I.1. La mobilité entre secteurs public et privé

Après avoir noté les enjeux idéologiques attachés aux mouvements entre les deux secteurs, les auteurs relèvent qu’entre 1980 et 1985, les mouvements entre les sphères sont très faibles et que depuis les années 70, « la sphère publique a augmenté son pouvoir centripète » (p.68). Les données chiffrées concernant les mouvements entre les deux secteurs sont présentées dans le tableau suivant :

Tableau 9 : Mouvements entre secteur public et secteur privé
  public  privé privé  public solde
1965-1970 210 000 9,5% 280 000 3,1% 70 000
1980-1985 118 000 3,1% 317 000 3,4% 199 000
Source : F. de SINGLY, Cl. THELOT, Gens du privé, gens du public (p.69)
Lecture : durant la première période, 210 000 fonctionnaires sont passés dans le secteur privé et 280 000 salariés du secteur privé sont devenus fonctionnaires, ce qui représente un solde de 70 000 personnes en faveur du secteur public. Durant la seconde période, les départs du secteur public ont diminué pendant que les départs du secteur privé augmentaient, et le solde a plus que doublé (rapport de 2,8).

En détaillant le niveau d’analyse dans un schéma représentant les flux entre groupes (pp.70-71), les auteurs montrent que les flux sont encore plus réduits pour les catégories A et B, dont relève notre objet de recherche :

‘« Pour les professeurs, les instituteurs, les cadres de l’État, les infirmières, il y a même isolement : aucun flux significatif ne part, ni ne provient de ces positions. Le pantouflage, à ce niveau d’observation statistique, est pratiquement invisible : 2% de cadres A deviennent cadres du privé. Les cadres supérieurs de l’état, aussi bien dans l’administration que dans l’enseignement, ne sont nullement attirés par la sphère privée. Au moins dans les milieux supérieurs, chacun semble à sa place, sans désir ou moyen de la quitter. » (p.72)’

L’étude des échanges entre sphères sur toute une carrière conduit les auteurs à un bilan moins tranché, puisque « 31% des hommes salariés du public en début de carrière étaient, quarante ans plus tard, en 1970 salariés des entreprises » (p.75). La mobilité professionnelle sur toute une carrière ne peut être mesurée que sur l’enquête FQP 70, car elle est la seule à comporter une question sur le premier poste, ce qui limite l’intérêt des données disponibles, vu leur ancienneté. On peut toutefois en retenir la variation très importante des flux de mobilité professionnelle mesurés soit sur une période, soit sur l’ensemble de la durée d’une carrière.