a. Un premier regard sur la situation générale

Au préalable, nous proposons une rapide localisation des pôles de recherches sur le chaos, en France, avant 1970, puis une première approche globale du problème, à travers les sections du Comité National.

Des tentatives isolées

A plusieurs reprises, les recherches en matière de non linéaire au CNRS ont déjà été évoquées dans les précédents chapitres. Pour l’essentiel, il s’agit du travail de l’astronome Michel Hénon, qui a fait toute sa carrière au CNRS, à l’Observatoire de Paris-Meudon, puis à celui de Nice 1595 . Deux autres groupes se sont illustrés. Le groupe de "dynamique théorique" au sein du CRSIM-CRP, autour de Théodore Vogel 1596  : ce laboratoire est le premier laboratoire propre du CNRS crée en province en 1941. Christian Mira et Igor Gumowski ont développé une activité sur les récurrences non linéaires, au LAAS (Laboratoire d’Automatique et d’Analyse des Systèmes), à Toulouse, également laboratoire propre du CNRS 1597 .

L’autre pôle d’activité en France est l’IHES (Institut des Hautes Etudes Scientifiques), avec René Thom et David Ruelle ; il est inutile de rappeler l’importance de ces recherches en mathématiques des systèmes dynamiques 1598 , et comme il existe très peu de liens avec le CNRS, nous ne nous étendrons pas sur la question. On peut ajouter qu’en termes institutionnels, l’IHES est un institut très singulier et surtout très marginal dans l’ensemble de la recherche française, mieux représentée par le CNRS.

Pour autant, les trois groupes du CNRS mentionnés restent assez isolés sur le plan national 1599 . Les collaborations internationales sont plus développées que les collaborations avec des chercheurs français. De manière assez surprenante au premier abord, il n’y a que très peu de contacts entre ces groupes, chacun poursuivant ses recherches selon ses méthodes, ses problématiques. Un tel isolement demande à être expliqué et il conviendrait d’estimer l’engagement de l’institution CNRS dans ces groupes et dans leur développement.

Notes
1595.

Au chapitre 7 (page 496) nous avons mis en perspective ses recherches par rapport aux problématiques de l’instabilité et au chapitre 9 (page 573), sa pratique du calcul scientifique a été analysée.

1596.

L’activité en matière d’oscillations non linéaires fait l’objet de quelques paragraphes au chapitre 8, page 551.

1597.

Nous avons abordé les questions relatives au doublement de période dans les itérations au chapitre 5, page 320. Dans la suite, nous resituerons l’ensemble de leurs travaux sur les récurrences non linéaires, en rapport avec les problématiques du LAAS.

1598.

Cela a fait l’objet du chapitre 6, en particulier page 431.

1599.

Hénon travaille en solitaire (cf. note , p. 660), le groupe de "dynamique théorique" est plus connu à l’étranger qu’en France (voir p. 560).