c. Perspectives sur l’histoire

En effet, au cours des multiples développements de 1975-82, beaucoup de rencontres très conjoncturelles ont œuvré dans les croisements et échanges conceptuels. Mais plusieurs processus plus structurels sont en jeu, que l’histoire à la charge de révéler. Une histoire du chaos, sur le long terme, devrait éclairer tout ce développement qui paraît si exceptionnel. Nous envisageons de l’inscrire dans quelques tendances parallèles, que nous dissocions, pour la présentation, mais dont nous verrons les relations. Les sept années de développements à partir de 1975 nous ont permis d’en dégager trois.

Il s’agit d’abord, et assez naturellement, de déterminer la place des mathématiques des systèmes dynamiques dans la préhistoire du champ du chaos, et leur évolution depuis Poincaré. La Mécanique statistique et le problème de l’ergodicité, dont les origines remontent à la fin du XIXème siècle demandent à être analysés de manière à rendre compte de leur rôle dans l’histoire du chaos. En parallèle, la question du développement des expériences numériques suscite beaucoup d’interrogations, dans leurs rapports à la physique, aux mathématiques et aux pratiques scientifiques ; il y a également celle qui concerne leur apparition. Quelle importance accorder à Ulam, par exemple ? S’agit-il d’une coïncidence si ceux qui ont utilisé les simulations numériques sont tous des physiciens (ou apparentés), aguerris aux problèmes mathématiques ?

Dans la perspective de répondre à la question des origines du chaos, de la place de Poincaré dans cette histoire, nous aborderons toutes ces thématiques, historiquement. Avec le recul amené par ces analyses nous comprendrons mieux les enjeux en arrière-plan de l’émergence du chaos.