1.2. Quelle mobilité urbaine dans les trois agglomérations ?

Outre ses structures et ses organisations, « la compréhension d’un espace passe nécessairement par l’analyse des flux et des réseaux dont il est le support » 211 . Cette connaissance apparaît d’ailleurs aujourd’hui de plus en plus essentielle, dans la mesure où « il faut se représenter, et accepter, que la mobilité et la circulation ont saisi nos vies » 212  : en fait, selon Jean Viard, « la circulation n’est plus le complément de la sédentarité, elle a pris sa place comme fondement de notre être au monde. Et cela change tout. » 213 Même si elle demeure une réalité humaine intemporelle, la mobilité connaît il est vrai depuis plus d’un siècle de nouvelles expressions et, ce faisant, revêt une nouvelle importance. D’où les débats souvent passionnés qui entourent cette question. « Depuis quelques années, la mobilité n’apparaît plus comme un système de valeur consensuel et univoque mais comme le support de discours contrastés, souvent contradictoires, comme si différentes visions de l’avenir de la société s’affrontaient à son propos. A une valeur de progrès économique et social traditionnellement attachée à la notion de mobilité, s’ajoute ainsi une vision de la mobilité comme source de dysfonctionnement, de déséquilibre social, de pollution et de dégradation de l’environnement. » 214 Nous nous efforcerons pour notre part de ne pas accoler de valeur, positive ou négative, à la mobilité au sein de l’espace urbain et d’étudier pour l’instant de quelle manière elle s’exprime sur nos trois terrains d’étude.

Pour cela, circonscrivons simplement quelle mobilité nous intéresse. Nous nous attacherons en effet exclusivement aux déplacements physiques de personnes effectués dans l’espace urbain. Car, si le transport de marchandises par exemple constitue un élément essentiel au fonctionnement des villes, il représente également un sujet à part entière que nous ne traiterons pas dans cette thèse. Notre intérêt se portera en revanche sur les pratiques modales de déplacements des ménages et des individus dans les organisations urbaines proposées à Lyon, Lille et Stuttgart. Au passage, ce panorama général sera une première occasion d’essayer de voir si les structurations urbaines précédemment mises en évidence coïncident avec certaines spécificités en matière de mobilité.

Notes
211.

P. BAUD, S. BOURGEAT, C. BRAS, Dictionnaire de géographie, Paris, Hatier, 1995, p.380.

212.

J. VIARD, La société d'archipel ou les territoires du village global, Editions de l’Aube, 1994, p.31.

213.

ibid., p.42.

214.

PLAN URBANISME CONSTRUCTION ARCHITECTURE, Mobilités et territoires urbains, Consultation de recherche, Mars 2000, p.7.