Chapitre 7. La multimodalité préservée des espaces du territoire de l’automobile-contestée

Alors qu’il s’agit d’évoquer la logique territoriale de l’automobile-contestée, la ligne de fracture fondamentale avec l’automobile-reine ne nous apparaît pas d’abord politique, économique ou sociale, mais bel et bien spatiale. En effet, ce processus territorial ne semble pas tant se distinguer a priori par les structures politiques qui le sous-tendent ou par les forces sociétales qu’il mobilise, que par les caractéristiques des espaces urbains auxquels il se trouve confronté et qui contribuent largement à son originalité. Encore une fois, il s’agit donc, dans un premier temps, de donner à voir dans quelle mesure et par quels biais le cadre spatial influe sur les conditions de jeu au sein du champ urbain, ce qui suppose simultanément de définir ici quels sont les espaces qui s’inscrivent dans le territoire de l’automobile-contestée.

Ces espaces, on va le voir, ce sont d’abord des espaces qui ont connu une adaptation incomplète à la voiture particulière, en raison des résistances à la production d’un territoire pour l’automobile et en l’absence d’affirmation suffisante d’une dynamique territoriale endogène.

Ce sont ensuite des espaces qui, eu égard aux opportunités qu’ils offraient et devant les limites évidentes d’une approche monomodale, sont parvenus à être porteurs d’enjeux poussant à la préservation ou au développement d’offres alternatives à l’automobile au sein du champ des déplacements urbains, ces orientations en matière d’organisation de la mobilité tendant alors à se confondre avec l’affirmation d’une certaine spécificité urbaine.