Taux de mobilité estimé à partir d’un suivi de cohorte

La deuxième estimation du taux de départ que nous retenons ici est issue du suivi de cohortes départementales présenté dans la section III. Elle est fondée sur le cheminement professionnel d’un échantillon d’enseignants du premier degré recrutés dans les années 50. Il s’agit donc du devenir professionnel sur l’ensemble de la carrière calculé à partir des données disponibles au niveau départemental. Afin d’avoir une vue d’ensemble des valeurs disponibles, nous en avons produit une représentation graphique portant sur les valeurs globales :

Figure 2 : Mobilité professionnelle d’une cohorte départementale
Figure 2 : Mobilité professionnelle d’une cohorte départementale sur la durée d’une carrière

Source : Tableau « Positions professionnelles en fin de carrière d’une cohorte recrutée en 1950 dans l’Oise, hors exeat (en%) » page 65 colonne "ensemble"
Lecture : parmi l’échantillon des personnes ayant obtenu le CAP d’instituteur en 1950 dans le département de l’Oise et n’ayant pas bénéficié d’un exeat, 55% ont terminé leur carrière professionnelle dans une classe primaire ou un poste relevant de la spécialisation dans le département, 16% ont effectué une des formes de mobilité interne, 5% ont effectué une mobilité externe et 24% ne figurent plus dans les archives départementales.

La première tendance que l’on retient de ce second mode d’estimation du taux de départ est l’importance apparente des départs, puisque à peine plus d’un instituteur sur deux termine sa carrière en position standard dans son département. On note que les départs dûment constatés correspondent à 21% de l’effectif de départ, ce qui est parfaitement compatible avec les estimations présentées dans la sous-section précédente. Cependant les valeurs présentées dans ce graphique sont marquées par un fort taux d’incertitude, puisque près d’un quart des absences correspondent à des dossiers perdus. Concernant ces absences non répertoriées, la seule certitude est que cela ne correspond pas à une fin de carrière en position standard dans le département de recrutement. Sans se perdre en supputations, on peut avancer qu’une part importante de ces absences non répertoriées correspond plutôt à une forme ou une autre de mobilité professionnelle en cours de carrière, et qu’il convient donc en conséquence de revoir à la hausse l’estimation du taux de départ en cours de carrière.

En tout état de cause, retenons que, pour cette cohorte départementale, la borne supérieure des estimations du taux de départ est de 45% (puisque l’on retrouve 55% de la cohorte en position standard en fin de carrière) et la borne inférieure est de 21% (puisque l’on retrouve trace des départs correspondants). On pourrait juger ces bornes fort éloignées l’une de l’autre, elles permettent pourtant d’invalider largement aussi bien les discours du “tous immobiles” que ceux du “tous partis” que nous avons présentés dans le chapitre précédent.

Enfin, ce graphique permet de relever la prédominance des mobilités internes par rapport aux mobilités externes (dans un rapport de un à trois) que nous détaillerons dans la sous-section suivante, consacrée à la répartition des fréquences des destinations professionnelles.

Reprenons pour l’instant l’estimation du taux de mobilité en cours de carrière par une dernière approche du taux de départ global.