« Avant d’être perception, le territoire est peut être construction ; mais la perception elle-même ? » 322
Jusqu’à présent, tout en définissant progressivement les contours de notre approche des comportements automobiles, nous avons évité d’introduire le rôle et l’importance de l’espace, tant ils méritaient à notre sens d’être étudiés de manière plus spécifique. Pour cela, il convient de s’appuyer sur un corpus théorique sensiblement enrichi tout en restant cohérent.
Nous avons souligné les surdéterminations qui s’imposaient à l’individu-automobiliste en tant que tel et nous avons tenté d’identifier les valeurs auxquelles il adhérait implicitement, tout en n’oubliant pas ce qu’il pouvait y avoir de contradictoire entre le fait de partager, en tant qu’automobilistes, un certain nombre de représentations et de comportements communs et la difficulté à constituer un groupe homogène et autonome. Si on intègre à présent une réflexion spatiale à ces premiers enseignements, se pose alors d’elle-même la question de l’existence d’un territoire propre aux usagers de la voiture particulière. Car, pour que ce territoire existe et puisse être appréhendé, il semble impératif que ce groupe possède un minimum de cohésion. Pour en juger, nous partirons d’une réflexion sur les individus pour arriver au groupe, en interrogeant cette fois-ci les représentations et les pratiques spatiales des automobilistes. Nous tenterons ainsi de définir un type d’appropriation de l’espace qui leur soit propre et finalement une forme de territorialité qui leur soit spécifique.
M. RONCAYOLO, op.cit., p.183.