d. Le domaine du chaos, années 1980

L’évolution souhaitée au niveau des mathématiques devrait trouver des résonances importantes avec la question du chaos, qui s’épanouit pleinement depuis 1980. Mais il est très difficile d’en évaluer l’impact au niveau de la production des résultats. Nous en avons suivi la trace grâce aux ATP de mathématiques, qui s’arrêtent en 1985 : il est certain que la demande ne s’est pas tarie, mais les ATP ont eu tendance à se systématiser, au point de perdre leur âme de moyen financier provisoire. Sur la période des années 1980, à l’heure actuelle, nous n’avons pu récolter que quelques indices.

Ils convergent pour laisser penser que la thématique trouve un écho favorable au MPB. En 1983, une priorité s’est dessinée avec l’ATP "Physique fondamentale". Elle est destinée à dynamiser la physique de base et aider au développement de thèmes spécifiques : la dynamique non linéaire fait partie des sujets retenus 1793 . Le thème du non linéaire fait partie de la politique de développement du MPB 1794 et les résultats en matière de systèmes dynamiques sont remarqués. Ils sont systématiquement présentés dans le chapitre "Physique théorique", sur un pied d’égalité avec les "grands" thèmes classiques 1795  : physique des particules, physique nucléaire, physique statistique, etc. Le souci constant de présenter la recherche en systèmes dynamiques montre que le thème occupe une "vraie" place au MPB.

Les rapports de conjoncture donnent des compléments d’information. Dans le rapport de 1984 tout d’abord, la question des systèmes dynamiques fait l’objet de deux paragraphes séparés : un pour la conjoncture en mathématiques 1796 , le second pour la physique théorique. Le rapport de physique ne regroupe pas tout dans un même paragraphe et s’attache à préciser quelles recherches ont recours à ce genre d’analyse : l’hydrodynamique physique et la turbulence sont les principales. Le rapport de prospective en mathématiques de 1985 en revanche, ne consacre pas de chapitre particulier sur le sujet des systèmes dynamiques. Ils ont leur place dans le chapitre "Physique théorique", mais l’état des lieux se révèle sans surprise. D’autres réflexions sont dispersées dans les différents chapitres et l’importance de la théorie ergodique par exemple est soulignée 1797 .

Pour résumer la situation, il est pleinement reconnu que les systèmes dynamiques sont devenus un enjeu scientifique à inscrire entre les mathématiques et la physique. Cependant, aucune action incitative n’est décidée ni sur le thème, ni dans l’espoir de susciter des collaborations nouvelles ; les ATP ne sont pas remplacées par un système plus adéquat.

La réflexion menée sur les mathématiques au cours des années 1980 aura permis d’acquérir une conscience de l’importance des moyens de simulation numérique, des interactions entre disciplines, d’une ouverture nécessaire vers les SPI et la prise en compte de la complexité des objets en science et technique. D’une part le champ du chaos et des systèmes dynamique a bénéficié de la vague qui agite le CNRS, en discours tout au moins, et des quelques actions limitées comme les ATP. D’autre part, de manière plus discrète, le développement du chaos aura joué le rôle de révélateur de ces nouvelles pratiques : il a donné en particulier une certaine visibilité à l’interaction entre disciplines et avec les mathématiques.

Notes
1793.

Cette ATP s’inscrit dans une réflexion prospective initiée au début des années 1980 en physique. Les thèmes privilégiés ne se limitent pas au non linéaire : physique des matériaux, électronique et optoélectronique (on notera que ce sont des thématiques couplées aux SPI), physique du laser en sont d’autres exemples. Les sujets analysés de manière prospective sont l’optique et la fusion par confinement magnétique dans les plasmas.

1794.

Rapport d’activité du CNRS 1983, p. 28. Dans les grandes priorités du MPB en 1986 on trouve, à la suite des mathématiques pour les autres disciplines : "Développer l’étude théorique et expérimentale des systèmes dynamiques". Rapport d’activité du CNRS 1986, p. 30.

1795.

Des présentations synthétiques sont publiées dans les rapports d’activité du CNRS de 1983, 1984 et 1985.

1796.

Rapport de conjoncture du CNRS 1984, p. 10.

1797.

[CNRS, 1985], p. 84-85.