Troisième Partie – Le territoire de l’automobile contestée

Lyon : « Le nouveau partage de la voirie et la requalification des espaces publics le long du tracé du tramway »
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Lille: « Le mail de Lannoy réinvesti par Mac Arthur Glen au centre de Roubaix »
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Stuttgart : « L’aménagement apaisé d’un quartier résidentiel péricentral »
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Même s’il reste inscrit dans une même organisation urbaine et qu’il produit une homogénéité de fonctionnement globale, nous avons considéré que le territoire urbain de l’automobile véhiculait une hétérogénéité liée à des pressions et à des aménagements spécifiques portant sur des espaces différenciés. Ce postulat, initiateur d’une double logique territoriale, nous amène à présent à nous intéresser à la problématique de l’automobile-contestée. Pour l’essentiel, cette logique territoriale semble répondre – du moins pour l’instant – à une dialectique du mal nécessaire : si elle s’oppose à l’hégémonie automobile en pointant du doigt ses effets les plus néfastes, elle ne renonce quasiment jamais à assurer une desserte automobile des espaces urbains concernés par cette "contestation" ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle demeure partie prenante du processus territorial pris dans sa globalité. Cette troisième et dernière partie entend donc proposer un éclairage sur les moyens mis en œuvre afin de limiter, de restreindre ou de réguler la place de l’automobile dans l’espace urbain, et sur les enjeux de telles politiques.

Dans un premier temps, il s’agira de montrer de quelle manière la logique territoriale de l’automobile-contestée, après s’être attachée à adapter la ville à ce moyen de transport, a finalement intégré, contrairement à la perspective monomodale attachée au territoire de l’automobile-reine, une réflexion globale sur les déplacements, dévoilant ainsi des espaces et des intérêts spécifiques dans le champ urbain (chapitre 7). Puis, nous nous évertuerons à mettre en évidence l’importance toute particulière d’une dimension spécifique de ce territoire, liée au stationnement, qui mérite à notre sens d’être distinguée tant son poids stratégique en fait un levier à la fois sensible et puissant au sein des politiques de déplacements comme des politiques urbaines (chapitre 8). Il nous restera alors à estimer dans quelle mesure l’automobile, à travers les enjeux dont elle est porteuse et les solutions techniques ou politiques de limitation de son influence qui se font jour, continue aujourd'hui à se placer au cœur de l’avenir d’un champ urbain traversé par des dynamiques territoriales puissantes(chapitre 9). Sachant que ces développements ont tous pour ambition de répondre à une interrogation fondamentale : la logique territoriale de l’automobile-contestée participe-t-elle d’une résistance porteuse d’une logique alternative – porteuse d’hérésie, selon la terminologie de Pierre Bourdieu – et chargée de perspectives d’avenir, ou davantage d’une survivance dont la dimension symbolique, faute d’autre chose, tend à être exacerbée ?