« L’analyse de l’usage de stationnement dans les villes centres (Lille, Roubaix et Tourcoing) de la Métropole fait apparaître une offre de stationnement importante et des difficultés de stationnement (offre payante, saturation) limitées à l’hypercentre de Lille. » 1562 Mais, si les difficultés apparaissent fortement concentrées sur le territoire d’une commune lilloise par ailleurs relativement épargnée par les embarras de circulation, elles se posent avec d’autant plus de sérieux. C’est pourquoi, depuis près de dix ans, les pouvoirs publics locaux ont essayé d’améliorer l’accueil que le cœur de l’agglomération pouvait proposer aux voitures particulières lors de leur temps d’immobilisation.
Les données chiffrées rendant compte de la situation du stationnement à la fin des années 80 et au début des années 90 sont particulièrement éloquentes quant à l’ampleur de l’effort à fournir. Elles témoignent en premier lieu du rôle restreint joué par l’offre publique payante, qui n’accueille en 1987 que 24% des véhicules présents en journée dans le centre de Lille. 1563 Six ans plus tard, le stationnement payant de surface ne concerne encore que 4.400 places situées dans l’hypercentre – contre 14.000 à Lyon –, tandis que l’offre en parcs n’est que de 2.800 places – alors que Lyon en compte déjà plus de 11.000 1564 . Si la structure multipolaire de l’agglomération n’est pas pour rien dans cet état de fait, les statistiques de 1993 attestent également du fonctionnement insatisfaisant de l’offre de stationnement public. La rotation s’effectue mal sur la voirie payante, où on compte seulement 3 à 5 véhicules par jour et par place 1565 et, si le taux d’occupation y est presque en permanence supérieur à 100%, les usagers d’un emplacement ne paient en moyenne que 1h50 de stationnement par jour. Quant au nombre de véhicules en stationnement interdit, on estime qu’il représente dans le secteur payant entre 30 et 50 % des pratiques, alors qu’en 1987 il dépassait déjà la proportion de véhicules garés dans les parcs du centre de Lille. 1566 Pour remédier à ces dysfonctionnements importants et restaurer une offre de stationnement qui participe plus activement à l’attractivité de son centre, la municipalité lilloise entreprend donc en 1994 la mise en œuvre d’un vaste programme associant une extension du stationnement payant, un renforcement de la surveillance – attendu que « le doublement de ce taux de rotation est possible avec un meilleur respect de la réglementation [et qu’] il permettrait d’accueillir 15.000 véhicules supplémentaires par jour dans le centre de Lille en favorisant le stationnement de courte durée et en pénalisant celui de longue durée » 1567 – et un accroissement considérable de l’offre en ouvrage.
Il est d’abord question de permettre au stationnement de surface de jouer pleinement son rôle rotatif. Si les visées de cette politique n’ont rien d’original, puisqu’il s’agit de soutenir une revitalisation des activités commerciales et économiques du centre-ville en comptant sur une amélioration des possibilités de stationnement pour rendre cet espace plus attractif, son rythme et son calendrier sont nettement moins ordinaires. En l’espace de trois ans, on enregistre en effet un doublement des tarifs pratiqués dans l’hypercentre, qui passent d’un prix horaire – il est vrai particulièrement bas – de 4 francs (0,61 euros) en 1993 à 8 francs (1,22 euros) en 1996 1568 , avec une étape intermédiaire à 6 francs (0,91 euros) qui entre en vigueur en 1994, à quelques mois de l’élection municipale. Malgré cette échéance, la fin de mandat de l’équipe en place est marquée par une reprise en main plus générale, qui voit la ville se doter de nouveaux moyens de gestion du stationnement de surface : l’exploitation de la voirie payante, assurée auparavant en régie, est confiée fin 1993 à un prestataire de service, la SORELI 1569 , une société d’économie mixte de la ville de Lille initialement chargée d’opérations d’aménagement, « de rénovation et de restauration » et dont l’activité est inopinément étendue au stationnement ; l’activité de la police municipale est également réorganisée avec la création en 1994 d’une brigade du stationnement 1570 , qui se traduit immédiatement par un accroissement de la surveillance et de la verbalisation. 1571 En fait, l’évolution des outils de gestion publique s’avère à l’époque indispensable, autant pour assurer un meilleur rendement des zones existantes que pour garantir la viabilité de la politique future et permettre notamment l’extension projetée du stationnement payant. Du reste, cette extension débute dès 1994, avec la création d’une zone verte à 4 francs (0,61 euros) de l’heure, destinée à mieux réguler l’usage de 1.100 places situées à l’ouest de l’hypercentre. La mise en place d’une zone tampon entre l’offre à vocation rotative et l’offre gratuite est ensuite étendue au nord et au sud de la zone orange, soit dans tous les secteurs où les effets de bord du stationnement payant ont amené, au détriment des activités et des résidents des espaces concernés, une saturation de la voirie. En 1996, alors que les tarifs de la zone verte, toujours limitée à deux heures de stationnement, passent à 5 francs de l’heure (0,76 euros), une nouvelle zone bleue à 4 francs la première heure (0,61 euros) et 10 francs pour trois heures (1,52 euros) est mise en place sur quelques grands axes. L’extension du stationnement payant se poursuit ainsi jusqu’à toucher 8.800 places en 1999, ce qui équivaut à un doublement des emplacements concernés en six ans.
Au passage, en ayant multiplié par deux les tarifs de la zone orange et le nombre total d’emplacements payants sans considération particulière pour le calendrier électoral, les autorités communales tendent à prouver qu’avant de constituer un risque politique, cette forme de régulation s’affirme comme une solution efficace pour assurer une plus grande accessibilité aux places de l’espace central. L’acceptabilité sociale d’une telle politique est néanmoins assurée par des exceptions au régime général, qui sont accordées à certains usagers : d’abord à ces électeurs en puissance que sont les résidents, puisque les automobilistes qui habitent dans les zones réglementées peuvent bénéficier sur la voirie proche de leur domicile d’un tarif préférentiel de 4 francs pour la demi-journée (0,61 euros) ou de 8 francs pour la journée (1,22 euros) 1572 , sauf dans le cœur commerçant de la cité d’où l’on souhaite évacuer tous les véhicules faisant obstacle au principe de rotation ; ensuite aux artisans et aux médecins qui ne paient, pour leur part, que 2 francs de l’heure (0,3 euros). Ces évolutions considérables, accomplies sur un laps de temps relativement court, dessinent une remise à niveau de l’organisation du stationnement public lillois, destinée à proposer un niveau de service qui convienne davantage à l’image et aux exigences de fonctionnement d’un centre métropolitain. 1573 Elles reviennent enfin à dépasser, au nom du principe d’efficacité, la crainte d’une sélection par l’argent qui, jusque là, imprégnait encore largement les pratiques publiques dans une région en crise, où encore une fois la motorisation tardive des ménages tendait à rester un symbole d’une ascension sociale souvent fragile – ce qui suffisait à justifier la faiblesse des entraves financières à l’utilisation de ce mode de déplacement.
Pour ce qui est des parcs de stationnement, les processus décisionnels au sein de la communauté urbaine de Lille tranchent radicalement avec les pratiques lyonnaises puisque les communes se sont vues re-déléguer cette compétence par convention, afin de renforcer la cohérence avec le stationnement sur voirie. Si les financements demeurent principalement communautaires, c’est donc la municipalité lilloise qui a la charge de décider des projets concernant son territoire, de négocier avec les éventuels opérateurs et de faire ensuite valider ces orientations par l’assemblée communautaire. L’économie générale du stationnement public en ouvrage se ressent logiquement de cet éclatement des responsabilités, si bien que les six parcs publics que compte la ville de Lille au début des années 90 sont avant tout le fruit de perspectives de rentabilité favorables ou d’opportunités du marché local. Le dernier en date, le parc de la Grand’Place ouvert en 1989, en est un excellent exemple : aux prises avec des difficultés importantes de stationnement dans le cœur de l’hypercentre, la municipalité a retenu un projet de parc souterrain sur ce site unique, réaménagé pour l’occasion, et a ainsi pu concrétiser une opération sans grand risque commercial en faisant appel, grâce au système de concession, à des financements privés. 1574 Cependant, les opportunités de ce type ne sont pas monnaie courante et en 1993, la ville n’offre aux automobilistes que 2.800 places de stationnement en ouvrage.
Les transformations de l’hypercentre, autour d’Euralille, contribuent alors à créer une nouvelle dynamique et, en se dotant des attributs d’un grand centre métropolitain, la municipalité lilloise adopte la réalisation d’un programme sans précédent de six nouveaux parcs, représentant 6.200 places. 1575 En même temps qu’elle réorganise son stationnement de surface, la ville voit donc plus que tripler son offre hors voirie, en étroite liaison avec de nouveaux équipements urbains porteurs d’une demande supplémentaire. Pour autant, cet effort, réalisé grâce à d’importantes contributions communautaires, ne satisfait qu’une partie des besoins et ne répond qu’imparfaitement aux défis de gestion globale du stationnement public. En effet, aussi considérable soit-il, l’accroissement de l’offre tend plutôt à se faire à l’est de l’hypercentre, dans la partie fortement renouvelée située à proximité du périphérique. Il obéit ainsi à une logique de répartition spatiale qui privilégie les besoins liés aux activités commerciales et économiques par rapport à ceux des résidents, ce qui est d’autant plus discriminatoire pour ces derniers que la "privatisation" du service public du stationnement 1576 semble avoir durablement occulté toute réflexion sur l’opportunité de programmes publics qui leur soient réservés. Enfin, si la SORELI a fait son apparition dans le stationnement en ouvrage, en reprenant deux parcs en affermage au début des années 90, la multiplicité originelle des exploitants 1577 et la diversité des contrats qui les lient à la collectivité 1578 continuent à poser des problèmes très concrets : confrontée à des différences de tarifs – qui oscillent entre 7 et 12 francs (1,07 et 1,83 euros) de l’heure 1579 – mais aussi d’horaires d’ouverture, l’offre publique souffre d’un manque de lisibilité générale ; quant à la politique d’abonnement, elle reste surtout affaire de gestion commerciale et se réduit principalement à proposer des prix élevés pour les parcs les plus rentables et des tarifs plus attractifs dans les ouvrages où la clientèle horaire est moins présente. 1580
En définitive, malgré les évolution importantes de la dernière décennie, l’organisation du stationnement public lillois présente toujours des lacunes importantes, autant au niveau de la voirie que des parcs en ouvrage. Mais la principale déficience réside sans doute dans le manque de coordination entre les deux volets de l’offre publique. En dépit de la concentration des compétences à l’échelon communal, les objectifs habituels de distribution des usagers se heurtent en effet à l’incohérence des tarifs en vigueur, puisque le coût horaire maximal du stationnement sur voirie correspond environ au seuil inférieur des prix pratiqués dans les ouvrages publics. Pour capter le stationnement de moyenne et de longue durée, les parcs jouent alors sur une offre de tarif dégressif mais le coût des abonnements qu’ils proposent reste avant tout soumis à des préoccupations endémiques de rentabilité. La voirie compte pour sa part sur le respect des temps maximum d’usage pour organiser la courte durée mais, pour ce faire, doit encore espérer un renforcement de la surveillance. 1581 Les efforts consentis depuis dix ans, s’ils se sont avérés efficaces en matière de développement quantitatif de l’offre publique, ne semblent donc pas être parvenus à assurer la cohérence interne nécessaire au bon fonctionnement de celle-ci. Ils se sont également effectués sans véritable considération de leurs implications en matière d’organisation des déplacements urbains. Autant de limites qui militent pour un meilleur encadrement des tarifs pratiqués par les sociétés concessionnaires mais aussi pour une maîtrise plus globale de la politique de stationnement par les pouvoirs publics. Durant les années 90, la municipalité lilloise a finalement développé une stratégie faisant la part belle à des enjeux de politique urbaine à court terme plutôt que de politique de déplacements à plus long terme. A la fin de la décennie, les parcs continuent à être utilisés d’abord par les pendulaires et de manière extrêmement marginale par les résidents. Mais le plus révélateur est sans doute que cette prééminence effective des premiers sur les seconds vaut aussi, même si c’est dans des proportions moindres, pour la voirie payante. 1582 Lille fait alors partie de ces villes françaises à avoir accru leur offre publique de stationnement 1583 à destination d’automobilistes non résidents, avec l’espoir d’assurer ainsi le dynamisme commercial et le développement économique de leur hypercentre.
Depuis lors, le PDU a tenté de mettre un peu d’ordre dans ces pratiques en demandant notamment d’évaluer « la création ou l’agrandissement de parcs de stationnement en ville à l’aune de préoccupations multimodales ». Ce document stipule en effet qu’à présent, « préalablement à la décisions de création ou d’agrandissement d’un parc de stationnement en ville, on étudiera les possibilités d’amélioration de l’accessibilité par les transports collectifs. » 1584 Il préconise également de mieux gérer l’offre existante, notamment par « une harmonisation de la tarification entre les parkings en ouvrage et les emplacements sur voirie » 1585 et par de nouvelles formes de discrimination active entre les usagers. Mais, en l’absence de consensus politique sur la question 1586 , les rédacteurs du PDU n’ont guère développé de projets d’action concrète en matière de stationnement public, préférant se concentrer sur d’autres outils de maîtrise des déplacements urbains davantage susceptibles d’être acceptés par les élus locaux. Rien d’étonnant donc à ce que ces préconisations n’aient guère fait bouger les choses : si la décision de la mairie de Lille d’accroître en 2002 les coûts du stationnement sur voirie 1587 se réclame du PDU, « afin de favoriser l’utilisation de tous les transports, autres que le véhicule personnel », sa faible portée est reflétée par son incapacité à dépasser les tarifs pratiquées dans les parcs ; quant au jalonnement dynamique des ouvrages lillois, réalisé en 2003 comme à Lyon, en renseignant les automobilistes sur les capacités d’accueil des parcs publics de l’hypercentre, il entend favoriser leur accès et optimiser leur utilisation, deux ambitions qui ne sont pas exemptes de toute ambiguïté au regard de la politique de déplacements.
Il faut dire que, contrairement à Lyon, les perspectives contestataires ne sont pas favorisées par l’organisation actuelle des responsabilités dans la métropole lilloise. Le renouveau de la régulation publique pâtit encore d’un important déficit d’expertise, que ce soit au niveau de la commune – qui n’a pas étoffé ses services pour exercer les compétences qui sont les siennes, autrement qu’en matière de police du stationnement – ou de la communauté urbaine – qui, en se dessaisissant de sa tutelle stratégique sur les parcs, a eu tendance à se désintéresser de ces questions dont la gestion est éclatée entre différents services. Peu aidés par des concessionnaires placés en situation de concurrence exacerbée et dont la préoccupation principale a été, dans ces conditions, de protéger ou d’élargir leur marché, les pouvoirs publics lillois se sont eux aussi tournés vers la solution SEM, avec l’espoir qu’elle leur permette de se réapproprier une certaine maîtrise stratégique de l’outil stationnement. Mais, même si elle a déjà contribué au développement d’une expertise technique locale, la SORELI doit encore, pour concrétiser cet espoir, élargir son champ d’action et attendre pour cela le renouvellement des contrats de concession des parcs existants, qui constituera à n’en pas douter une étape décisive pour l’avenir de la régulation du stationnement public lillois. 1588 Car, tant qu’une solution à l’émiettement actuel de la gestion des infrastructures ne sera pas trouvée en dehors de ce que peut proposer l’intégration de différentes sociétés concessionnaires dans un grand groupe privé comme VINCI Park, il apparaît hautement improbable de voir le stationnement public accéder à des stratégies de contestation du territoire de l’automobile. A cet égard, l’inscription de la SORELI dans ce champ auquel elle n’était initialement pas destinée pose dès aujourd'hui la question d’une reconcentration des pouvoirs, question qui malgré l’enracinement lillois de la SEM 1589 transcende les limites communales. Indirectement, en prenant en charge l’élaboration de l’observatoire du stationnement que la CUDL doit mettre en place à l’échelle de l’agglomération, le nouvel exploitant de deux parcs et du stationnement payant de surface sur Lille témoigne de l’intérêt qu’il peut y avoir à faire remonter, au moins partiellement, ces questions à l’échelon communautaire. Il n’en apparaît pas moins clairement que l’intégration du stationnement dans une approche stratégique de la politique de déplacements à l’échelle de l’agglomération constitue une vision qui reste encore en avance sur les mentalités politiques locales.
CETE Nord-Picardie, 1997, op.cit., p.25.
contre 45% pour les places gratuites sur voirie et 31% pour le stationnement gratuit hors voirie.
en 1992, avant les parcs du plan Presqu’île et de l’ère Noir.
alors que la zone orange de Lyon présente à la même période un taux moyen de rotation de 10.
En journée, la proportion de véhicules en stationnement interdit sur voirie y était de 6%, contre 5% pour les parcs publics payants.
Communauté Urbaine de Lille, Circuler, stationner, marcher à Lille, Mars 1994.
évolution à laquelle il faut ajouter une réduction de 2h à 1h30 de la durée maximale de stationnement autorisée.
ISLA est sa marque de stationnement.
Elle comprend alors 30 agents, puis 45 en 1998. Elle est aujourd'hui plafonnée à 50 agents.
L’action de la nouvelle police du stationnement est surtout tournée vers les infractions au stationnement payant. En ce qui concerne le stationnement gênant en revanche, l’accent est mis davantage sur une campagne d’information et de sensibilisation et la répression reste peu virulente, et ce d’autant plus que la fourrière municipale n’est pas dotée de moyens très importants.
Ce tarif résident équivaut à un franc (0,15 euros) de l’heure puisque toutes les zones de la commune sont payantes de 9h à 12h30 et de 14h à 18h30. En l’absence d’arrondissements comme à Lyon, la municipalité a défini 8 zones résidentielles qui doivent organiser en leur sein le stationnement de leurs résidents, afin que ce tarif n’ouvre pas un droit d’usage pour des déplacements internes à la commune. Il existe deux moyens pour bénéficier de ce tarif préférentiel : le plus ancien et le plus utilisé est un système de carte magnétique qui délivre grâce aux horodateurs un droit à stationner à la journée ou à la demi-journée ; depuis plus récemment, l’achat d’un PIAF, couplé avec un système de vignette, permet aux résidents qui le souhaitent de bénéficier d’une tarification au temps effectif.
Outre les comparaisons que l’on peut établir avec d’autres espaces centraux de grandes agglomérations françaises, la ville de Lille parvient ainsi à se démarquer du centre de Tourcoing qui, en 1995, proposait déjà trois zones de stationnement avec une zone rotative très performante à 4 francs (0,61 euros) de l’heure.
en l’occurrence ceux de GTM.
dont 3.000 pour la seule opération d’Euralille.
Le comportement étonnamment peu coopératif de certains concessionnaires et l’opacité qui entoure plusieurs contrats de délégation de service public achèvent de convaincre de la réalité d’une situation où l’activité de construction et d’exploitation de parcs de stationnement pour le compte de la collectivité est considérée comme passée dans le domaine privé. Même les techniciens locaux admettent qu’il est aujourd'hui bien difficile d’avoir une vision claire des aspects financiers du stationnement public.
Outre la SORELI, qui s’occupe désormais du parc Rihour-Printemps après ceux du Nouveau Siècle et des Tanneurs, la CGST exploite les parcs Lille Europe, Euralille et Lille Grand Palais, SOGEPARC ceux d’Opéra et de République, GTM ceux de Grand’Place et du Peuple Belge, SCETA PARC celui de Lille-Flandres, tandis que le parc Lille-Gambetta constitue un ouvrage un peu à part, rattaché au centre commercial Champion. Néanmoins, les processus de fusion et d’acquisition auxquels n’a pas échappé l’activité de stationnement font que, désormais, la CGST, SOGEPARC et GTM sont regroupés au sein de VINCI Park, qui se présente comme le numéro un français du stationnement.
Les contrats d’affermage ou de concession laissent des marges de manœuvre très diverses aux exploitants, notamment au niveau de la fixation des tarifs. Certains prévoient même une totale liberté des prix pour le gestionnaire, à l’inverse par exemple de ceux beaucoup plus contraignants qui lient la SORELI à la ville.
pour la première heure. Car, ensuite, la dégressivité des tarifs, qui est un principe adopté par l’ensemble des ouvrages, amène une confusion encore plus importante. Ainsi, en 2000, des parcs qui proposent la première heure à 8 francs (1,22 euros) n’offrent pas tous le même tarif pour 10 heures de stationnement : aux 50 francs (7,62 euros) proposés par les parcs Nouveau Siècle ou Tanneurs (SORELI) répondent par exemple les 70 francs (10,67 euros) des parcs Lille-Europe et Euralille (CGST). Les tarifs ne se sont guère simplifiés depuis.
Les abonnements mensuels proposés dans les parcs publics varient ainsi du simple au double, en allant en 2000 de 450 francs (68,6 euros) pour le parc Peuple Belge à 900 francs (137,2 euros) pour le parc Grand’Place, qui peut compter sur une clientèle horaire très importante.
Les efforts en la matière ont déjà permis de faire passer le nombre d’heures payées dans la zone orange à 3 heures par place et par jour.
Même si, dans le centre de Lille, le stationnement pour motif de travail est globalement plus important que celui lié au domicile (33% contre 25%), les parkings couverts payants offrent un déséquilibre criant entre ces deux types d’usages, qui représentent respectivement plus de 40% et environ 2% de leur fréquentation journalière, tandis que la voirie payante voit ses places se destiner à plus de 20% au premier et à moins de 10% au second (chiffres tirés de l’enquête ménages déplacements réalisée en 1998 dans la métropole lilloise).
en parcs et sur voirie. Pour cette dernière, il ne s’agit pas uniquement d’accroître l’offre de stationnement dans le temps en augmentation la rotation mais aussi dans l’espace. Habituellement considéré peu extensible par essence, le nombre de places de surface a en effet pu être accru, grâce à la mise en sens unique de certaines rues permettant d’implanter deux files de stationnement ou encore en autorisant le stationnement des véhicules à cheval sur la chaussée et le trottoir, par de simple lignes tracées un mètre devant ce dernier.
Communauté Urbaine de Lille, Direction Générale des Services Opérationnels, 1999, op.cit., p.48.
ibid., p.22.
que ce soit sur Lille mais aussi entre les trois pôles de l’agglomération qui ont développé des pratiques et des stratégies différentes en matière de stationnement public.
Le coût d’une heure de stationnement sur voirie est portée à 1,5 euro (10 francs) en zone orange et à 0,75 euro (5 francs) en zone verte, tandis que la zone bleue est intégrée à la zone verte. Pour les résidents, le coût d’une journée de stationnement passe également à 1,5 euro (10 francs).
Ce n’est pas avant dix ans que les prochains délégations de service public devraient être remises sur le marché. En dépit de son statut de SEM de la ville de Lille, la lutte promet néanmoins d’être âpre pour la SORELI qui va se trouver confrontée à de grandes entreprises décidées à conserver leur "part du gâteau". Déjà, les premiers contrats d’affermage des parcs Nouveau Siècle et Tanneurs attribuées à la SORELI a valu à la SEM d’être déferée devant le tribunal administratif : en raison de l’absence de gros travaux à réaliser, ce dernier a alors réduit à 12 ans la durée des contrats, qui portaient initialement sur 30 ans. Puis, le nouveau géant français du stationnement, Vinci Park, a réussi à racheter le contrat du parc Tanneurs pour l’agrandir, avant de sécuriser en 2003 ceux qu’il détenait pour les parcs Euralille (14 ans), Peuple Belge (50 ans) et Grand Place (45 ans).
La SEM communale n’est en effet présente dans aucune autre ville de l’agglomération. Excepté Lille, où la gestion du stationnement public fait appel à une vaste mosaïque d’acteurs, les autres pôles de la conurbation font d’ailleurs apparaître des positions monopolistiques incluant une exploitation conjuguée des parcs et de la voirie : à Tourcoing, c’est la CGST qui gère l’ensemble du stationnement public, tandis qu’à Roubaix la ville a choisi la SEM du Versant Nord-Est (devenue SEM de la Ville renouvelée de Tourcoing) et plus particulièrement PARCOGEST, son département spécifique chargé du stationnement, comme unique prestataire de service.