… sur voirie, une réglementation qui évolue mais qui pâtit d’un respect dégradé

Sur voirie, où l’émergence d’une stratégie d’agglomération n’est pas toujours favorisée par l’attachement fort au principe d’autonomie communale et au pouvoir de police des maires, les orientations stratégiques du PDU se traduisent d’abord par une évolution de la réglementation (tableau 24). Pour augmenter la capacité d’accueil de ses emplacements tout en écartant les pendulaires, la municipalité lyonnaise continue à poursuivre la recherche d’une plus forte rotation mais accompagne désormais cet objectif d’une visée explicite d’enchérissement des tarifs de courte durée qui doivent, « pour inciter au transfert modal, tendre progressivement vers un coût d’usage de stationnement supérieur au coût d’un aller retour en transport en commun » 1476 . En 1998, la zone orange voit ainsi son temps maximal de stationnement réduit de 2h à 1h30 et l’unité horaire passer de 12 à 15 francs (de 1,83 à 2,29 euros). 1477 Puis, lors du passage à l’euro en janvier 2002, la refonte de la grille tarifaire se complexifie d’une progressivité du coût du stationnement dans l’hypercentre : la nouvelle zone de courte durée, rebaptisée Presto 1478 , propose désormais des tarifs allant de 1 euro (6,56 francs) pour trente minutes à 5 euros (32,80 francs) pour 1h30. En revanche, la décision, préconisée dans le PDU, d’instaurer un coût minimum de perception assez important impose assez rapidement l’octroi d’une contrepartie réclamée par les commerçants : au début de l’année 2001, elle se traduit par le lancement d’une expérimentation, les points Rapido, organisant en Presqu’île la réservation de places destinées aux livraisons et aux courses de très courte durée, grâce à une offre de stationnement gratuite et limitée à 10 minutes 1479  ; cette expérience de gratuité partielle sera ensuite étendue en 2002 à l’ensemble des places et des zones de stationnement payant, avec l’application du principe de progressivité des tarifs. 1480 Pour le reste, deux options stratégiques traduisent bien la volonté d’orienter davantage l’offre de stationnement sur voirie en faveur des usages de courte durée : la disparition de la zone longue durée, dont les places sont progressivement transformées en emplacements de moyenne durée 1481  ; et la création de nouvelles zones de courte durée, dites de "centre de quartier", introduisant hors de la Presqu’île une réglementation plus rotative sur des places prises essentiellement à la moyenne durée 1482 (la figure 69 représente la localisation de ces différentes zones de stationnement payant à Lyon en 2002)

Tableau 24- Évolution de la réglementation et de la tarification du stationnement sur voirie à Lyon
Zones 1993 1997 1998 2002
Courte durée       « Presto »
Tarif 1,52 € de l’heure 1,83 € de l’heure 2,29 € de l’heure 2 € pour 1 heure
15 mn gratuites
progressif de 1 à 5 €
Durée maximum 2h 2h 1h30 1h30
Centre de quartier     Création « Chrono »
Tarif     1,52 € de l’heure 1,5 € pour 1 heure
15 mn gratuites
progressif de 0,5 à 3 €
Durée maximum     1h30 1h30
Moyenne durée       « Tempo »
Tarif 0,99 € de l’heure 1,22 € de l’heure 1,37 € de l’heure 1,5 € pour 1 heure
15 mn gratuites
0,5 € pour 20 mn
Durée maximum 3h 3h 3h 3h
Longue durée       Suppression

Tarif
0,99 € la 1ère heure
dégressif
3,05 € la journée
1,22 € la 1ère heure
dégressif
3,05 € la journée
0,61 € de l’heure

4,27 € la journée
 
Forfait résidentiel        

Tarif
3,05 € par jour 3,35 € par jour 2,29 € par jour 2 € par jour8 € par semaine24 € par mois
Figure 69- Plan du stationnement payant sur voirie à Lyon en 2002
Figure 69- Plan du stationnement payant sur voirie à Lyon en 2002

Source : CETE de Lyon

Figure 70 - Évolution des heures de stationnement payées par place et par jour à Lyon
Figure 70 - Évolution des heures de stationnement payées par place et par jour à Lyon

Source : Lyon Parc Auto

Figure 71 - Évolution de la verbalisation du stationnement à Lyon selon le type de P.V.
Figure 71 - Évolution de la verbalisation du stationnement à Lyon selon le type de P.V. Les PV à 135 euros (900 francs) sont intégrés au total mais non représentés car très peu nombreux.

Source : Ville de Lyon

L’efficacité de ces mesures, qui soutiennent le paradoxe de se vouloir à la fois rotatives et dissuasives, demeure toutefois contrariée par la dégradation générale du fonctionnement du stationnement sur voirie observée depuis 1997. En l’espace de cinq ans, tous les indicateurs d’usage sont en effet passés au rouge. Ainsi, tandis que l’occupation des places demeure au plus haut, les heures payées par les usagers du stationnement connaissent une baisse continue dans toutes les zones, au point qu’en 2002 seules 45 minutes sont quotidiennement payées sur les dix heures de stationnement payant normalement imposées par une place de la zone de courte durée du centre-ville (figure 70). De même, dans une Presqu’île où la réglementation devrait pourtant fonctionner avec le plus d’efficacité, le taux de rotation reste inférieur à quatre véhicules par place et par jour, alors que la saturation de l’offre est quasi permanente. 1485 Pour les automobilistes, cela se traduit par des implications très concrètes : sur le secteur des Jacobins, le temps de recherche d’une place de stationnement sur voirie se révèle en journée supérieur à 20 minutes dans un tiers des cas recensés et s’établit en moyenne à 10 minutes dans les autres cas. 1486 La destination effective de l’offre de stationnement de surface se trouve donc très éloignée des objectifs portés par la réglementation. Si les places payantes sont toujours très occupées, elle apparaissent en revanche de moins en moins ouvertes à des motifs de courte durée : en 2000, sur la zone appelée à être la plus rotative de la Presqu’île, seule 20% de l’offre est finalement consommée par des usagers de courte durée. 1487 Cet état de fait est à mettre essentiellement au compte d’un respect de la réglementation singulièrement dégradé, confirmant que la surveillance reste le point crucial du système. Avec un taux de respect d’environ 20% et un taux de verbalisation des infractions au stationnement payant inférieur à 5% dans l’hypercentre 1488 , la voirie lyonnaise présente en effet en 2002 une situation extrêmement dégradée qui nuit à la portée des mesures prises à la suite du PDU. Derrière ce taux de fraude, qui paraîtrait insupportable à n’importe quelle activité, se dissimule un certain nombre de facteurs plus ou moins coercibles : une activité de verbalisation concentrée sur les pratiques de stationnement interdit plutôt que sur les infractions au stationnement payant 1489 , une dynamique endogène des pratiques illicites 1490 , un déficit de communication publique sur les objectifs du stationnement payant 1491 , une régulation globale par les prix pour le moins défaillante 1492 , une responsabilisation insuffisante des collectivités locales en raison de la pénalisation des infractions au stationnement 1493 ou encore une tolérance sociale exceptionnelle à l’égard des pratiques de passager clandestin des automobilistes. 1494 En la matière, même si LPA, en sa qualité de prestataire de service 1495 , a tout à gagner d’un bon fonctionnement du stationnement payant sur voirie 1496 , c’est à la municipalité d’en assurer un meilleur respect et elle dispose pour cela, comme elle l’a démontré au moment du lancement du plan Presqu’île, de marges de manœuvre bien réelles. Dans la mesure où le recul de la surveillance et de la verbalisation doit beaucoup à la disparition d’un corps d’auxiliaires spécialisés au sein de la police municipale (figure 71), il apparaît que la recréation par la ville de Lyon en 2003 d’une unité de contrôle du stationnement ranime aujourd’hui l’espoir de voir enfin tenues les promesses du PDU. 1497 Car c’est bien d’abord ce défaut de politique locale de surveillance qui explique actuellement la destination insatisfaisante de l’offre de stationnement payant sur voirie à Lyon. 1498

S’il existe une autre limite à l’application du principe de rotation, celle-ci est stratégique et parfaitement en accord cette fois-ci avec les orientations du PDU. Elle tient à la dissuasion que la politique de rotation exerce à l’encontre d’usagers pour lesquels la collectivité souhaite maintenir un droit d’usage de la voirie modique et peu coercitif. En fait, « l’enjeu est de savoir s’il faut appliquer ces politiques de façon homogène sans différenciation à tous les usagers. Si, formellement, le principe d’égalité s’applique et que tous les usagers sont traités de la même manière, les plus lésés seront ceux qui résident au centre-ville. » 1499 En effet, le stationnement payant induit une forme de « discrimination "passive" implicite envers les résidents » 1500 . Seule l’introduction de tarifs différenciés, instaurant des mécanismes de discrimination positive, peut alors modérer les effets néfastes de la rotation sur ces usagers. A Lyon, cette orientation s’est concrétisée au fil d’un processus prudent et fortement lié au jeu des agents politiques. Alors que les élus d’arrondissement se sont appropriés très rapidement les premières expériences menées successivement dans deux quartiers lyonnais et ont commencé a les étendre à l’ensemble de leur périmètre d’influence 1501 , la mairie centrale a attendu 1992 pour officialiser la création d’un tarif résident sur voirie dans les deux arrondissements qui ont accueilli les zones d’expérimentation : les secteurs payants du 2ème et du 6ème arrondissements proposent alors à cette catégorie d’usagers un forfait journalier à 18 francs (2,74 euros). 1502 Ce prix obéit à une logique de fixation particulière, qui entend prémunir ce tarif préférentiel des déboires juridiques rencontrés dans d’autres villes. 1503 Il revient à faire payer aux résidents le prix maximal applicable aux autres usagers mais en leur donnant droit à un temps de stationnement supérieur : les 18 francs (2,74 euros) pour la journée correspondent ainsi au coût de 2 heures de stationnement en zone orange. Ce droit ouvert aux résidents s’étend progressivement à de nouveaux arrondissements, tout en conservant un principe de calcul indexé sur les tarifs pratiqués dans la zone la plus rotative de la ville. Le plan de déplacements urbains, chargé par la loi sur l’air de définir les conditions de tarification du stationnement public selon les différentes catégories d’usagers, prône enfin la généralisation de cette tarification forfaitaire sur voirie pour les résidents des communes du centre de l’agglomération. Il concourt dans le même temps à préciser la philosophie de cette mesure et à rompre avec la règle initiale de fixation de son tarif. Pensée pour accroître l’attractivité résidentielle des zones centrales « en cas d’absence de parc de stationnement public ou privé », cette tarification particulière doit aussi permettre aux résidents de se garer à un prix raisonnable pour qu’ils ne soient pas poussés à utiliser coûte que coûte leur voiture pour se rendre à leur travail. Dans cette optique, « le montant du forfait doit rester attractif car les usagers doivent en plus s’acquitter du prix du trajet en transport en commun. Pour ne pas inciter à la multimotorisation, le principe d’une seule vignette par foyer doit être maintenu. » 1504 En 1998, un tarif résident à 15 francs (2,29 euros) la journée 1505 est donc proposé pour l’ensemble des arrondissements lyonnais. En revanche, les maires d’arrondissement, qui disposent de la responsabilité de délivrer les vignettes ouvrant droit à ce tarif, se laissent rapidement aller à en accorder deux aux foyers multimotorisés qui en font la demande. Une fois de plus, le conseil municipal ne fait qu’entériner cette pratique par un vote en 1999, tout en arrêtant parallèlement une stratégie territoriale à visée compensatrice interdisant l’usage du forfait résident sur quelques axes très commerçants. Au bout du compte, la mise en œuvre de ces principes discriminatoires actifs réussit à concilier plutôt efficacement une volonté de maîtrise globale des déplacements automobiles avec un regain d’attention pour des intérêts locaux parfaitement portés par les élus de proximité. Pendant longtemps, la ville de Lyon demeure toutefois réticente à l’idée de proposer un tarif plus avantageux ou un abonnement mensuel. Car, au-delà de la crainte de déstabiliser le marché du garage privé, « il reste que l’occupation du domaine public par du stationnement de longue durée est un pis-aller, une solution peu productive qui n’est acceptable qu’en l’absence d’alternatives. » 1506 Ces réticences sont finalement surmontées par la nouvelle municipalité qui introduit en janvier 2002, parallèlement à une baisse sensible du forfait journée à 2 euros (13,11 francs), deux offres dégressives : un forfait hebdomadaire à 8 euros (52,48 francs) et, surtout, un forfait mensuel à 24 euros (157, 53 francs). Replacée dans la lignée de ces devancières, cette dernière décision en date souligne parfaitement la vigueur d’une dynamique doublement portée par des préoccupations relatives à l’attractivité résidentielle comme aux déplacements urbains.

Notes
1476.

SYTRAL, 1997, op.cit., p.75.

1477.

Cette augmentation sera suivi d’un gel des tarifs jusqu’à la fin du mandat de Raymond Barre, comme cela est d’ailleurs souvent le cas à l’approche des élections municipales.

1478.

Avec l’ambition de simplifier la lisibilité du dispositif, de nouvelles dénominations sont appliquées aux différentes zones de stationnement et une nouvelle signalétique, personnalisée par un petit lièvre expressif, est mise en place au-dessus des horodateurs.

1479.

Les utilisateurs de ces points Rapido doivent toutefois prendre à l’horodateur un ticket qui leur accorde cette gratuité. Cette solution, proposée par la communauté urbaine, la ville de Lyon et la CCI, avait déjà été envisagée dans son principe au moment du plan Presqu’île, avant qu’il ne lui soit finalement préféré l’expérimentation d’un système de paiement embarqué, le PIAF, qui devait permettre de ne payer grâce à sa carte à puce que le temps de stationnement réellement consommé mais qui n’a jamais été réellement adopté par les usagers.

1480.

En effet, le nouveau dispositif tarifaire instaure pour toutes ses zones la gratuité des quinze premières minutes de stationnement. Afin que les automobilistes ne trichent pas en retirant des tickets gratuits tous les quarts d’heure, cinquante horodateurs de l’hypercentre sont équipés d’un système obligeant les utilisateurs à mentionner les quatre premiers chiffres de leur plaque d’immatriculation.

1481.

Ces emplacements de la zone Tempo ont notamment vocation à être disposés en zones tampons autour des zones de courte durée, que ce soit pour gérer des effets de bords préjudiciables aux résidents ou pour mieux répondre à une demande d’usagers horaires pénalisée par la présence de pendulaires.

1482.

Cette zone, rebaptisée Chrono en 2002, propose des tarifs horaires proches de ceux de la moyenne durée pour une durée maximale autorisée correspondant à celle de la courte durée.

1483.

L’année 1993 est indiquée à titre de comparaison, sachant que les tarifs ont évolué ensuite en 1994 et 1996.

1484.

Les PV à 135 euros (900 francs) sont intégrés au total mais non représentés car très peu nombreux.

1485.

d’après une enquête de TRANSITEC réalisée en 2000 sur le périmètre Perrache-Terreaux. En centre-ville, on considère qu’un bon taux de rotation avoisine les 10 voitures par place et par jour.

1486.

d’après une étude réalisée en 2002 par la ville de Lyon. A titre de comparaison, il faut savoir que, dans l’hypercentre de Grenoble, on relève un temps moyen de recherche d’une place sur voirie de moins de 3 minutes.

1487.

Les résultats de l’enquête de TRANSITEC montrent que plus de la moitié de l’offre de la zone courte durée est consommée par des automobilistes en infraction dans le temps (c’est-à-dire qui stationnent plus de 1h30), tandis qu’un quart environ l’est par des résidents.

1488.

Les enquêtes d’occupation-respect réalisées par ISIS en 2002 sur le secteur Bellecour-Terreaux font en réalité état d’un taux de respect de 22%, alors qu’il était encore de 57% en 1996 dans la Presqu’île, et d’un taux de verbalisation oscillant selon les infractions entre 0 et 8%. Il est à noter que le premier indicateur ne concerne que le stationnement sur places payantes qui se fait en situation irrégulière (dépassement de temps ou non-acquittement de la redevance) et non le stationnement interdit.

1489.

Alors que les deux demeurent étroitement associées, puisque les secondes se trouvent être un des facteurs de développement des premières. En effet, pour les automobilistes, le sentiment de ne pas pouvoir trouver de place autorisée augmente et accélère la décision de stationner de manière illicite.

1490.

Si l’intensification de la surveillance tend à faire régresser les pratiques illicites, ces dernières ont également des répercussions sur la première. En effet, une forte verbalisation n’est pas toujours bien acceptée par les riverains (commerçants, entreprises, résidents…) et revêt un caractère parfois traumatisant pour les activités urbaines ainsi touchées, ce qui peut inciter les pouvoirs publics à un certain relâchement (voire à une totale démission : c’est ainsi que, sur les quais de Saône, le stationnement lié aux activités nocturnes se fait depuis plusieurs années, de manière régulière et dans une quasi impunité, en double ou triple file ; pour pallier à cette défaillance de la puissance publique, une régulation privée s’est d’ailleurs mise en place grâce à des agents de "sécurité" employés par certains établissements de vie nocturne pour "organiser" le stationnement illicite de la clientèle sur la voie publique). Cela est d’autant plus dommageable que, dans la plupart des cas, outre les comportements d’imitation, le développement des pratiques illicites en appellent de nouvelles par ricochet.

1491.

« Les spécialistes sont unanimes pour dire que la population ne connaît pas, en général, les objectifs de rotation du stationnement payant qui est toujours perçu comme une ‘taxe de plus’. Même si elle ne cesse de se développer sous différentes manières, la communication institutionnelle reste le parent pauvre du stationnement d’aujourd'hui ; comme elle l’était lors des premières mises en place du stationnement payant. En 30 ans, donc, l’acceptabilité a peu évolué. L’attitude de la population est toujours un mélange de mécontentement modéré, de résignation, de fraude. L’habitude de verser (ou non) les quelques francs dans la machine a toujours occulté l’intérêt de la mesure pour les usagers eux-mêmes » (in M. COUVRAT DESVERGNES, T. DUCREST, op.cit., p.34). D’ailleurs, « toutes les infractions au Code de la route sont considérées comme des infractions pénales. L’objectif premier de la police est donc de punir, plutôt que de rechercher une contrepartie ou la réparation économique d’un préjudice » (in P. BELLI-RIZ, 2000, op.cit., p.37). En l’absence de véritable communication publique sur le sujet, les automobilistes continuent alors à ne pas considérer le caractère payant du stationnement en termes de service rendu et envisagent simplement le respect de cette obligation comme un jeu des plus traditionnels avec la règle, même s’il convient peut-être d’ajouter à cette réticence naturelle à payer le fait que « les usagers ont l’habitude de considérer la voirie comme un domaine public et ils ne sont pas davantage motivés à payer pour stationner sur la voie publique que pour se promener dans un parc ou un jardin public » (in J.C. ZIV, C. NAPOLEON, op.cit., p.122).

1492.

« Les infractions, souvent encouragées par une surveillance insuffisante, sont vécues comme des stratégies de minimisation de la dépense : le risque du procès-verbal est jugé suffisamment faible pour qu’il n’apparaisse pas utile d’acquitter la redevance de stationnement payant ou de renoncer à occuper une place interdite pour rechercher une place autorisée plus éloignée de la destination » (in J. Vivier, op.cit., p.7). En fait, « ces trois prix sont exactement dans l’ordre inverse de ce qu’ils devraient être, c’est-à-dire que le moins coûteux reste l’espérance mathématique du prix du stationnement illicite, un peu plus coûteux est le prix du stationnement licite sur voirie et beaucoup plus coûteux est le prix du stationnement licite hors voirie » (in A. Bonnafous, 1995, op.cit., p.232).

1493.

Depuis le début des années 70 et l’apparition du timbre amende, les infractions à la réglementation du stationnement relèvent du droit pénal et les amendes sont collectées par le Trésor Public, avant que l’Etat n’en reverse ensuite qu’une partie aux collectivités locales (aux communes ou aux collectivités possédant la compétence en matière de voirie, comme c’est le cas pour le Grand Lyon) via la loi de finances et le Comité des finances locales. Or, une dépénalisation de ces infractions offrirait non seulement la maîtrise complète du fonctionnement du stationnement sur voirie aux collectivités locales (de l’élaboration jusqu’aux méthodes de recouvrement des amendes) mais elle permettrait également la mise sur pied d’un système où les ressources des amendes pourraient être intégralement réaffectées à la surveillance ou réparties dans la politique urbaine locale, selon les objectifs de cette dernière. De plus, le montant des amendes, fixé au niveau national et inchangé depuis 1985, n’est pas en rapport avec les tarifs horaires du stationnement tels qu’ils sont arrêtés localement. A la demande de plusieurs élus locaux, le débat sur la dépénalisation des infractions au stationnement urbain a été ouvert en 2000 lors de la préparation de la loi SRU, sans toutefois donner lieu à des évolutions concrètes en la matière.

1494.

L’importance du taux de fraude au stationnement payant contraste ainsi singulièrement avec celui qui a cours et qui est socialement accepté dans les transports collectifs. A l’évidence, contrairement aux représentations qui imprègnent ces derniers, la fraude résultant des calculs individualistes des automobilistes n’est pas considérée comme un comportement intolérable et incompatible avec une offre de service collectivement performante.

1495.

Depuis 1972, LPA s’est vue confiée la gestion du stationnement sur voirie et aujourd'hui, « la relation entre la ville de Lyon, dont le maire exerce les pouvoirs de police de la circulation et du stationnement, et LPA relève désormais de la prestation de service. La société assure la pose et l’entretien des horodateurs et collecte les droits de stationnement qu’elle restitue à la trésorerie municipale à raison de deux versements hebdomadaires ; la ville reverse à l’exploitant une somme déterminée par le montant des recettes de stationnement sur voirie, déduction faite des charges de personnel, des frais techniques de fonctionnement induits par la gestion de la police municipale, ainsi que des frais de structure » (in Chambre Régionale des Comptes, 1998, op.cit., p.7).

1496.

Même si le chiffre d’affaires de la voirie n’est pas à la hauteur de celui des parcs, l’exploitation du stationnement de surface permet à la SEM, de percevoir une recette annuelle qui est généralement « de l’ordre de 17 à 18 MF » (in Chambre Régionale des Comptes, 1998, op.cit., p.7), soit environ 2,7 millions d’euros. En organisant en son sein des transferts financiers entre les deux activités, LPA peut ainsi compenser les coûts d’exploitation déficitaires de certains de ses parcs par ceux d’une voirie bénéficiaire par nature. Elle tend néanmoins à se révéler de moins en moins dépendante des recettes de la voirie (qui entre 1993 et 2000 ont d’ailleurs baissé de 60 millions à 43 millions de francs – 9,2 à 6,6 millions d’euros – en raison de la montée de la fraude, le nombre de places comme les tarifs ayant pour leur part augmenté entre temps), tandis que celles dégagées de l’exploitation des parcs n’a cessé de croître du fait de la construction de nouveaux ouvrages (passant de 90 millions de francs – 13,7 millions d’euros – en 1992 à près de 200 millions – 30,5 millions d’euros – en 1997).

1497.

18 agents assermentés ont été recrutés en avril 2003 pour consacrer tout leur temps à la surveillance du stationnement dans la Presqu’île. La mairie a tiré un bilan positif de leur première année d’activité et estime qu’elle a contribué à faire remonter le taux de respect à 30%. Il est donc désormais prévu le recrutement de nouveaux agents et un élargissement de leur périmètre d’action. De plus, la ville de Lyon s’est décidée à expérimenter le système d’agents encaisseurs testé avec succès à Dijon, où il a permis d’obtenir sur ses secteurs d’activité des taux de respect du stationnement payant avoisinant les 95% : chargés de traiter les transactions de péage avec les usagers, d’aider à le recherche d’un emplacement et de fournir des services annexes conviviaux liés au stationnement, ces agents ont contribué à faire augmenter la rotation sur les places dont ils assuraient la surveillance et à proposer une meilleure qualité de service tout en réduisant spectaculairement le recours à la verbalisation ; last but not least, la création de ces nouveaux emplois a permis de dégager des recettes supplémentaires pour couvrir les dépenses qu’elle avait occasionnées.

1498.

Tant il apparaît que le comportement des automobilistes en matière de respect des règles de stationnement s’avère étroitement dépendant de l’intensité de la surveillance et de la verbalisation.

1499.

CERTU, CNISF, op.cit., p.28.

1500.

P. BELLI-RIZ, 2000, op.cit., p.40.

1501.

Une première expérience est menée dans le quartier des Brotteaux dès 1984 mais le premier véritable test est lancé en 1990 sur 758 places du 2ème arrondissement, au tarif de 14 francs pour 10 heures et de 12 francs pour 5 heures. Puis, en 1991, la municipalité du 2ème arrondissement décide d’étendre à l’ensemble des emplacements de voirie situés sur son territoire l’offre d’un tarif préférentiel pour les résidents.

1502.

Concrètement, l’accès à ce tarif nécessite d’abord la délivrance par la mairie d’arrondissement d’une vignette à apposer sur le véhicule. Cette vignette est délivrée, à raison d’une par foyer, aux personnes qui paient leur taxe d’habitation dans l’arrondissement concerné. Il ne reste plus ensuite aux possesseurs de cette vignette qu’à prendre un ticket résident à l’horodateur, lorsqu’ils souhaitent faire usage de leur droit à stationner à un tarif préférentiel.

1503.

« Fidèle à une conception qui relève de la police, et non de l’idée de service rendu, la jurisprudence française campait encore récemment sur les mêmes positions de principe qu’au début du siècle. Le domaine public n’a pas de prix, il est inaliénable, et il ne saurait être en principe le support d’une quelconque discrimination entre les usagers » (in P. Belli-Riz, 2000, op.cit., p.40.). Les obstacles juridiques à l’introduction d’un tarif résident sur voirie illustrent bien l’inertie fondamentale de cette représentation. A cet égard, les tribulations grenobloises sont particulièrement édifiantes. En 1991, le Tribunal de Police de Grenoble, saisi par un particulier, considère que « l’existence d’un forfait mensuel présente un caractère discriminatoire (…) [et qu’il] n’est pas démontré que l’institution de ce tarif réponde à un motif d’ordre public ni à des exigences de rotation rapide des véhicules. On peut même considérer qu’elle va à l’encontre de l’objectif allégué d’une meilleure répartition des places de stationnement » (jugement du 25 janvier 1991). Le principe de cet abonnement mensuel résident est ensuite porté successivement devant la Cour d’Appel et la Cour de Cassation. A la suite de la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, qui a jugé en 1989 que « la double tarification est contraire au principe d’égalité devant la loi et les charges publiques », la Cour d’Appel de Grenoble invalide en 1997 l’offre de tarifs résidents en zone verte. Mais cet arrêt est annulé deux ans plus tard par la Cour de Cassation, qui estime à cette occasion que « la fixation de tarifs différents applicables, pour un même service rendu, à diverses catégories d’usagers d’un service ou d’un ouvrage public est justifiée, dès lors qu’il existe entre les usagers des différences de situation appréciables ou qu’une nécessité d’intérêt général en rapport avec les conditions d’exploitation du service ou de l’ouvrage commande cette mesure. » Dans ces conditions, les tarifs préférentiels se justifient « par les différences de situation créées par l’institution du stationnement payant, en particulier entre les usagers domiciliés dans le centre-ville et les autres usagers » (arrêt du 8 avril 1999). Si cette évolution de la jurisprudence se trouve encore contredite par certaines décisions de justice, la Cour d’Appel s’aligne néanmoins peu à peu sur les positions de la Cour de Cassation. Enfin, la loi SRU a voulu lever toute ambiguïté juridique en autorisant, dans ses articles 96 et 108, des mesures spécifiques pour certaines catégories d’usagers et notamment pour les résidents.

1504.

SYTRAL, 1997, op.cit., p.76.

1505.

au lieu des 22 francs (3,35 euros) auquel ce tarif était parvenu. Ce nouveau forfait représente une baisse significative au moment où les prix de la zone orange s’envolent, puisque qu’il équivaut désormais non pas à deux heures mais à une heure de stationnement dans la zone la plus rotative. La logique de fixation de ce tarif semble cependant ne pas relever de cette règle de calcul mais, autant que l’on puisse en juger à travers les travaux préparatifs du PDU, apparaît davantage comme un simple alignement sur le tarif parisien de l’époque.

1506.

P. BELLI-RIZ, 2000, op.cit., p.42.