La Mécanique statistique

La Mécanique statistique constitue la théorie essentielle sous-tendant l’évolution vers les systèmes complexes. Elle est sollicitée au cœur des questions de la physique de la matière condensée et d’autres domaines comme l’hydrodynamique ou les plasmas. Il s’agit aussi d’une confirmation puisque le rapport de conjoncture de 1969 l’avait déjà mise en avant 1734 .

La Mécanique statistique est également très symbolique de l’évolution de la physique. Elle participe des rapprochements sur le plan des méthodes et des objets d’étude : par exemple pour les phénomènes hors équilibre (physique statistique et physique nucléaire) ou pour l’étude des polymères (Mécanique statistique et théorie des champs). Les approches traditionnelles de la complexité par la Mécanique statistique sont complétées, avec l’arrivée, dans les années 1980 des automates cellulaires, des théories des verres de spin, des modèles fractals ; les questions de systèmes dynamiques ou encore de systèmes désordonnés se développent en parallèle 1735 . En outre, la Mécanique statistique et les études des phénomènes complexes réclament toujours plus de moyens de calcul ; c’est d’ailleurs le principal handicap posé à son évolution car les besoins croissants sont loin d’être satisfaits, comme cela est signalé régulièrement 1736 .

La meilleure confirmation de cette percée de la complexité, associée à la Mécanique statistique, est sans doute la création en 1988 du Laboratoire de Physique Statistique (LPS), au sein de l’Ecole Normale Supérieure, en association avec le CNRS 1737 . Les thèmes sont focalisés sur l’étude des propriétés macroscopiques de systèmes désordonnés, fluides ou solides 1738 . Le dénominateur commun à ces recherches est l’emploi de concepts avancés en Mécanique statistique. L’activité est aussi bien théorique, qu’expérimentale avec en plus "un abondant recours aux simulations numériques appliquées aussi bien à des systèmes réalistes qu’à des modèles simplifiés" 1739 .

Notes
1734.

Au niveau des rapports sur la physique théorique, la mécanique statistique tend même à prendre la première place à la physique mathématique et à la relativité, par exemple dans le Rapport d’activité de 1972 concernant la physique théorique (aux pages 186-194).

1735.

Rapport d’activité 1985, Rapport de conjoncture 1984.

1736.

Dans le rapport de conjoncture de 1969, l’importance des moyens de simulation était déjà mis en avant. Dans celui de 1984, par exemple, le décalage entre les besoins et la disponibilité des machines est souligné (Rapport de conjoncture du CNRS 1984, p. 13).

1737.

Il s’agit d’un regroupement de chercheurs issus du groupe de Physique des solides de l’ENS, du Laboratoire de spectroscopie Hertzienne de l’ENS et de chercheurs d’autres horizons, notamment du CEA. Au départ, l’effectif rassemble 17 chercheurs CNRS pour 7 enseignants-chercheurs.

1738.

Réseau de neurones formels et automates cellulaires / études de problèmes à frontières libres / études théoriques en hydrodynamique / études expérimentales de systèmes non linéaires / étude de la croissance des cristaux.

1739.

Ces détails sont issus de La Lettre du MPB, Septembre-octobre 1988 qui consacre un dossier à ce laboratoire.