Premiers éléments d’analyse : à travers le Comité National

Le Comité National, est un organe d’évaluation et de consultation pour le CNRS ; il reflète les choix en matière de politique scientifique de l’organisme de recherche et nous permet d’illustrer les tendances principales de l’évolution du CNRS. Une simple lecture des tableaux des sections du Comité National fait apparaître ce qui a été le premier handicap à l’éclosion de recherches en science du non linéaire et du chaos, au moins jusque dans les années 1970 : le cloisonnement disciplinaire. La conclusion est un peu hâtive en l’état, mais notre analyse montrera l’inertie de cette "disciplinarisation" au CNRS.

On peut donner quelques premières explications très brèves à ce découpage, en cherchant du côté des traditions scientifiques françaises. En effet, les premiers comités nationaux sont quasiment des copies conformes de la hiérarchie comtienne des sciences 1600  ; nul besoin de rappeler le poids des conceptions positivistes dans la science française contemporaine. Néanmoins, il peut être surprenant de retrouver cette hiérarchie, plus d’un siècle après la présentation de la doctrine de Comte. En fait, il convient de rappeler que le Comité National est composé d’universitaires en 1945 : le Comité reproduit ainsi cette structure universitaire, qui a elle-même hérité du positivisme.

Les mathématiques, science positive par excellence, bénéficient d’une place privilégiée. Le Comité National fait place à trois sections de mathématiques et l’importance accordée aux mathématiques est manifeste. Nous verrons que c’est également une conception des mathématiques qui est en jeu, parallèle aux idées sur les "mathématiques pures" et aux conceptions du groupe Bourbaki. Nous évaluerons l’influence de cette sectorisation sur les développements du non linéaire et du chaos.

Notes
1600.

La classification comtienne organise hiérarchiquement les mathématiques (sciences parvenues à leur stade positif), puis, successivement, la mécanique céleste, astronomie, physique, chimie, biologie, sciences humaines et sciences sociales. La doctrine de Comte est exposée dans son célèbre Cours de Philosophie Positive [COMTE, A., 1975]