La création des IUFM et du statut de professeur des écoles a profondément remanié la position institutionnelle et la définition administrative des enseignants du premier degré ( 31 ). De plus en plus, le nouveau vocable "professeur des écoles" ou "professeur d'école" (voire le sigle "PE") est amené à supplanter le terme "instituteur" puisque l'extinction du corps administratif des instituteurs est programmée dans le cadre de la création du nouveau statut. On peut cependant remarquer que, dans le langage courant, l'ancienne dénomination reste encore vivace et garde son caractère générique : même dans le cadre de l'école primaire, on utilise le terme "instituteur" de manière indistincte, sauf dans les cas particuliers où l'on doit marquer la distinction entre les deux statuts administratifs. Cette distinction est importante pour notre recherche, et nous aurons l'occasion de l'examiner en détail. Toutefois, dans le fil du texte, nous faisons souvent référence aux enseignants du premier degré dans leur ensemble et sans avoir à distinguer les professeurs des écoles des instituteurs.
Nous utiliserons donc dans ce texte les expressions "les instituteurs" et "le métier d’instituteur" de manière générique, en concurrence avec les formulations "enseignant du premier degré" ou "enseignant de l’école primaire". En revanche, notre utilisation de la dénomination de "professeur des écoles" renverra explicitement au nouveau statut ou au nouveau corps administratif et à leurs spécificités. On peut par ailleurs remarquer que l’usage courant de la désignation "les instituteurs" au masculin pluriel comme forme générique neutre correspond aux normes syntaxiques mais reflète bien mal la réalité sociale : alors que l’expression "les infirmières" correspond bien à la composition de ce groupe professionnel, la féminisation importante des enseignants du premier degré est occultée par l’expression "les instituteurs" ( 32 ).
Ces réformes mises en œuvre au début des années 90 seront détaillées dans la deuxième partie (chapitres cinq et six).
Ces différences entre "les instituteurs" et "les infirmières" sont signalées dans Geay Bertrand, 1991, « Espace social et coordinations, le mouvement des instituteurs de l’hiver 1987 », Actes de la recherche en sciences sociales N°36