En premier lieu, le site de Lyon peut être qualifié de contraignant, quoi qu’en lui-même déjà relativement diversifié. En effet, son relief est très dissymétrique avec à l’ouest les monts d’Or et les monts du Lyonnais aux pentes d’accès abruptes, au nord un plateau terminé par la costière des Dombes et à l’est la grande plaine en partie inondable formée des terrasses d’un Rhône au caractère parfois sauvage. Ce fleuve constitue avec la Saône les deux autres éléments importants du site de Lyon, la Saône venant se jeter dans le Rhône au centre de la ville actuelle.
Si les monts de l’ouest ont hébergé la ville à son origine en raison notamment de leurs atouts défensifs, l’est et sa grande plaine vont ensuite accueillir l’extension spatiale contemporaine la plus significative, à tel point que c’est encore aujourd’hui le principal axe de développement de l’agglomération. Entre temps, la ville est descendue de sa colline d’origine pour conquérir la Presqu’île, jusqu’à ce qu’elle réussisse enfin à dompter les deux fleuves qui la bordent. C’est d’ailleurs seulement en 1789 que le confluent fut repoussé d’Ainay à la Mulatière grâce aux travaux de l’ingénieur Perrache achevés après sa mort. Cette date marque l’avènement de la Presqu’île dans ses limites spatiales actuelles mais également le début d’une véritable mise en valeur de la rive gauche du Rhône, qui transforma de vastes plaines agricoles inondables en implantations idéales pour les usines et les logements de la Révolution Industrielle. L’urbanisation s’est alors poursuivie en dessinant des couronnes successives correspondant aux différentes phases d’expansion de l’agglomération. Elle a ainsi longtemps suivi un modèle radioconcentrique, assurant la diffusion de la croissance urbaine autour de la commune centrale, même si c’est en faisant quantitativement prévaloir un développement vers l’est (figure 1).
Du point de vue des transports, si les vastes plaines de la rive gauche du Rhône et de l’Est lyonnais se sont avérées idéales pour les infrastructures modernes, car sans contraintes particulières, les collines et les fleuves furent autant d’obstacles qu’il fallut franchir au moyen de tunnels et de ponts. Jusqu’à aujourd’hui, trois tunnels furent notamment percés dans l’espoir de permettre un meilleur transit des automobiles à travers la zone dense. Le relief de l’agglomération lyonnaise a ainsi suscité de fortes contraintes pour l’organisation des déplacements et sa dissymétrie s’est trouvée à l’origine d’un développement spatial marqué, selon l’expression d’Alain Bieber, « par une anisotropie importante » 162 .
Source : M. BONNEVILLE, Lyon. Métropole régionale ou euro-cité ?
cité in C. MONTES, 1992, op.cit., p.12.