e. Fin de la "préhistoire du chaos"
Avec le départ de Mira les efforts entretenus jusque là en plein cœur du CNRS, au sujet du non linéaire, d’un point de vue théorique et un peu désintéressé, se terminent pour ce qui rentre dans le cadre SPI. Par une petite ironie de l’histoire, deux rapports de l’année 1974 rendent hommage à ce qui est abandonné. Dans le Rapport de conjoncture de 1974, au chapitre sur les SPI, la Mécanique non linéaire et le travail au LMA sont soulignés 1721 . Le rapport d’activité du CNRS, consacré à la section "Electronique, Automatique, Informatique" est, quant à lui, illustré, en première page, par une magnifique figure construite par le groupe de Mira, représentant les "zones stochastiques" d’un système de récurrence (qu’on qualifiera d’attracteur étrange quelques temps après) 1722 .
Mais plutôt qu’un abandon, il s’agit d’une conversion d’un acquis dans le mouvement des SPI. Nous l’avons dit, le développement de ces considérations dans les années 1970 relève plus logiquement du département MPB que des SPI. Cependant, rien après cette fin précipitée, ne vient relayer directement ces travaux réalisés avant 1975, au CNRS.
En un sens, le CNRS qui avait pour prérogative de favoriser l’émergence de nouveaux champs d’activité n’aura pas rempli sa mission dans la "préhistoire du chaos". Son rôle a même été extrêmement limité. Le développement des nouvelles problématiques au sein du CNRS est plus le fruit d’actions individuelles, de personnalités attachées à leur indépendance et au choix de leurs thèmes de recherche, que d’une volonté de l’institution. Cependant cette liberté a de moins en moins de place dans une science organisée comme les Sciences pour l’Ingénieur. Le CNRS aura marqué l’évolution en ce sens, par la réorientation volontariste vers les SPI. A la fin des années 1970, cependant, nous verrons que quelques tentatives de redynamiser le champ se sont faites ressentir.