c. Max Planck (1858-1947) et le déterminisme

Malgré les oppositions entre Planck et Boltzmann, l’hypothèse de désordre moléculaire trouve avec Planck un bon porte-parole. A travers son interprétation de la théorie quantique des radiations, il promeut l’interprétation statistique de l’entropie à partir de 1900. Ses calculs sur le corps noir sont construits sur les idées de Boltzmann mais Planck, au fond, est un déterministe. Dans cette situation, on retrouve l’ambiguïté liée au fait que la statistique et les probabilités ont un statut qui n’est pas clairement débattu. Quant à la position de Planck, elle mérite d’être citée, vu la similarité avec celle de différents scientifiques au XXème siècle.

‘"Comme les sciences sociales, la physique a appris à apprécier la grande importance d’une méthode complètement différente de la méthode purement causale, et l’a appliquée depuis le milieu du siècle dernier avec un succès continûment croissant. C’est la méthode statistique, et les nouvelles avancées en physique théorique sont liées à son développement...[Alors que cette méthode peut sembler] peu profitable aux besoins scientifiques de nombreux travailleurs qui désirent principalement une élucidations des relations causales, elle est devenue indispensable à la pratique de la physique. Une renonciation impliquerait l’abandon des plus importantes des plus récentes avancées des sciences physiques. Il doit être gardé à l’esprit que la physique, dans le sens exact, ne traite pas de quantité absolument déterminée ; car chaque nombre obtenu par une mesure physique est entaché d’une possible erreur."’ ‘"l’hypothèse de déterminisme absolu est une base nécessaire de l’investigation scientifique" 231

En quelques mots, Planck résume ce qui est en train de se jouer au tournant du XXème siècle avec l’introduction des statistiques en physique. Quant à ses positions déterministes, elles sont au goût de l’époque et assez répandues. Il est bien connu qu’au nom de ces positions, Planck sera réticent à accepter par la suite l’interprétation de Copenhague de la physique quantique qu’il a lui-même contribué à lancer.

Notes
231.

Citations tirées de [BRUSH, S.G., 1983], p. 95-96 (traduction anglaise des originaux allemands) : "Like the social sciences, physics has learnt to appreciate the great importance of a method completely different from the purely causal, and has applied it since the middle of the last century with continually increasing success. This is the statistical method, and the newest advances in theoretical physics have been bound up with its development… [While this method might seem] unsympathetic to the scientific needs of many workers, who desire principally an elucidation of causal relations, yet it has become absolutely indispensable in practical physics. A renunciation of it would involve the abandonment of the most important of the more recent advances of physical science. It must also be borne in mind that physics, in the exact sense, does not deal with quantities that are absolutely determined; for every number obtained by physical measurements is liable to a certain possible error" / " the assumption of absolute determinism is a necessary basis for every scientific explanation".