Taux de mobilité estimé à partir du fichier de paye

Nous avons repris dans le graphique suivant l’essentiel des éléments obtenus à partir du fichier central de paye qui ont été présentés dans la section III :

Figure 3 : Mobilité professionnelle des enseignants du premier degré entre 1978 et 1994
Figure 3 : Mobilité professionnelle des enseignants du premier degré entre 1978 et 1994

Source : Tableau « Position administrative en 1994 des instituteurs de 1978 » p.69
Lecture : Parmi les enseignants du premier degré âgés de moins de 30 ans en poste en 1978, 84% occupaient un poste rattaché à l'institutorat en 1994, 4% étaient affectés à un emploi relevant du secondaire et 12% étaient absents du fichier de paye de l’Éducation nationale.

À première vue, le bilan global est fort différent de celui du schéma précédent, puisque le volume de la mobilité se réduit à un sixième de l’effectif, et que l’on ne retrouve pas la prédominance des mobilités internes sur les mobilités externes. Mais la portée de cette comparaison directe doit être relativisée fortement par la prise en compte de plusieurs remarques.

Premièrement, d’une investigation à l’autre, les périodes de référence sont proches mais non identiques (on passe de 1950-1988 à 1978-1994) mais surtout la durée prise en compte passe de 37,5 à 16 années. A priori, rien ne dit que le taux de départ soit constant tout au long de la carrière. Pourtant nous disposons d’éléments factuels nous permettant d’établir qu’en moyenne la moitié des départs s’effectue durant la première moitié de la carrière ( 63 ), ce qui nous permet d’établir une approximation du taux de mobilité sur la durée de la carrière en doublant les valeurs du graphique, et d’aboutir à une estimation du taux de mobilité de plus du tiers sur la durée totale de la carrière.

Deuxièmement, d’un graphique à l’autre, on est passé de la position standard en classe au statut d’instituteur attesté par la présence dans le fichier central de paye. La définition opératoire de la mobilité professionnelle n’est pas constante : dans la première approche, on comptabilise les lauréats du CAP d’instituteur qui n’ont pas terminé leur carrière en classe, alors que, dans la seconde, on comptabilise uniquement les changements professionnels ayant entraîné la sortie du fichier de paye. Cela conduit à ne pas tenir compte de certaines des positions professionnelles qui étaient comptabilisées dans les estimations précédentes (mis à disposition, détaché en IUFM ou CDDP, psychologue scolaire, conseiller pédagogique, congé de formation ou de mobilité, formations internes d’un an de psychologue ou de COP…). Sachant que ce type de positions professionnelles représente une part importante de la mobilité, on peut conclure qu’une analyse plus fine du fichier de paye comptabilisant ces positions conduirait à revoir très sensiblement à la hausse le taux de mobilité que l’on vient d’estimer à plus d’un tiers ( 64 ).

On peut donc retenir une certaine convergence entre nos différentes investigations, et estimer que le taux de mobilité à l’issue d’une carrière complète se situe en moyenne entre un tiers et la moitié des enseignants du premier degré.

Notes
63.

 Nous développerons ce point dans le chapitre neuf à propos des temporalités de la mobilité en cours de carrière.

64.

 On peut noter par ailleurs que ce changement de définition explique également la différence de répartition des fréquences dans le dernier graphique : on n’y retrouve pas la prédominance des mobilités internes, tout simplement parce qu’il y manque la mobilité fonctionnelle et hiérarchique.