Distribution estimée à partir des départs durant une période

Il est possible de regrouper les données établies à partir des cahiers des sorties de l’Inspection académique de la Loire en utilisant notre typologie des formes de mobilité pour souligner la distribution des débouchés :

Tableau 18 : Répartition des départs selon le type de mobilité
type de mobilité fréquence
mobilité fonctionnelle 25%
mobilité hiérarchique 1%
mobilité catégorielle
dont enseignant du secondaire
conseiller d’orientation
conseiller d’éducation
chef d’établissement
GRETA
62%
58%
1%
1%
1%
1%
mobilités externes 12%
total 100%
Source : Tableau « Liste des départs libérant une classe (classés par motifs) » p.7
Champ : enseignants titulaires du département de la Loire ayant quitté la classe durant la période allant de 86/87 à 92/93.
Lecture : 25% des instituteurs ayant quitté la classe durant la période ont opéré une mobilité fonctionnelle.

On peut noter dans ce tableau que l’enseignement dans le secondaire représente une part fortement dominante de la mobilité catégorielle, ce qui est conforme à la répartition des enseignants et des “non–enseignants” dans les collèges et les lycées. Afin de faciliter la comparaison avec la répartition issue du suivi de cohorte, on peut établir une représentation graphique de ces résultats :

Figure 6 : Fréquences des formes de mobilité relevées entre 1986 et 1993 dans un département
Figure 6 : Fréquences des formes de mobilité relevées entre 1986 et 1993 dans un département

Source : tableau précédent
Lecture : Parmi les enseignants ayant quitté la classe durant la période, 62% ont engagé une mobilité catégorielle.

On retrouve dans ce graphique la forte prédominance des mobilités internes, déjà notée dans le graphique précédent. À l’intérieur des mobilités internes, la mobilité catégorielle est à nouveau fortement majoritaire (on a vu dans le tableau précédent qu’elle correspond surtout à l’enseignement secondaire). Cela peut surprendre dans la mesure où cette distribution est fondée sur l’analyse des départs durant une période qui ne correspond pas à l’époque des plus forts recrutements d’enseignants du secondaire.

En revanche, on peut relever une différence notable avec le graphique précédent, dans la fréquence de la mobilité fonctionnelle et de celle des mobilités externes. Cela peut s’expliquer par les deux modes de recueil de données, puisque, d’une part, le suivi de cohorte a tendance à minorer la mobilité fonctionnelle et, d’autre part, le décompte des départs sur une période conduit à minorer les mobilités externes. En effet, le suivi de cohorte ne tient compte que de la position professionnelle au moment de la retraite et exclut de fait toutes les positions intermédiaires ou provisoires par lesquelles certains enseignants sont passés avant de rejoindre leur destination professionnelle finale.

Ainsi, pour prendre un exemple, rencontré lors de notre enquête empirique, un instituteur ayant été détaché dans une association plusieurs années avant de terminer sa carrière comme directeur d’une (grosse) école sera comptabilisé dans les “immobiles” par le suivi de cohorte, alors que sa mobilité professionnelle en cours de carrière peut être prise en compte par un dénombrement des départs durant une période de référence englobant l’époque de son détachement.

Le suivi de cohorte ne permet donc pas de constater certaines formes de mobilité professionnelle en cours de carrière du fait qu’il comptabilise uniquement la dernière position professionnelle connue. Symétriquement, le décompte des départs durant une période de référence ne prend pas en compte complètement les trajectoires professionnelles, du fait qu’il comptabilise uniquement la première position professionnelle occupée après le départ.

Ainsi, d’autres investigations empiriques que le décompte des départs sur une période nous ont permis de relever des itinéraires professionnels enchaînant une mobilité fonctionnelle et une mobilité externe, comme cet ancien instituteur devenu directeur d’hôpital et ayant fait ses premières armes de gestionnaire en tant que détaché dans le monde associatif. Dans ce cas, le suivi de cohorte comptabilise la position professionnelle finale et élude le premier palier de mobilité professionnelle, tandis que le décompte des départs opère à l’inverse, en prenant en compte le premier palier de mobilité et en laissant échapper la destination seconde.

Seule une approche longitudinale –comme notre enquête par questionnaire et entretien– permet de reconstituer complètement les itinéraires professionnels, même si ce type d’approche ne permet pas d’estimer facilement les fréquences des débouchés, comme on va le voir dans la sous-section suivante.