Séance du 16 janvier 2004 (Surdétermination de la scène primitive et implication groupale.)

Manon, stagiaire de maîtrise, est observatrice.

L’ambiance est particulière : Grégoire va voir son père ce week-end, cela fait longtemps que ça ne lui est pas arrivé. De plus les autres membres du groupe vont avoir la visite de leurs parents le soir même. Durant le temps d’accompagnement jusqu’à l’intérieur de l’atelier, Grégoire nous parle des différences sexuelles, il touche la poitrine d’Agnès dans l’ascenseur, dit, devant l’interdiction posée par celle-ci, qu’elle a de gros nénés comme sa maman et qu’en présence de cette dernière il peut les toucher. En pénétrant dans la salle il répète ces propos et ajoute que les papas ont de « gros zizis ». Il s’adresse à moi en soulignant que je suis un papa, que j’ai un zizi comme son papa. Je réponds que tout cela est vrai et que nous en rediscuterons éventuellement autour de la table, une fois assis. Francis sourit pendant ce temps.

Sylvain tourne environ cinq ou six fois autour de la table, il va toucher les objets périphériques présents dans la salle dont les gros ballons gonflables. Par la parole, nous ne parvenons pas à le faire s’installer. Je décide donc de m’asseoir avec les quatre autres mais ce n’est que dés l’instant où Agnès en fera autant qu’il finira par s’asseoir.

Face aux dessins de la dernière séance, Grégoire est le premier à prendre la parole, il montre le cochon de son papa. J’avais en effet dessiné, en fonction du contexte, un mouton et un cochon qu’il avait attribué à son grand-père paternel. Grégoire dit que son père et son grand-père travaillent ensemble. J’associe autour des retrouvailles qu’il va faire ce week-end avec son père, cela permet un rapprochement entre la maman et le papa qu’il a connus dans son enfance. Grégoire dit qu’il travaille avec son papa et les moutons. Il montre ensuite son propre dessin : une voiture qui appartient, une fois n’est pas coutume, à sa maman.

Sylvain se balance pendant ce temps sur la chaise et se tape la main droite avec la gauche d’une façon qui fait penser à Agnès (qui a des rudiments en ce qui concerne le langage des sourds) qu’il nous indique la présence d’une douleur. Grégoire dit qu’il a mal. Puis il nomme les prénoms des sujets autour de la table sauf celui de Sylvain. Ne parvenant pas à s’en souvenir, il dit que ce dernier est son « copain gentil ». Il touche ensuite Laurent qui réagit mal, s’affaisse sur le plan corporel à l’endroit du toucher et clame « laisse tranquille Grégoire ! ». Avec Agnès nous rassurons aussitôt Laurent.

Comme dans ces temps où Grégoire prend toute la place, j’ai du mal à donner la parole à d’autres sujets du groupe. Je propose de parler de la peinture de Sylvain et de revenir sur son mal : est-ce son mal intérieur (il est manifestement enrhumé) ou bien un mal que lui fait le groupe vu l’excitation de certains de ses membres ? Sylvain ne manifeste plus de geste de douleur, il se balance en rythme.

Puis c’est au tour de Rolland, il évoque maman, papa et le père-Noël, nous indique que le père-Noël est parti, il semble pouvoir concevoir que ce thème soit momentanément plus d’actualité. Grégoire empiète à nouveau : il dit « le papa de Grégoire », rajoute que son père est comme le père-Noël.

Vient le tour de Laurent qui désigne et prénomme tous les membres du groupe. Comme je lui demande qui est derrière lui (Manon qui prend des notes), il dit Laurent. Il montre ensuite sa peinture, Grégoire le touche une nouvelle fois, Laurent réagit de nouveau mal. Grégoire rajoute que Sylvain, c’est son copain qui a mal. Je lui signale, voyant qu’il élude nos interdits, que Laurent n’aime pas être touché. Grégoire répond une nouvelle fois par une défausse en lançant que Laurent a oublié de nommer « la fille qui écrit ».

Nous passons à Francis qui dit avoir dessiné un bateau la dernière fois, Grégoire le reprend : il a oublié le petit car. Nous intervenons une nouvelle fois pour laisser la parole à Francis.

Ensuite, juste avant le temps de production, Francis nous surprend un peu en demandant d’emblée de la peinture rouge. Grégoire me regarde et me dit « je t’aime comme mon papa ». Il veut que je porte des moustaches comme son père. Je lui fais remarquer ma différence d’avec son père, lui signale que je ne suis pas son père mais un des animateurs de cet atelier. Il répond qu’avec des moustaches noires, je serais vraiment comme son père.

Rolland dessine des formes allongées comme à son habitude. Sylvain utilise un feutre vert pour faire des formes spiralées. Francis peint des 90. Rolland utilise du marron et dit maman. Sylvain change de couleurs. Grégoire a dessiné une voiture, la Fiat de sa mère. Il fait une boule et une caravane, il dit qu’Agnès et le papa de Agnès ont un frein. Francis, sur ma sollicitation, a fait un car.

Photo où apparaissent des graphismes de Salem
Photo où apparaissent des graphismes de Salem