettrait en tension, la surabondance des productions manifeste une quantité pulsionnelle considérable. Le flux affectif groupal est important.

Grégoire met du temps à s’installer, le comportement de Laurent dans l’ascenseur ne me semble pas y être pour rien. Un jeu mimétique s’installe aussitôt avec Francis. L’aspect adhésif est là, comme nécessaire. Les réponses de l’un aux questions adressées à l’autre en témoignent. Par la suite, reprenant sa thématique de prédilection, Grégoire projette ses objets internes sur l’espace groupal, évoque les grandes, grosses et petites roues comme autant de bases, de supports à son narcissisme. Autrement dit il retrouve étayage sur les anciennes traces dans lesquelles il projette des pans de son vécu pulsionnel. Mes interprétations sont ensuite essentiellement basées sur un retour sur les éléments hic et nunc. L’effet de ce repositionnement, ce recentrage, ne va pas se faire attendre puisqu’il dira de la peinture de Laurent qu’elle n’est composée que de « couches ». Privé, asséché de sa capacité à secondariser, fût-ce au travers de son délire perpétuel dont les objets du père réinvestissent systématiquement la teneur par effet centripète, il aplatit les choses et ce y compris pour les autres. Un fonctionnement plus opératoire se met en place derrière la réserve hallucinatoire habituellement mises en avant.

L’utilisation de la peinture n’est pas neutre dans ce processus. La peinture exprime quelque chose mais pas avec des représentations-choses, dans un en-deçà de celles-ci. Grégoire n’est pas privé d’énergie pulsionnelle, il l’utilise pour se recomposer sur la feuille, ne parle pratiquement pas. Il semble par là reconstituer des objets internes que j’ai en quelque sorte déconstruis en les calquant sur la scène du réel.