En interne

En tout état de cause, les recherches au MPB, malgré les discours, restent majoritairement des développements "internes" jusque dans les années 1980. Ce sont avant tout de la physique pour les physiciens et des mathématiques pour mathématiciens. Les collaborations entre disciplines se font rarement. Les catégories mentales du fondamental et de l’appliqué sont encore très présentes et servent à justifier ces attitudes. Les raisonnements s’apparentent tout à fait aux développements qu’on peut trouver dans les années 1960 : la recherche fondamentale donnera des applications 1740 .

Encore en 1981 le MPB se définit comme un secteur où on fait de la recherche fondamentale, qui "n’exclut pas pour autant un intérêt de plus en plus marqué [...] pour des sujets présentant un caractère appliqué" 1741 . Les choix du département se font en conséquence, sur l’originalité et la qualité des projets de recherche.

Jusqu’au début des années 1980 cette position est une constante et seules quelques collaborations avec le secteur SPI se sont fait jour, comme l’activité concernant les matériaux 1742 . Ces collaborations sont à rapprocher de l’action du secteur SPI en direction des autres pour les inciter à ne pas se replier sur eux-mêmes 1743 . Le secteur SPI est au centre d’un réseau de relations impliquant le MPB sur quelques points, en plus des matériaux, comme la physique des lasers et des semi-conducteurs, notamment. Tout ceci laisse penser que la relation SPI-MPB, lorsqu’elle existe, n’est qu’un prolongement d’une situation de recherches sur des thèmes auparavant non dissociés en analyse / transfert. Il ne semble pas y avoir de collaborations entièrement nouvelles. Mais cette situation n’est-elle pas naturelle dans le sens où il n’y a pas d’incitation particulière, plus précisément pas de politique générale de la physique au CNRS qui pourrait ouvrir sur de telles interactions ?

Notes
1740.

L’exemple de la présentation de synthèse du rapport d’activité 1977-78 en est symptomatique. Le raisonnement développé a pour but d’expliquer les spécificités, l’importance des recherches en physique et de montrer que la physique de base devrait avoir une place dans les actions prioritaires (ce qu’elle n’a pas eu les années précédentes). Ainsi, les recherches en physique ne "sont pas menées hors de tout contact avec le reste du monde. De nombreux concepts physiques trouvent un champ d’application plus vaste dans d’autres domaines de la science [...] De même les physiciens profitent des progrès des autres disciplines qui peuvent leur fournir des exemples de systèmes modèles particulièrement bien adaptés pour tester leurs idées [...] les physiciens sont à l’affût de développements technologiques : matériaux, instruments, et jouent, sans complaisance, un rôle de critique pour l’industrie nationale car ils sont très exigeant quant à la qualité et aux performances des appareillages" (p. 197).

1741.

Rapport d’activité 1981-82, p. 25.

1742.

En 1980 débute le programme "Science des matériaux", mis au point au CNRS et soutenu par la DGRST, qui entend développer des thèmes comme la plasticité, la physico-chimie des surfaces et interfaces, les milieux aléatoires macroscopiques, etc. Le programme est construit sur les relations entre la physique (de base et pour l’ingénieur) et la chimie : ici, la physique de la matière condensée s’inscrit naturellement dans ces thèmes et y participe activement. Le Rapport d’activité 1979-80 donne des détails sur la première année du programme au niveau du MPB.

1743.

[RAMUNNI, G., 1995], p. 90.