10.6 Conclusion et interprétation sur les modèles énonciatifs dans l’argumentation

L’analyse des résultats indique que les sujets en lycée général se distribuent sur l’ensemble des modèles en situation monogérée écrite et dans les quatre premiers en situation monogérée orale. Les sujets en formation professionnelleprésentent les cinq modèles. Il y a donc une absence du modèle M5 en situation monogérée orale pour le lycée général.

Ces premiers résultats nous permettent de valider une partie de notre hypothèse puisque nous nous attendions effectivement à ce que les sujets se répartissent sur l’un de ces cinq modèles énonciatifs mais également que cette distribution soit homogène entre les situations monogérées (orale et écrite) pour un même groupe de sujets (lycée général et lycée professionnel) et entre les deux groupes. Concernant l’homogénéité entre les situations monogérées, elle est vérifiée pour le lycée général, puisqu’il n’y a pas de différence sur la distribution entre les modèles. Pour le lycée professionnel, une différence est à noter concernant le modèle M1 qui est plus présent en situation monogérée orale qu’écrite. Enfin, la comparaison entre les situations monogérées des deux groupes montre qu’il n’y a pas de différence entre eux.

Cependant au niveau des différences intra individuelles, nous postulions que les sujets gardaient le même modèle énonciatif d’une situation monogérée à l’autre : cette hypothèse n’est pas vérifiée. En effet, l’analyse qualitative présente une variabilité de plus de 80% entre les situations monogérées.

Malgré le fait que la plupart des sujets changent de modèle énonciatif, une analyse plus en nuance (en tenant compte de l’ordre de passation des épreuves : oral puis écrit ou écrit puis oral) montre qu’en réalité 19% des sujets en lycée général et professionnel modifient singulièrement leur mode de fonctionnement argumentatif entre les situations monogérées. En effet, ces sujets passent des modèles M1 – toutes les tâches sont semblables - ou M5 – toutes les tâches sont différentes - à des modèles M2, M3 ou M4 qui proposent de vraies distinctions dans la manière d’argumenter vis-à-vis de destinataires différents. Mais 14.2% des sujets en lycée général et 9.5% des sujets en lycée professionnel font le cheminement inverse puisqu’ils vont des modèles M2, M3 et M4 vers des modèles M1 et M5 dans lesquels ils ne tiennent plus compte du destinataire. Nous en concluons que notre hypothèse concernant l’homogénéité intra individuelle est validée à 66.6% pour le lycée général et à 71.4% pour le lycée professionnel. Il semblerait donc que pour certains sujets il y ait un effet de la modalité de communication : l’écrit ou l’oral (selon les sujets) incitant plus à prendre en compte le destinataire.