L’Internet et les nouveaux moyens de la recherche

En outre, l’historien bénéficie aujourd’hui de nouveaux moyens pour ses recherches, les outils liés à Internet. Nous en avons fait usage à différents niveaux de nos investigations. En premier lieu, grâce au courrier électronique, nous avons pu initier ou prolonger le dialogue avec différents protagonistes de notre histoire. Cela ne remplace pas l’interview directe, mais constitue une solution très simple pour obtenir divers renseignements. Nous avons pu également interroger des scientifiques en activité pour suivre les enjeux et les problèmes de leurs recherches. Ce procédé se rapproche d’une correspondance classique (que nous avons engagée avec un de nos acteurs, faute de courrier électronique) au sens où il laisse un temps de réflexion avant les réponses, mais conserve tout de même une part de la spontanéité de l’entretien oral. Les mêmes moyens du courrier électronique ont facilité les contacts avec la communauté des historiens.

Deuxièmement, de plus en plus d’informations intéressant l’historien sont disponibles sur le Web. Les fonds des bibliothèques françaises sont disponibles en consultation à distance, le Système Universitaire de Documentation permet une recherche efficace dans l’ensemble de ces catalogues. Au niveau des aides à la recherche, il existe également de nombreux index répertoriant les fonds d’archives aux Etats-Unis. Nous avons effectué plusieurs recherches d’archives en consultant les sites Web, puis en prenant contact avec les archivistes, de manière à obtenir des copies des archives, via le courrier postal. Il est évident que ces recherches ne sont pas aussi précises et exhaustives qu’une recherche archivistique effective, sur place, mais elles permettent de consulter des archives hors d’accès géographique à un coût raisonnable, en temps et en argent.  

En outre, le Web regorge de publications utiles pour notre histoire du chaos. Il existe beaucoup de publications éditées par des moyens classiques, de photographies, numérisées et accessibles très facilement. Le site Gallica, qui regroupe la collection des documents numérisés par la Bibliothèque Nationale, en est un bon exemple et nous a fourni quelques uns des documents les plus anciens relatifs à notre histoire. Par ailleurs, des textes inédits sont diffusés sur des sites plus ou moins officiels. Ils suscitent naturellement des inquiétudes quant à leur origine, leur fiabilité et leur pérennité sur le réseau. Si les sites de prétirages ("preprints") mis en place dans les années 1990 donnent des documents d’origine universitaire destinés au milieu de la recherche sur le chaos, à l’opposé, les sites de laboratoires, et plus fréquemment les sites personnels, livrent des documents sans garantie sur leur provenance. L’historien doit s’en remettre à la démarche critique habituelle pour s’assurer du maximum d’objectivité du contenu, en procédant notamment à un recoupement des informations.