L’informatique au LMA

Vogel était parvenu à implanter des moyens de calcul au CRP, utilisés par les plus mathématiciens des chercheurs, en "dynamique théorique" notamment. Cependant, sans renouvellement, sans politique forte de développement, sans soutien particulier du CNRS, les moyens déployés sont très modestes. Nayroles est lui aussi partisan de développer l’informatique au laboratoire 1696 . Au prix de quelques sacrifices financiers, la décision est prise en 1974 d’installer une station de calcul (MITRA 15) 1697 . Plusieurs facteurs expliquent ce choix.

Les modèles mathématiques employés en Mécanique sont toujours plus sophistiqués : pour en assurer la simulation, les calculateurs doivent être puissants. Cette situation n’est d’ailleurs pas limitée à la Mécanique, mais touche toute la physique à ce moment-là (par exemple en Mécanique statistique 1698 ).

Au LMA, l’informatique est nécessaire pour deux autres activités : le contrôle d’expérience, le traitement de données (incluant la collecte automatisée des signaux et leur traitement) 1699 . En fait, ce sont les nécessités des SPI qui obligent à informatiser les recherches. Les développements des SPI et de l’informatique sont indissociables. En 1979, Nayroles en est parfaitement conscient et il oriente le LMA vers l’informatique en écartant les pratiques classiques : au comité de direction en Mai 1979, il est ainsi décidé d’abandonner l’équipement mécanique lourd au profit d’un investissement massif en informatique (couvrant 2/3 du budget d’équipement), ce qui est d’autant plus audacieux que cette fin des années 1970 est marquée par une nouvelle pénurie budgétaire. En quelques années, le laboratoire va développer son propre centre de calcul (avec l’achat d’un PDP 11-60). La transformation de l’activité et des pratiques du laboratoire est radicale.

Notes
1696.

Il affirme lui-même avoir "un goût particulièrement prononcé pour les systèmes informatiques", et sa femme, qui travaille aussi au LMA, est informaticienne professionnelle (normalienne, agrégé de mathématiques, elle s’est tournée vers la mécanique puis l’informatique). (Lettre du 18 mai1978 de B. Nayroles à P. Stefanou, Compagine IBM France, Archives du LMA).

1697.

Procès verbal du Conseil de laboratoire du 12 et 14 février 1975, Archives du LMA. Un mois après son entrée au laboratoire, Nayroles avait déjà choisi d’implanter un terminal connecté au Centre de Calcul du Pharo (Centre de Calcul Universitaire implanté à Marseille) (Procès verbal du Conseil de Laboratoire, 23 novembre 1973). L’objectif de l’installation du MITRA 15 est de concevoir des programmes finalisés au laboratoire, transmis ensuite au Pharo.

1698.

Comme il a été signalé dans le Rapport de conjoncture de 1969 par exemple. Cf. p. 671.

1699.

La thermographie infrarouge, technique d’analyse des résistances de matériaux, nécessite l’exploitation numérique d’images, du traitement du signal très poussé. Le projet A3 (Absorption Acoustique Active), projet phare en acoustique, mobilise beaucoup de traitement du signal et d’informatique.