Une ATP en marge du LMA : José Argémi et la neurophysiologie

Le projet élaboré par José Argémi, chercheur au LMA, est un bon exemple, assez symbolique, de l’utilisation de ces ATP. L’activité d’Argémi est caractérisée par un relatif isolement dans son laboratoire : la réorganisation (et certainement les choix de ce chercheur) n’a pas permis son intégration véritable à une équipe de recherches. C’est grâce à une collaboration extérieure avec un chercheur de l’Institut de Neuro-Physiologie (INP) sur la thématique du chaos et travaux connexes qu’une solution est trouvée. Ceci donne lieu à une ATP "Bifurcations de solutions périodiques pour des modèles neurophysiologiques" 1766 intégrée à l’appel d’offre "Théorie et applications de la bifurcation". Le projet est la suite donnée à une collaboration de quatre années entre le LMA et l’INP (entre J. Argémi et M. Gola) et implique désormais un groupe de mathématiciens plus large (de l’IRMA de Strasbourg notamment) et un électronicien.

Le projet est chargé d’histoire locale et empreint d’une démarche rappelant celle de Vogel. L’intérêt du projet est résumé par les auteurs :

‘"Ainsi, le mathématicien familiarisé avec la théorie des systèmes dynamiques apporte au neurophysiologiste, qui établit ses modèles à partir d’expériences et d’observations concrètes, des éléments prédictifs non négligeables, et à son tour, le neurophysiologiste fertilise la recherche mathématique en exhibant des problèmes dont la solution nécessite l’élaboration de nouvelles méthodes d’approche." 1767

Le bilan de 1983 reflète le relatif succès du projet et la pratique scientifique très particulière à l’œuvre dans ces travaux à base de théorie des systèmes dynamiques. Au niveau des résultats, il y a tout d’abord une petite surprise : "un résultat quelque peu inattendu a été la mise en évidence [...] de solutions qui deviennent chaotiques par doublement de période" 1768 . Quant à la démarche, elle est qualitative, globale et vise à prendre en compte la complexité du problème :

‘"[…] il s’agit non seulement de décrire un comportement complexe en termes d’interactions d’éléments simples, mais aussi de déterminer les éléments pertinents du modèle probatoire. Pour cela, l’aide d’un calculateur est indispensable mais le grand nombre de paramètres manipulés rend impossible une étude exhaustive de leurs influences respectives. L’appel à des méthodes qualitatives et plus globales est donc indispensable" 1769 . ’

Par ailleurs, les chercheurs ont été amenés à développer des programmes d’intégration numérique pour leurs problèmes.

Aucun cadre institutionnel ni l’INP, ni le LMA n’est propice au développement d’une telle recherche. Les ATP ont donc facilité ces collaborations particulières, mais finalement communes au sujet du chaos. L’ATP est un relais financier, une aide pour élargir les collaborations 1770 , un soutien à des recherches marginalisées, sans issue institutionnelle.

Notes
1766.

Elle s’étale sur 2 ans, est financé à hauteur de 40 KF et se veut une recherche "à vocation pluridisciplinaire". Projet d’ATP présenté par J. Argémi, septembre 1980. Archives du CNRS, G-850117 Art 4-7.

1767.

Plan de recherche de l’ATP, p. 3. Archives du CNRS, G-850117 Art 4-7.

1768.

Rapport final de l’ATP, 28 février 1983, p. 3. Archives du CNRS, G-850117 Art 4-7.

1769.

Ibid., p. 1.

1770.

L’aide financière permet les contacts et les rencontres avec R. Thom (qu’Argémi semble bien connaître), es déplacements pour exposer les résultats (à l’IHES et au Laboratoire de Mécanique Théorique à Paris). Rapport final de l’ATP, 28 février 1983. Archives du CNRS, G-850117 Art 4-7.