c. Dans les années 1960 : évolution de la pratique et reconnaissance internationale

Avec Vogel comme directeur, le laboratoire se forge une culture de la "dynamique théorique" qui prend son plein essor dans les années 1960. Cela se traduit par une diversification des thématiques abordées. Vogel s’intéresse aux "systèmes héréditaires", c’est-à-dire les systèmes dynamiques incluant une mémoire, et développe une théorie de la fatigue des matériaux. Fidèle à son passé d’ingénieur, l’appareillage en vue des expériences associées est construit 1361 . Argémi s’oriente plus résolument vers les mathématiques des systèmes dynamiques, l’étude des points singuliers devient sa spécialité.

Mais par delà la diversification, la pratique scientifique est conservée et Vogel forme les chercheurs en dynamique théorique, de manière presque méthodique et un peu paternaliste 1362  : généralement, ce sont des ingénieurs qui sont ensuite convertis à la recherche. Les sujets de recherche et l’environnement crée par Vogel incitent alors à apprendre les mathématiques de Poincaré. Sideriades, Argémi, bientôt Robert Bouc et Michel Jean, qui deviendront les piliers du département de dynamique théorique suivent ce type de parcours.

A partir de 1962, le laboratoire prend un nouvel élan. De nouveaux locaux ont été construits, il est rebaptisé Centre de Recherches en Physique, témoignant de l’évolution de son activité après vingt années de fonctionnement. Surtout, de nouveaux équipements sont installés : un calculateur analogique Djinn, puis une machine numérique CAB 500, puis deux calculateurs analogiques Analac.

Ils ne sont pas réservés à la dynamique théorique, mais le fait est que ces calculateurs sont immédiatement utilisés pour ces questions. Il nous semble que la sensibilité développée par Vogel, la combinaison des mathématiques et des expériences, a un effet bénéfique. Il paraît donc tout naturel de faire des calculs numériques. En simplifiant un peu, on peut dire que le développement ultérieur des mathématiques appliquées au laboratoire sort grandement de cette facilité à appréhender le calcul scientifique. La théorie des oscillations non linéaires et la pratique de Vogel se développent dans ce contexte, avant une crise et des bouleversements au laboratoire à partir de 1970. Pour signifier cette persistance nous prendrons un seul exemple, celui de Michel Jean.

Notes
1361.

Rapport au comité de direction, 21 juin 1961. Archives LMA.

1362.

Communication personnelle de R. Bouc : Canac était un directeur plutôt autoritaire, Vogel laissait plus de liberté.