Comparées aux transports collectifs, il est indéniable que les performances de l’automobile se révèlent faibles en termes de rapport entre capacité de transport et occupation de l’espace et donc en termes d’accès aux zones de concentration des flux. En fait, au sein de l’espace urbain et du seul point de vue d’une gestion efficace des déplacements, « les principes de base sont simples : là où l’espace est la denrée la plus rare, il s’agit d’accorder la priorité aux modes qui "tiennent le moins de place". Là où l’échange social est potentiellement le plus intense, il faut aussi accorder la priorité aux modes les moins nuisants. Comme la vie est bien faite, il se trouve que ce sont à peu près les mêmes : piétons, deux-roues légers, transports publics. » 1138 Néanmoins, les politiques d’aménagement, confrontées à l’avènement du territoire de l’automobile et à des dynamiques socio-spatiales faisant fi de ces principes, ont longtemps négligé ces modes, et notamment les modes dits doux – marche à pied, vélo… etc.
Pourtant, devant l’évidence que la ville ne saurait être parcourue que par des automobiles – dont les usagers eux-mêmes ne sont d’ailleurs automobilistes que temporairement –, la nécessité de leur prise en compte s’est imposée. Elle s’est d’abord traduite par l’aménagement de territoires spécialisés, avant que peu à peu des solutions fondées sur le partage de l’espace de voirie ne soient développées, avec l’espoir de parvenir enfin à organiser une cohabitation harmonieuse entre les différents modes de déplacements urbains.
J.P. ORFEUIL, 1994, op.cit., p.75.