Chapitre 10. La chimie des oscillations

Différentes traditions de recherche, disciplines, conceptions et pratiques déterminent l’histoire du chaos, du XIXème siècle jusqu’aux années 1980. Nous en avons exploré les principales lignes, axées sur les mathématiques des systèmes dynamiques et la Mécanique statistique d’une part, les pratiques analogiques et le calcul numérique d’autre part. Les travaux d’Otto Rössler illustrent le fait que d’autres conceptions doivent être intégrées à cette histoire, au niveau de la chimie des oscillations. Pour rendre toute la complexité de notre récit, il nous paraît judicieux de proposer une étude de ce cas. Nous nous proposons donc de montrer comment la chimie des oscillations participe à l’histoire du chaos, s’y rattache et se nourrit des analyses déjà présentées, aussi bien avant 1975, qu’après. L’analogie, la modélisation et la simulation, les mathématiques de Poincaré, entre autres, sont des constantes dans le développement des conceptions sur les oscillations chimiques ; nous en déterminerons l’impact sur le développement du "chaos chimique".

Cette étude porte sur pratiquement tout le XXème siècle 1503 . La première étape dans le cheminement aboutissant au chaos a été celle de l’acceptation de l’existence des oscillations chimiques (homogènes). Par la voie de la modélisation, de l’analogie, mais aussi par un renouvellement des conceptions thermodynamiques, ces réactions sont parvenues à un statut d’objet d’étude légitime. Le plein essor de ces considérations correspond aux années 1970, où une véritable chimie non linéaire se met en place. Nous verrons qu’il s’agit d’un prélude à la phase d’expérimentation du chaos chimique et des interrogations sur la nature de ce chaos.

Notes
1503.

Faire une histoire plus complète de la chimie des oscillations nous entraînerait dans diverses considérations du XIXème siècle (voire encore antérieurement), ce que nous ne ferons pas ici. A. M. Zhabotinsky évoque des travaux remontant jusqu’à Robert Boyle, au XVIIèmesiècle. Les plus vieux travaux ne sont sans doute que des observations et ne constituent en rien des travaux "pionniers" du domaine. [ZHABOTINSKII, A.M., 1991]. Pour une étude historique plus fouillée, nous renvoyons à [PACAULT, A., PERRAUD, J.J, 1997], chapitre XIV, p. 118-124.