Partie III. Une recherche en argumentation

Chapitre 6. Questionnement et Hypothèses

6.1 Hypothèse générale : des compétences équivalentes ?

Les précédentes recherches (Espéret, Coquin, Passerault, 1987 ; Brassart, 1988, 1990a et 1990b ; Golder, 1992a, 1992b, 1992c, 1992d, 1996a et 1996b ; Coirier et Golder, 1993 ; Golder et Coirier, 1994, 1996 ; De Bernardi et Antonini, 1996) ont montré les capacités argumentatives des adolescents jusqu’à 16-17 ans, soit en production orale soit en production écrite en situations mono- ou polygérées. D’autres travaux (Akiguet, 1997 ; Brassart, 1988, 1990a, 1990b ; Coquin et Coirier, 1992, Coirier et Golder, 1993 ; Coirier, Coquin-Viennot et Passerault, 1990 ; de Bernardi et Antolini, 1996 ; Dolz, 1994 ; Dolz et Pasquier, 1994 ; Espéret, Coirier, Coquin et Passerault, 1987 ; Golder, 1996a, 1996b ; Golder et Coirier, 1994, 1996) axés sur les opérations cognitives argumentatives utilisées par le locuteur ont établi un effet développemental sur l’organisation argumentative.

Ces recherches mettent en évidence une rupture vers l’âge de 14 ans : les habiletés argumentatives continuent de se développer, les productions se complexifient. A partir de cet âge, les arguments se lient progressivement et le locuteur est capable de prendre en compte, dans sa production langagière, l’absence du destinataire et ses arguments, pour mieux les réfuter. La nature des arguments (Brossard, Gelpe, Lambelin et Nancy, 1990 cités par Golder, 1996b ; Golder, 1992a, 1992c, 1992e,1996a, 1996b ; Golder, Percheron et Pouit, 1999) aura tendance à varier également en fonction de l’âge des sujets : vers 14 ans, les arguments personnels diminuent massivement au profit d’arguments sociaux basés sur des valeurs communes aux interlocuteurs, mais réapparaissent vers 16-17 ans pour personnaliser un argument plus général. Les liaisons entre les arguments ou les contre-argumentations s’articulent grâce à la présence de différents indicateurs psycholinguistiques.

Les indicateurs psycholinguistiques sont des marques (Dolz et Pasquier, 1994 ; Espéret, Coirier, Coquin et Passerault, 1987 ; Golder et Coirier, 1994 ; Golder, 1990, 1993 ; Passerault et Coirier, 1989 ; Rosat, 1990) dont se sert le locuteur pour spécifier son opinion tout en considérant qu’il y en a d’autres possibles. Ces indicateurs précisent l’engagement du locuteur, la prise en compte du destinataire et l’ouverture de l’espace de négociation.

Ces différentes études ont concerné un public de jeunes scolarisés en formation générale. Qu’en est-il chez des adolescents, âgés de 15 à 18 ans, en formation professionnelle ? Cette orientation scolaire est-elle liée à des capacités argumentatives différentes par rapport aux jeunes de cet âge scolarisés en formation générale ?

Hypothèse Générale : les compétences argumentatives des lycéens de 15-18 ans en formation professionnelle sont équivalentes à celles des lycéens en formation générale du même âge, en situation monogérée orale et écrite.