4.3. Robert S. Shaw : une physique de la dynamique

Dans les années 1976-79, Rössler a proposé une vision du chaos, en léger décalage par rapport à la perspective de Ruelle, progressivement dominante et qui prend de l’ampleur à travers le développement des indices quantitatifs comme les dimensions d’attracteur étrange et les exposants de Lyapounov. La "bataille", qu’il est évidemment exagéré de nommer ainsi puisqu’il n’y pas d’affrontements, ne se résume pas à deux protagonistes, ni à deux camps ou deux voies : il ne s’agit pas d’options inconciliables mais plutôt de nuances sur les objets privilégiés, les objectifs et les méthodes. Rössler n’est pas le seul à présenter une alternative. Nous avions choisi de le mettre en avant pour son originalité et le fait étonnant que ses travaux "réapparaissent" dans les années 1990 dans le champ du chaos. C’est pour leur originalité également que nous discutons les travaux de Robert Shaw. Rössler puisait dans les oscillations chimiques, les systèmes dynamiques et des simulations à l’ordinateur ; Shaw cherche du côté de la physique, de la théorie de l’information et des calculs à l’ordinateur analogique, pour construire un concept de chaos qui intègre ces tendances.