8.2. Nicolas Minorsky et les "analogues dynamiques"

Les mathématiques de Poincaré, et les transformations soviétiques, parviennent aux Etats-Unis essentiellement grâce à Minorsky. L’historiographie fait croire à un renouveau non problématique dans les années 1940 : Minorsky écrit son rapport, Lefschetz y participe et s’alerte du sous-développement des mathématiques des équations différentielles puis engage une action. Mais l’essentiel n’a pas été expliqué : pourquoi cet intérêt pour les mathématiques alors que tout le monde persiste à y faire référence sans les utiliser ? On peut avancer qu’il parle russe, qu’il est ingénieur et maîtrise des mathématiques déjà sophistiquées.

Les raisons qui poussent Minorsky à s’intéresser au qualitatif sont plus subtiles que cela. Minorsky est, en fait, impliqué dans un projet très personnel de construction de calculateur analogique : les machines à calculer sont destinées à l’étude des systèmes non linéaires, que Minorsky rencontre notamment dans les questions de stabilisation des navires. La situation rappelle les travaux de Van der Pol avec quelques nuances.

L’historiographie a escamoté tout ce rapport complexe à la technique, pour se limiter, comme nous l’avons volontairement fait au chapitre 6, à inférer que les problèmes techniques "nécessitent" l’emploi des mathématiques.