La mise en place des SPI au CNRS

Au sein du CNRS, sous l’impulsion de H. Curien (Directeur du CNRS, 1969-73) s’engage, en janvier 1972, une réflexion pour réformer le Comité National en vue de l’adapter à la nouvelle ambition d’"avoir désormais une politique de la recherche" et donc d’accepter une planification de la recherche 1682 . Le groupe de réflexion avance plusieurs déterminants pour cette évolution. D’une part, il faut rompre avec l’ancienne classification du Comité National en disciplines cloisonnées. D’autre part, il ressort qu’à côté de la mission de production de connaissance le CNRS ne participe pas assez à l’"application" (valorisation, transfert au monde socio-économique) et à la diffusion de la connaissance.

En conséquence, le CNRS doit développer des collaborations avec d’autres organismes tout en déployant une activité propre. La nouvelle typologie en trois secteurs, "sciences d’analyse", "sciences d’action" et celui, intermédiaire, des "sciences pour l’ingénieur" viendrait remplacer le schéma classique obsolescent.

Les réformes de 1975 concrétisent ces propositions. L’action du CNRS doit désormais s’appuyer sur la science d’analyse et pour l’ingénieur. Cela traduit un changement de perception de l’activité de recherche : ce n’est plus une simple accumulation de connaissances, mais une perpétuelle "invention de nouvelles techniques, surtout de nouveaux modèles, capables d’appréhender une réalité expérimentale toujours plus complexe" 1683 . Au fond le problème est de créer une chaîne allant de la recherche fondamentale à la société (et inversement). Si bon nombre de propositions sont faites 1684 , la mise en place pratique, au niveau des laboratoires, est encore à faire en 1975.

Notes
1682.

Il s’agit de redéfinir les missions du Comité National, dont la première devra être celle d’élaborer un Rapport de conjoncture base de définition d’une politique de la science au sein du CNRS.

1683.

[RAMUNNI, G., 1995], p. 36 (en italique dans le texte).

1684.

Le rapport de conjoncture 1974 abonde en suggestions et orientations : la formation à la recherche, par la recherche, le prolongement de l’effort en science d’analyse et surtout attirer vers les sciences pour l’ingénieur. Dans un contexte de crise énergétique et de morosité économique, les auteurs préconisent par exemple : "une approche des problèmes liés à la crise de croissance qui ont été évoqués plus haut, nécessite un stock énorme de connaissances au niveau justement des sciences de transfert. Il importe donc au premier chef de leur attribuer la place à laquelle elles doivent accéder et un effort essentiel doit être fait en ce sens pour motiver les chercheurs à s’orienter dans cette voie", Rapport de conjoncture du CNRS 1974, p. 25.