Avec le plan Presqu’île, une nouvelle tentative d’organisation du stationnement pour tous

En en faisant un de ses chevaux de bataille – électorale –, Michel Noir va donner un nouvel élan à la politique lyonnaise de stationnement. Durant sa campagne, le candidat à la mairie promet la création de 10.000 nouvelles places de stationnement. Élu, le nouveau maire de Lyon et président de la communauté urbaine développe un programme ambitieux de construction de parcs, qu’il prend toutefois soin d’associer à un projet de réaménagement des espaces publics supposant une réorganisation partielle du stationnement sur voirie. Le "plan Presqu’île" représente la quintessence et l’épicentre stratégiques de cette politique. Ce vaste projet de réaménagement du cœur de la cité admet qu’« une des clés de l’avenir du centre Presqu’île et du maintien de sa diversité est la mise en place d’une politique de stationnement qui réponde à une demande diversifiée et qui permette de "désencombrer" l’espace public. » 1438 Il prévoit donc de développer « une offre de parkings souterrains qui permettent à la fois de répondre aux besoins de l’ensemble des fonctions du centre Presqu’île (particulièrement pour les demandes de moyenne et longue durée) et de supprimer au fur et à mesure de l’ouverture des parkings, une partie du stationnement de surface, pour autoriser un réaménagement conséquent de l’espace public. » 1439 Parallèlement, il envisage la mise en œuvre d’« une gestion nouvelle du stationnement de surface pour réaliser une offre de stationnement avec forte rotation pour les demandes de courte durée. » 1440 C’est ainsi qu’appuyée par une savante ambiguïté du discours, l’entrée dans les années 90 s’effectue en produisant les conditions d’une nouvelle dynamique territoriale favorable à l’automobile et finalement porteuse d’une ambition qui ne se démarque de sa devancière que par quelques nuances et quelques effets d’annonce.

En premier lieu, la nouvelle assemblée communautaire, pressée de rattraper « le grand retard qu’avait l’agglomération en matière de parkings » 1441 , entreprend de doter la ville-centre de huit nouveaux parcs de stationnement. 1442 Pour cela, elle fait naturellement appel à Lyon Parc Auto, qui se trouve chargée de la réalisation des huit ouvrages composant un lot que la collectivité a voulu unique et indissociable. Si un tel investissement – 670 millions de francs au total (102 millions d’euros) – peut alors être confié à la SEM communautaire, c’est que celle-ci, ménagée durant la mandature précédente, présente un équilibre financier consolidé et des réserves reconstituées. 1443 Grâce à la « situation financière favorable » 1444 de son concessionnaire attitré, le nouvel exécutif du Grand Lyon va donc pouvoir offrir, en l’espace d’un seul mandat, plus de 5.000 nouvelles places de stationnement en ouvrage aux usagers de l’espace lyonnais.

Au-delà de cette augmentation significative de l’offre dans la ville-centre, la concession globale des parcs à construire à la société d’économie mixte locale établit bien la maîtrise stratégique que la collectivité entend conserver sur chaque réalisation particulière. Cette procédure permet notamment aux institutions publiques de s’affranchir quelque peu de critères de décision strictement économiques. Ce faisant, elle introduit des marges de manœuvre qui, autant que l’on puisse s’en faire le juge, suscitent le pire comme le meilleur. Ainsi, deux ans après l’achèvement du programme, les huit nouveaux parcs centraux de l’ère Noir présentent des résultats d’exploitation extrêmement disparates puisque leur chiffre d’affaires oscille entre 2.000 et 17.000 francs (300 et 2.600 euros) par an et par place selon les ouvrages. 1445 Le grand écart de ces données comptables laisse entrevoir l’infortune de certaines réalisations qui ne rencontrent pas leur clientèle et tendent à cumuler déboires commerciaux et carence d’utilité sociale. C’est le cas par exemple du parc Nouveau Palais de Justice, conçu comme le complément obligé de cet équipement judiciaire et qui n’a pas su affirmer sa fonction de parc public au-delà, à l’échelle du quartier : aujourd'hui encore, la considérable sous-utilisation de ses 773 places, pour lesquelles du reste « aucune étude de faisabilité n’a été demandée » 1446 , n’offre d’autre perspective que d’attendre des évolutions sur la voirie environnante et notamment un renforcement de la surveillance du stationnement – résolution récurrente depuis l’ouverture du parc en 1995 mais restée lettre morte jusqu’à présent – pour espérer être réduite de manière significative. 1447 Par ailleurs, « certains études de faisabilité, comme celles réalisées pour les parcs Berthelot et Croix-Rousse, laissaient clairement entrevoir, sur la base d’enquête de marchés, une demande nettement inférieure au nombre de places réalisées » 1448 . Ces difficultés prévisibles mais négligées donnent en fait à voir des choix programmatiques éminemment politiques : dans le sens sans doute le moins noble du terme pour le parc Berthelot, dont on peut dire qu’il est avant tout le fruit d’un caprice d’élu, celui du maire du 7ème arrondissement qui voulait à tout prix avoir lui aussi "son" parc dans un secteur où le stationnement ne posait pourtant pas de problèmes insurmontables 1449  ; dans un sens plus proche de la notion de service public en ce qui concerne le parc Croix-Rousse, implanté au cœur du plateau – dans un quartier où la saturation de la voirie est permanente, les places privées peu nombreuses et la demande de stationnement des résidents forte – et qui, après des débuts très difficiles, a enregistré une progression de sa fréquentation régulière mais impuissante à assurer sa rentabilité. 1450 Certes, tous les parcs construits sous la mandature de Michel Noir ne connaissent pas de semblables embarras. 1451 De plus, il n’y a en soi rien de malvenu à ce qu’un équipement public s’affranchisse d’une stricte soumission à des critères de rentabilité économique, bien au contraire. Simplement, un minimum à attendre de tels investissements est sans doute qu’ils satisfassent à certaines exigences d’efficience, comme de répondre à une demande sociale véritable.

Les parcs de la Presqu’île forment, quant à eux, un ensemble homogène et quelque peu à part dans cette politique. D’abord parce que les édiles ont souhaité associer leur construction à un plan de réaménagement plus général de cet espace : les parcs Bourse, République, Célestins et Terreaux ont ainsi pris possession des sous-sols des principales places publiques de la Presqu’île, tandis que celles-ci étaient entièrement réorganisées au titre d’une politique de requalification des espaces publics. Mais aussi parce que ces quatre ouvrages revêtent indéniablement une dimension stratégique supérieure à celle qui prévaut pour les parcs construits dans les autres quartiers lyonnais sous l’impulsion de Michel Noir. En effet, il s’agit ici d’offrir aux automobilistes 2.500 nouvelles places de stationnement 1452 regroupées dans l’espace de l’agglomération le mieux desservi par les transports collectifs. L’époque de Louis Pradel étant cependant révolue, l’affichage politique de cette mesure entretient une savante ambiguïté quant à sa vocation. Présentées comme des parcs de protection de l’hypercentre, ces réalisations donnent lieu à une vaste campagne de communication du chef de l’exécutif local, qui cherche à se construire une image d’ardent promoteur des transports collectifs. Les principes généraux de l’argumentation de Michel Noir apparaissent dans ces propos dont il est l’auteur : « je ne manque jamais une occasion de dire, dans mes propos publics, que nous avons choisi une stratégie en faveur des transports en commun et au détriment de la voiture, que le tiers de ce que nous appelons la Presqu’île sera rendu aux piétons, que nous y ferons tomber la capacité de certaines voiries de 1.100 véhicules par heure à 100 et que nous stockerons les voitures dans les parkings. (…) En installant des parkings en périphérie de la Presqu’île, je suis cohérent avec cette politique, car, lorsque les automobilistes garent leur véhicule, ils ne s’en servent pas. » 1453 Sauf que cette immobilisation temporaire ne peut s’inscrire dans une réduction de l’usage de l’automobile que si elle est le fait de résidents et non lorsqu’elle figure un point d’ancrage pour d’autres migrants attirés par ce surcroît de stationnement mis à leur disposition. Or, un des objectifs principaux des collectivités locales, à travers le plan Presqu’île, est de renouveler leur soutien à l’activité commerciale et économique du centre et cette visée a largement motivé la construction de « ces parkings qui visent à renforcer l’accessibilité et l’attractivité du centre » 1454 . Finalement, ce nouveau signe de bienvenue 1455 adressé aux automobilistes de l’agglomération – et de la région – ne différencie en rien Lyon d’autres « exemples de "mauvaises pratiques" illustrés par des villes qui ont beaucoup investi pour développer et améliorer l’offre de transport public sans pour cela réduire la congestion automobile et son cortège de nuisances, car dans le même temps elles construisaient, ou autorisaient la construction, de nouveaux parcs publics en centre-ville. » 1456 Dans ces conditions, la protection que les parcs de la Presqu’île sont censés assurer à l’hypercentre vis-à-vis de l’automobile demeure des plus restreintes : la facilité d’accès de ces ouvrages à partir des quais doit conduire à limiter la pénétration des voitures dans la Presqu’île, où navette publique 1457 et cheminements piétonniers peuvent ensuite prendre le relais du trajet automobile initial ; cette "protection" n’inclut pas de mesures d’interdiction du trafic ou même du transit automobile ; en revanche, elle s’appuie sur un réaménagement de l’espace public qui passe par un remaniement de l’organisation du stationnement de surface. Au-delà de leur participation à la persistance du règne de l’automobile dans le centre-ville, les parcs de la Presqu’île se présentent donc comme le levier d’une action visant à gommer certaines pratiques de stationnement ayant cours sur voirie. C’est d’ailleurs un des principaux mérites de cette politique que d’œuvrer au renforcement de la connexion et de la cohérence entre ces deux volets du stationnement public urbain.

En fait, dans le centre Presqu’île – et dans le centre Presqu’île uniquement –, l’ambition initiale d’accroître l’offre globale de stationnement grâce à la construction de nouveaux parcs a été légèrement amendée au profit d’un projet de substitution partielle de ces places supplémentaires aux emplacements de surface. C’est là un des apports de la réflexion engagée dans le cadre du plan Presqu’île, qui retient finalement que « le réaménagement des espaces publics de la Presqu’île suppose, au préalable, une suppression ou tout au moins une diminution du nombre de véhicules sur le domaine public » 1458 . Dans cette optique et « en matière de phasage, le mise en œuvre des parkings [doit jouer] un rôle prépondérant, par la diminution consécutive du stationnement sur voirie » 1459 . S’il en est effectivement bien ainsi, cette diminution ne reste pas moins peu spectaculaire et n’est surtout en rien proportionnelle au nombre de places en ouvrage mises sur le marché. Seuls quelques 800 emplacements sont directement supprimés, dont 200 sur les places publiques réaménagées pour l’essentiel à l’occasion de la construction des parcs souterrains et 600 dans les rues touchées par la mise en place d’un nouveau plan de circulation. Pour le reste, la diminution du stationnement sur voirie procède essentiellement d’une volonté de réduction des pratiques illicites. Une estimation des services municipaux 1460 fait alors état de près de 3.000 places conquises en toute illégalité sur les espaces publics de la Presqu’île par les automobilistes. Pour offrir à son centre des espaces publics de qualité, protégés des intrusions ou des excès de l’automobile, la municipalité lyonnaise intensifie donc son engagement dans la lutte contre le stationnement interdit. Elle entreprend d’abord, avec l’appui financier de la communauté urbaine, de développer des aménagements permettant de préserver l’intégrité des espaces piétons. Les trottoirs, dont la vocation première est pourtant déjà de protéger le piéton, sont dotés de moyens de protection physique supplémentaires. De la borne au potelet en passant par la barrière, toute une gamme de mobilier urbain gagne ainsi le centre-ville, avant de s’étendre à d’autres espaces de l’agglomération. 1461 Le second axe de l’action municipale réside dans un renforcement de l’arsenal répressif. A l’augmentation continue des effectifs de la police du stationnement 1462 s’ajoute une réorganisation de la fourrière, soumise à de nouvelles exigences de fonctionnement et d’efficacité. La concession de cette activité à VIA-GTI en juin 1993 provoque des retombées immédiates. En imposant une présence plus dissuasive, grâce à des horaires de fonctionnement étendus, et en doublant très rapidement le nombre d’enlèvements effectués 1463 , la fourrière "nouvelle formule" concourt à réintroduire pour un temps une certaine discipline dans les rues de la Presqu’île, notamment en soirée. 1464

Mais la lutte engagée contre le stationnement illicite a d’autres justifications que la requalification des espaces publics. Elle est notamment indissociable de l’entrée en fonction des nouveaux parcs de stationnement, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, parce que cette lutte reste soumise, quoi qu’on en dise, à la nécessité d’offrir une alternative aux éventuels contrevenants, qui demeurent avant toute chose des usagers de l’espace central que l’on ne souhaite pas voir disparaître. Aux yeux des élus et des techniciens locaux, les parcs apparaissent comme la destination naturelle de ces usagers "indisciplinés" : plus particulièrement visés, les clients des commerces nocturnes peuvent ainsi bénéficier de la mise en place d’un forfait attractif à 10 francs (1,52 euros) la nuit. 1465 Ensuite, parce qu’une répression plus efficace constitue tout simplement un des facteurs permettant d’assurer le succès des nouveaux ouvrages ainsi que leur rentabilité, soucis partagés par la collectivité et par son concessionnaire. En effet, pour remplir un parc, le manque d’emplacements disponibles dans le secteur concerné ne suffit pas. Il importe également, pour ces ouvrages où usage rime nécessairement avec paiement, que le stationnement sur la voirie environnante soit payant et que la surveillance en soit efficace. Il est donc d’usage de considérer le renforcement de l’arsenal répressif comme un élément d’accompagnement essentiel de la construction de parcs de stationnement urbain.

Au final, ce qui donne toute sa cohérence et sa logique à l’action menée par la municipalité noiriste tient à la répartition des usages du stationnement qu’elle entend promouvoir entre parcs et voirie : aux premiers, le soin d’accueillir les véhicules dont l’immobilisation est potentiellement la plus longue et, à la seconde, la charge d’organiser le stationnement de courte voire de très courte durée. L’accomplissement de ces visées imposant la mise en place d’une politique tarifaire adaptée, deux augmentations consécutives – en 1992 et 1993 – vont ainsi assurer, dans la Presqu’île, un coût ostensiblement supérieur à l’heure de stationnement sur voirie par rapport aux tarifs pratiqués dans les parcs, qui demeurent inchangés : en 1993, le prix horaire du stationnement passe à 10 francs (1,52 euros) dans la zone orange, contre 6 francs (0,91 euros) pour les nouveaux ouvrages de la Presqu’île. Les différentes zones tarifaires de surface se caractérisent aussi par l’existence de durées maximales de stationnement : deux heures pour la zone orange 1466 , trois heures pour la zone normale à 6,50 francs (0,99 euros) de l’heure, tandis que la zone longue durée et ses 2,50 francs (0,38 euros) de l’heure n’imposent aucune limite de temps. Compte tenu de la localisation et de l’étendue somme toute limitée de ces zones de stationnement payant, la vocation rotative de la voirie s’exprime avant tout dans la Presqu’île où, combinée avec une offre en parc fortement développée, elle est censée favoriser la recherche d’un équilibre entre offre et demande de stationnement mais où elle contribue aussi à encourager « l’usage de l’automobile pour les déplacements personnels » 1467 . En fin de compte, en tentant une nouvelle fois de réduire l’écart existant entre l’offre publique et une demande extrêmement élastique, cette politique s’enferre inévitablement dans la recherche d’un équilibre introuvable. Dès que les parcs de la Presqu’île ne parviennent plus à absorber la demande supplémentaire que leur construction a contribué à générer, les principes initialement défendus dans le cœur de l’hypercentre lyonnais sont quelque peu battus en brèche, laissant notamment poindre une tolérance accrue face à des pratiques de stationnement illicite en net regain.

Peut-on alors estimer que cette politique incarne à Lyon l’un des derniers soubresauts d’un mythe tenace lié à l’automobile-reine, celui du stationnement pour tous, dont une ultime tentative de matérialisation aurait finalement initié la fin ? Il n’est en effet pas interdit de penser qu’en ciblant davantage ses priorités et en se montrant plus sélective, la régulation publique gagnerait en efficacité ce qu’elle perdrait en illusions, en matière de politique des déplacements comme de politique urbaine. Du reste, les efforts de rationalisation de l’organisation du stationnement, entrepris avec le plan Presqu’île et revenant à distinguer les usages pour améliorer la réponse de l’offre à chacun d’entre eux, tendent à dessiner l’amorce d’une politique plus ciblée. Avec la résurgence des manifestations de saturation, l’intérêt de passer d’une simple différenciation à un écrémage des usages et des usagers n’en devient que plus évident.

Notes
1438.

Agence d’Urbanisme de la COURLY, COURLY, Ville de Lyon, Le plan du centre Presqu’île de l’agglomération lyonnaise, 1991, p.15.

1439.

ibid.

1440.

ibid., p.15.

1441.

M. NOIR, "A propos du financement des transports urbains : il faut frapper vite et fort", interview in Transport Public, décembre 1992, p.32.

1442.

A cette occasion, le Grand Lyon se réapproprie sa compétence en matière de création et de gestion de parcs de stationnement (sauf pour le parc Berthelot qui est construit sur des terrains communaux et qui bénéficie d’un bail emphytéotique avec la Ville de Lyon). Compte tenu des pratiques et des réalisations antérieures, il en résulte une coexistence de deux autorités déléguantes qui amènera la Chambre Régionale des Comptes à demander « qu’entre la ville de Lyon et la Communauté Urbaine de Lyon, soient clarifiées leurs relations interactives liées à la dualité de fait de leurs compétences » et à estimer plus particulièrement que « la Ville de Lyon ne saurait valablement continuer d’assurer, fût ce par délégation à LPA, l’exploitation des parcs Berthelot, Halle, Rozier et Cordeliers » (in Relevé d’observations définitives relatives à la gestion de la société Lyon Parc Auto, novembre 1998, p.6). En 1999, LPA affirmait travailler à la mise en conformité des contrats concernés.

1443.

Le processus de consolidation, entamé après la période de construction intensive du début des années 70, permet en effet à LPA de redevenir durablement bénéficiaire à partir de 1985. En 1988, son résultat net atteint les 17 millions de francs (2,6 millions d’euros), son capital est porté à 8 millions (1,22 millions d’euros) et une "cagnotte" de 100 millions (15,24 millions d’euros) se trouve à la disposition de la collectivité en vue de nouvelles réalisations. Outre l’utilisation de cette "cagnotte", LPA va financer les 670 millions (102 millions d’euros) d’investissement nécessaires à la construction des parcs de l’ère Noir par emprunts – à hauteur de 315 millions (48 millions d’euros) –, grâce aux amodiations (ventes de places de stationnement pour une durée de 60 ans) – pour 70 millions (10,67 millions d’euros) – et grâce à l’autofinancement généré par le fonctionnement de la SEM – pour le reste de la somme.

1444.

Chambre Régionale des Comptes, Rapport de J. Antuna sur la gestion de la société pour la réalisation et la gestion d’équipement Lyon Parc Auto – Exercices 1986-1990, avril 1992, p.4. L’auteur de ce rapport estime prudemment que « le financement des nouveaux parcs de stationnement s’avère délicat, mais [que] l’entreprise peut être considérée comme un outil généralement efficace. »

1445.

Or on peut estimer que, pour le stationnement en ouvrage, les charges d’investissement hors taxes atteignent grossièrement 3.000 francs (460 euros) par place et par an – dans l’hypothèse d’un coût moyen par place de 90.000 francs (13.720 euros) et d’un amortissement sur 30 ans –, auxquels il convient d’ajouter 1.000 francs (150 euros) de dépense moyenne de gros entretien, tandis que les charges d’exploitation hors taxes (maintenance, entretien, nettoyage…) sont estimées à environ 3.600 francs (550 euros) par place et par an ; ce qui donne approximativement des charges totales hors taxes, quasi incompressibles, de 7.600 francs (1.160 euros) par an et par place.

1446.

Chambre Régionale des Comptes, 1998, op.cit., p.9.

1447.

En attendant et à titre d’anecdote – mais l’anecdote est révélatrice de ce que l’importance de la sous-utilisation d’un tel équipement peut susciter comme idée d’usage marginal pour le moins inattendue –, il nous paraît amusant de rapporter cette proposition qui nous fut faite il y a quelques années par un policier (ou en tout cas par un individu se présentant comme tel) rencontré dans un café dont il était apparemment un client fidèle et assidu : elle consistait à s’associer pour organiser, le soir, de lucratives parties de "paint ball" (jeu de combat avec des pistolets à billes de peinture) aux derniers niveaux désespérément déserts de ce parc de stationnement. Récemment, le parc a été rebaptisé Bonnel-Servient pour bien montrer aux usagers qu’il ne s’agissait pas d’un ouvrage privé, réservé au fonctionnement du palais de justice.

1448.

Chambre Régionale des Comptes, 1998, op.cit., p.9.

1449.

Le maire d’arrondissement de l’époque, qui comptait parmi les fidèles de Michel Noir, obtient toutefois cette faveur du président de la communauté urbaine. Depuis sa mise en service et en dépit de la proximité du Centre d’histoire de la résistance et de la déportation et des salles de cinéma de l’UGC-Comédia, la clientèle horaire est restée rare dans ce parc aérien de 365 places (parmi les parcs de LPA, il présente d’ailleurs depuis toujours et encore aujourd'hui le plus faible taux de passage de clients horaires par place offerte). De plus, cet ouvrage n’est pas très bien situé pour attirer les résidents, puisqu’il est séparé de l’essentiel de l’habitat ancien par l’avenue Berthelot et qu’une partie de sa zone d’influence couvre les espaces ferroviaires. Pour réduire ses frais de fonctionnement, le parc ferme donc le soir, le week-end et durant le mois d’août, périodes durant lesquelles il devient alors uniquement accessible aux abonnés. Enfin en 2000, sur les 13 demi-niveaux que compte l’ouvrage, seule la moitié était équipée de caméras ; l’autre moitié étant inoccupée, un tel équipement y était en effet inutile.

1450.

Ce parc de 343 places, ouvert en 1994, peine immédiatement à trouver sa clientèle et ne franchit qu’avec peine la barre des 100 occupants au début de son exploitation, alors que la voirie du plateau de la Croix-Rousse est occupée 24 heures sur 24 à plus de 100% et que les capacités de stationnement dans les immeubles d’habitation sont très loin de répondre aux besoins des résidents. Peu à peu, ces derniers vont néanmoins se résoudre à utiliser davantage cet ouvrage : en 1997, alors que le poids de la clientèle de passage reste infime, les abonnements et les amodiations (des résidents pour l’essentiel) permettent de remplir le parc à environ 50% de sa capacité. Par la suite, les restrictions d’usage de la voirie et du stationnement gratuit engagées dans le quartier, ainsi qu’un certain renforcement de la surveillance, contribuent à soutenir la progression de la fréquentation du parc Croix-Rousse, que ce soit par les horaires et les abonnés. Aujourd'hui, il n’est d’ailleurs plus possible de souscrire un abonnement permanent dans ce parc : à 53 euros (350 francs) par mois, la formule a réussi à attirer les résidents du quartier sans permettre pour autant, compte tenu de sa modicité, d’assurer la rentabilité de l’ouvrage.

1451.

Outre les ouvrages de la Presqu’île, le parc Gare Part-Dieu affiche ainsi une belle santé. La saturation rapide de ses 1.090 ont même obligé LPA à envisager son agrandissement et à investir finalement dans la réalisation de 600 places supplémentaires en 2000, cinq ans après sa mise en service.

1452.

560 places ouvertes en 1992 dans le parc Bourse (qui présente la particularité d’être exclusivement destiné à une clientèle d’abonnés), 860 places dans le parc République achevé en 1993, 422 places dans le parc Célestins inauguré en 1994 et 730 places dans le parc Terreaux également mis en service en 1994. Ces emplacements viennent s’ajouter à ceux des parcs construits au cours des mandatures précédentes, pour porter l’offre de stationnement public en ouvrage à près de 10.000 places dans ou aux abords de la Presqu’île.

1453.

M. NOIR, "L’usage de la voiture individuelle est devenu irrationnel", interview in Le Monde, 8-9 septembre 1991.

1454.

in C’est 9 à Lyon, Revue municipale de Lyon n°47, août 1993, p.8. D’ailleurs, la grande majorité des commerçants de la Presqu’île ont parfaitement compris les profits qu’ils pouvaient retirer d’une telle politique et ont plutôt bien accepté la gêne occasionnée par les travaux sur leur activité, dès lors qu’ils savaient que la mise à disposition d’importantes capacités de stationnement pour leurs futurs clients viendrait récompenser leur patience.

1455.

des plus explicites, même s’il coïncide avec l’ouverture d’une nouvelle ligne de métro améliorant encore la desserte de l’hypercentre par les transports publics.

1456.

J. VIVIER, op.cit., p.12.

1457.

la navette Presqu’île, à laquelle les clients des parcs peuvent accéder gratuitement sur présentation de leur ticket de stationnement (ce dernier permet d’obtenir un Pass’Presqu’île donnant droit à un aller-retour gratuit).

1458.

Agence d’Urbanisme de la COURLY, COURLY, Ville de Lyon, Quel projet pour le centre Presqu’île ? Eléments de débat, 1990, p.43. Pour cela, une proposition optimiste considère que l’augmentation des capacités de stationnement en parc peut déjà induire, de manière quasi-automatique, une certaine fluidification de la circulation, en réduisant le trafic lié à la recherche d’une place.D’après Barem et Kenter, « 20 à 30% de la circulation sont [ainsi] constitués d’individus à la recherche d’un emplacement » (in Y. Crozet et al., op.cit., p.63). Les études de trafic lyonnaises, quant à elles, ne confirment à l’époque de tels chiffres que dans certaines rues du centre à l’heure de pointe du soir. Quoi qu’il en soit, une telle proposition n’apparaît valide que si l’évolution des pratiques des automobilistes se fait à circulation globale égale. Or, d’après Chabrol, on sait « que chaque nouvelle place de stationnement peut générer 5 à 10 déplacements supplémentaires [et que] plus on augmente le nombre de places de parking et plus il y a de VP en circulation » (ibid.).

1459.

Agence d’Urbanisme de la COURLY, COURLY, Ville de Lyon, 1990, op.cit., p.43.

1460.

qu’il faut prendre avec précaution car il est toujours difficile de chiffrer ainsi le nombre de places qui procéderait de pratiques de stationnement interdit par ailleurs fortement variables dans le temps. Néanmoins, une enquête municipale effectuée en 1992 sur le secteur compris entre Bellecour et la Martinière donne à voir des taux moyen d’occupation de la voirie éloquents : 75% à 6 heures, 120% à 10 heures, 123% à 15 heures et 151% à 21 heures.

1461.

Compte tenu des ambitions du plan Presqu’île, cet espace est le premier à se couvrir quasi-inéluctablement de ces nouveaux moyens de protection. En fait, ces derniers se révèlent d’autant plus indispensables qu’en supprimant des places de stationnement sur la chaussée, on retire l’une des meilleures protections contre le stationnement illicite sur le trottoir. Par ailleurs, l’introduction de ce type d’aménagement produit un effet pervers sur les comportements des automobilistes, qui tendent souvent à considérer que l’absence de protections équivaut à une autorisation implicite de stationnement. En 2000, ces aménagements représentaient un budget annuel de quelques cinq millions de francs (760.000 euros) pour le Grand Lyon.

1462.

créé en 1974 durant le mandat de Louis Pradel. A l’époque, la municipalité juge préférable de confier la surveillance à un personnel spécialisé et non plus aux forces de police classiques, qui considèrent cette tâche ingrate et subalterne. Les effectifs de cette police du stationnement s’étoffent peu à peu et passent entre 1974 et 1993 de 7 à 120 agents. A la fin des années 90 néanmoins, ce corps est à nouveau dissout dans les effectifs de la police municipale, le principe de spécialisation étant abandonné lors de la réforme donnant naissance à la police de proximité, qui organise le partage de la surveillance du stationnement entre tous les agents.

1463.

Avec la concession de cette activité à VIA-GTI, qui gère aussi les transports collectifs de l’agglomération, la fourrière est désormais en service de 6 heures du matin à minuit, contre un créneau horaire restreint de 8 heures à 18 heures auparavant. Pour marquer les esprits et influer fortement sur les comportements, les services de police locaux cherchent immédiatement à imposer la présence de ce nouveau concessionnaire sur le terrain. Alors que l’ancienne fourrière municipale avait procédé à 1.530 enlèvements entre le 1er janvier et le 31 mai 1993, la "nouvelle fourrière" enlève 13.165 véhicules du 1er juin au 31 décembre de la même année. Le chiffre prévisionnel d’enlèvements annuels, sur lequel le concessionnaire se base pour adapter ses structures, a été fixé par la collectivité à 17.600 dans le contrat de concession de 1993. Si cette barre ne sera jamais atteinte dans les années qui suivront la signature du premier contrat de concession, les différences par rapport à la situation antérieure n’en demeurent pas moins substantielles : alors qu’au début des années 90, les statistiques d’enlèvements dépassaient rarement les 7.000 véhicules par an (respectivement 7.004 et 6.627 en 1990 et 1991), en 1995, ce chiffre s’élève à 13.700, ne laissant ainsi guère de doute quant à l’amélioration des performances de cet outil. Les efforts en ce sens seront ensuite poursuivis puisque, lors du renouvellement de la concession en 1999, le chiffre prévisionnel d’enlèvements annuels sera réévalué pour atteindre 20.000 enlèvements.

1464.

A ce propos, il est sans doute important de rappeler que la fourrière, même concédée à une entreprise privée, reste un outil au service des collectivités mais aussi, au-delà, un outil de service public. Certes, cela n’apparaît pas directement aux automobilistes qui ont vu leur véhicule se faire enlever. Mais, quand on sait que 60 % des "appels fourrière" proviennent de particuliers, on se rend mieux compte du rôle effectif joué par cet instrument au service de chacun.

1465.

de 20 heures à 8 heures.

1466.

qui ne concerne que la Presqu’île.

1467.

J. VIVIER, op.cit., p.10.