9.3. Lorenz et la météorologie numérique

Dire que l’ordinateur est intervenu dans les travaux du météorologue Edward Lorenz relève de la banalité, si on se limite aux petites histoires circulant depuis l’ouvrage de J. Gleick 1467 , à propos des travaux de 1960 à 1963. Il est vrai que ses calculs ont révélé des phénomènes dont l’importance était sous-estimée dans le milieu de la météorologie : les instabilités, associées à des phénomènes non périodiques, sont présentes dans les modèles les plus simples et conduisent à des pertes de "prédictibilité". Le travail de Lorenz s’inscrit en réalité dans une double perspective. D’une part, Lorenz fait usage de l’ordinateur, ce nouvel instrument pour la météorologie dans les années 1950 et l’oriente pour répondre à des questions de méthodologie et d’épistémologie sur la prédiction et la prédictibilité. D’autre part, Lorenz est dans un contexte de débats sur la prédiction, opposant les tenants des prévisions dynamiques aux statisticiens. Comme nous allons le voir, la "surprise" et les textes célèbres de 1963-64 sont le résultat de la combinaison des calculs numériques et de sa démarche critique de la voie statistique.

Notes
1467.

Gleick romance les travaux de Lorenz et présente presque comme un coup de chance les observations numériques de Lorenz. [GLEICK, J., 1991], p. 33-35 en particulier.