B. Nayroles et le Laboratoire de Mécanique et Acoustique

Bernard Nayroles (né en 1937) est ingénieur de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures (1959), formé aux mathématiques et à la Mécanique 1690 . Il a une expérience de direction de laboratoire, et ajoutons, comme il le dit lui-même, un goût pour l’équilibre entre théorie, instrumentation et expérimentation 1691 . Ces points sont d’une grande importance pour cerner la période Nayroles (1973-1984).

Nayroles a été choisi pour réorganiser le laboratoire, qui change rapidement de nom pour LMA, Laboratoire de Mécanique et Acoustique 1692 . Le nouveau laboratoire doit, selon lui, avoir une organisation souple et une hiérarchie réduite aux deux chefs de département. Le principe qu’il veut mettre en place est celui de créer des équipes, pour une période de temps suffisante à l’exécution d’un projet 1693 . Les idées concordent avec les souhaits émis par la direction du CNRS (celles de Chabbal notamment) et sont en rupture avec les anciennes pratiques du laboratoire.

Le LMA en 1975 a donc deux départements et 12 équipes 1694 . Parmi elles,  l’équipe "Equations différentielles fonctionnelles et modèles de la mécanique" succède à la dynamique théorique. M. Jean et R. Bouc, anciens élèves de Vogel, se retrouvent dans l’équipe "Endommagement, fatigue et fissuration". L’ancien service d’élasticité et mathématiques appliquées devient "dynamique des structures" et "matériaux composites" et il se constitue une dernière équipe "Dynamique des systèmes continus".

Nayroles amène ses thèmes de recherche et cherche à développer les contacts avec les industriels. Cependant, durant les années 1970, le dialogue et les négociations en matière de SPI avec les industriels sont difficiles et témoignent de beaucoup de mécompréhensions réciproques 1695 . On serait tenté de dire que les idées de Nayroles cadrent d’emblée avec la recherche SPI et donnent le ton de la recherche SPI au LMA. Mais le bouleversement ne se limite pas à cela : ce sont aussi les pratiques de recherche qui ont été modifiées, notamment par l’avènement de l’informatique sous l’impulsion de Nayroles.

Notes
1690.

Nayroles est docteur ès Sciences Mathématiques en 1965 : sa spécialité en arrivant au LMA est la mécanique théorique des solides, mécanique des milieux continus. Son parcours institutionnel passe par un poste d’Attaché de Recherche au CNRS, par l’ONERA (pendant son service militaire), puis Chargé de Recherche et enfin Maître de Conférence à Poitiers (IUT). Il est le responsable de la création et du développement du Département de Génie Mécanique de l’IUT. Renseignements tirés d’un curriculum vitae de Nayroles, Archives du LMA.

1691.

Rapport d’Activité de recherche- Période 1977-1984, B. Nayroles (Archives du LMA). B. Nayroles a une conception très pragmatique de la recherche et se rapproche de l’idée selon laquelle une théorie est bonne si elle permet de faire des calculs numériques pour les confronter à l’expérience.

1692.

Au départ, il devait s’appeler LAM, mais Nayroles pense que l’acoustique est une partie de la mécanique et que LMA est donc plus approprié. Compte rendu du Conseil de laboratoire du 27 septembre 1973 (Archives du LMA).

1693.

"Je souhaiterais voir se constituer naturellement des équipes traitant un programme allant de la théorie la plus abstraite à l’expérience la plus concrète" (Compte rendu du Conseil de laboratoire, 27 septembre 1973, Archives du LMA). Nayroles juge que l’organisation précédente est trop rigide : associer un Maître de Recherche à un service, avec des moyens et un matériel propre rend difficile toute réorientation. Il conçoit l’organisation ainsi : le "but à atteindre est l’accomplissement d’un programme de recherche : pour chacun on constitue une équipe et l’existence de celle-ci se limite au temps nécessaire à son exécution." (Rapport au Comité de direction, 14 juin 1974, Archives du LMA). Le budget de fonctionnement et le matériel sont répartis globalement, les contrats de chaque équipe sont redistribués au laboratoire pour effacer les disparités.

1694.

Le département d’acoustique est organisé en cinq équipes, plus compactes que précédemment : théories acoustiques / acoustique appliquée / acoustique aérodynamique / acoustique musicale / propagation en milieu liquide. La mécanique compte sept équipes.

1695.

Avant les années 1980 les contrats privés sont en fait peu nombreux et sans comparaison avec la manne représentée par la DGRST et la DRME (Direction des Recherches et Moyens d’Essais), de loin les principaux pourvoyeurs de contrats du LMA. Par la suite, les contrats associant le secteur privé au cours des années 1980, seront le fait des "gros industriels" comme Renault ou Peugeot tant parce qu’ils sont bien dotés, que parce qu’ils sont demandeurs de cette recherche "fondamentale" pour l’ingénieur.