L’impact des travaux de Lotka

Les arguments théoriques de Hirniak et Lotka sont fécondés par l’approche plus expérimentale du chimiste américain William Bray. Dans ce registre il propose en 1921, une description des oscillations dans la décomposition catalytique de l’eau oxygénée en présence d’un couple iode/iodate, en milieu homogène. Bray est très proche des travaux de Bredig et en connaissant les thèses de ce dernier, il lance une interprétation en terme de catalyse homogène. Pour cela il fait sienne l’analyse de Lotka concernant la présence d’autocatalyse et émet l’hypothèse de l’existence d’un tel mécanisme dans sa réaction. Cependant en 1921, Bray ne dispose pas de suffisamment de résultats sur les mécanismes en jeu pour assurer cette interprétation.

En outre, les analyses de Bray s’attirent l’hostilité des partisans de la thèse de l’hétérogénéité. Les travaux de Ostwald et Bredig ont encore toute leur importance et plusieurs tentatives de réfutation des idées de Bray voient le jour : Ernest Hedges et James Myers en 1924, Francis Rice et Orland Reiff en 1927, prétextent la présence de poussière (et donc d’une catalyse hétérogène) ou de sursaturation 1522 .

Bray dirigeant un étudiant sur ce sujet, Hermann Liebhafsky 1523 , persiste. Ils cherchent probablement les mécanismes responsables des oscillations mais leurs tentatives sont limitées par un problème d’ordre technique. D’après Pacault et Perraud en effet, les dispositifs expérimentaux étaient adaptés aux questions de la cinétique chimique mais l’apparition d’un comportement oscillant est plutôt susceptible de perturber ces analyses 1524 . Finalement, leur projet est abandonné. Bray est en quelque sorte désarmé en même temps que gagne un certain désintérêt pour le sujet à la fin des années 1920.

Notes
1522.

[PACAULT, A., PERRAUD, J.J., 1997], p. 31-33.

1523.

Voir par exemple leur article : [BRAY, W.C., LIEBHAFSKY, H.A., 1931].

1524.

[PACAULT, A., PERRAUD, J.J., 1997], p. 33.