c. Une démarche marquée par la physique

La démarche de Shaw est empreinte de physique. De la même manière que Rössler puisait des intuitions dans les oscillateurs chimiques, Shaw se laisse guider par des images tirées de la physique et une conceptualisation unifiée par la notion d’information. Il vise lui aussi à produire une classification des comportements. Shaw fait œuvre de physicien dans le choix du cadre théorique et dans ses efforts pour suivre une démarche expérimentale (calculs analogiques). Il n’hésite pas à déployer de multiples arguments physiques pour critiquer les incompatibilités entre l’abstraction mathématique et les processus physiques (ensemble de Cantor, réversibilité, nécessité de suivre un second principe…). Cependant, le résultat est assez inclassable car il s’agit autant de physique que de mathématique.

En tout cas, Shaw fait ressortir une notion de chaos très particulière, un peu marginale, mais qui trouve des points de contact avec les conceptions de Rössler, avec les mathématiques des systèmes dynamiques, l’ergodicité, les exposants de Lyapounov : le chaos est un processus dynamique générant un flux d’information.

Tout l’intérêt de ce travail réside selon nous, d’une part, dans l’originalité des notions avancées, montrant qu’il n’y a pas de voie unique aux conceptualisations de chaos, et, d’autre part, dans la proximité avec des réflexions contemporaines, mêlant mathématiques, ordinateur et physique. Nous avons insisté sur Rössler, mais Pomeau (et bientôt Manneville avec lui) est de ceux-là. Feigenbaum, Coullet et Tresser, pour ceux qui s’inscriront dans la question de la transition vers le chaos à la fin des années 1970, y participeront également.