5.3. P. Coullet, C. Tresser et l’universalité

La composante d’universalité est centrale dans la principale alternative aux travaux de Feigenbaum, qui est le fait de deux jeunes physiciens français, travaillant au LPMC (Laboratoire de Physique de la Matière Condensée) à Nice, dans les mêmes années 1976-1980 : Pierre Coullet et Charles Tresser. Signalons toute de suite qu’elle est absente des travaux de Mira et Gumowski. Coullet et Tresser ont commencé leurs recherches en 1977, indépendamment de celles de Feigenbaum, et leur approche est assez similaire. Les résultats convergent surtout pour accréditer l’universalité du mécanisme de doublement de période. Cependant, ce sont les nuances et les différences entre ces deux ensembles qui nous intéressent. On a trop souvent tendance à écarter cette série de travaux sous prétexte qu’ils "retrouvent" les résultats de Feigenbaum ; nous pensons qu’une analyse épistémologique sérieuse permettra de distinguer ce à quoi il faut attribuer la paternité à Feigenbaum, ne serait-ce que sur un argument de chronologie, et ce qui fait l’originalité du travail niçois.

Nous allons montrer que, comme avec Feigenbaum, c’est un point de vue de physicien qui domine leur approche du problème, reposant sur l’analogie avec les transitions de phase. Mais un travail plus complet sur le chaos est associé à cette démarche, dont nous verrons les rapports à la question de la transition et comment il dépasse largement les considérations de Feigenbaum.