Distribution estimée à partir des résultats du questionnaire

Les destinations professionnelles des répondants

Reprenons les réponses au questionnaire, en les groupant selon la liste des destinations professionnelles, présentée dans le chapitre précédent :

Tableau 19 : Fréquence des destinations professionnelles des répondants
catégories de destinations professionnelles fréquence
détaché œuvres (associations ou mutuelles) 16%
détaché MEN (IUFM, CDDP, IA...) 16%
arts, spectacles, information 9%
cadre de la fonction publique (hors Éducation nationale) 8%
cadre MEN (hors IEN : chef d’établissement, gestionnaire) 8%
GRETA (formateur ou gestionnaire) 8%
professeur du secondaire 7%
entreprise privée (salarié ou gérant) 5%
IEN (inspecteur école primaire) 5%
artisan (ou commerçant) 5%
COP (conseiller d’orientation psychologue) 5%
enseignant chercheur du supérieur (maître de conférence ou professeur) 5%
premier degré (conseiller pédagogique, psychologue scolaire...) 3%
divers 1%
Ensemble 100%
Lecture : 16% des personnes répondant au questionnaire sont détachées ou mises à disposition auprès d’une œuvre complémentaire de l’école ou d’une mutuelle.

La répartition des fréquences dans notre échantillon n’est pas représentative de la situation globale telle qu’on peut l’approcher en travaillant sur les données d’archives. Nous avons limité volontairement la diffusion de notre questionnaire auprès des enseignants du secondaire, car le recrutement des PEGC parmi les instituteurs et les normaliens a concerné des effectifs très importants pendant des périodes étendues. De même, nous avons interrogé très peu de psychologues scolaires ou de conseillers pédagogiques (catégorie "premier degré") car leur position professionnelle reste, elle aussi, proche de celle de départ : dans le premier cas, on a affaire à des enseignants et, dans le second, le cadre de l’école primaire est maintenu. Pour rendre le poids relatif de ces positions, nous aurions dû augmenter considérablement notre effectif d’enquête, alors que ces deux sous-groupes restent proches de la position de départ.

Nous avons fait l’hypothèse de recherche selon laquelle nous devions écarter, au moins partiellement, les positions professionnelles les plus proches de la situation standard d’un instituteur face à une classe, car elles nous apporteraient peu d’informations pertinentes. Rappelons qu’il nous est impossible de constituer un échantillon représentatif statistiquement par la méthode des quotas, puisque la population mère des instituteurs mobiles ne peut pas être déterminée extensivement, de par sa nature même.

Malgré ces limitations, l’analyse de ce tableau donne de nombreuses indications utiles. On constate par exemple que les professions exercées au sein de l’Éducation nationale représentent une forte proportion des réponses malgré les limitations mises dans la diffusion du questionnaire. Les deux catégories les plus nombreuses représentent près du tiers des réponses, et concernent des personnes qui exercent des fonctions très diverses au sein d’associations ou de structures relevant de l’Éducation nationale (IUFM, CDDP, inspection académique...).

Un des préjugés courants sur la mobilité professionnelle des instituteurs la présente comme résultant d’une fuite de la classe, des élèves et de l’enseignement. Dans notre échantillon, l’enseignement ou la formation concernent 16% des répondants, mais cette faible part d’enseignants dans notre population d’enquête s’explique uniquement par le fait que nous avons volontairement limité la diffusion de notre enquête auprès des enseignants du secondaire. On peut donc retenir dès à présent que la fuite de l’enseignement n’est pas le motif principal de départ de l'institutorat.

D’autre part, on pourrait penser que les instituteurs reconvertis dans le secondaire n’entrent pas dans le champ de notre étude, au motif qu’un enseignant reste un enseignant, et qu’un passage de l’enseignement primaire à l’enseignement secondaire ne constitue pas une reconversion professionnelle. Les trajectoires professionnelles allant de l’institutorat au professorat sont moins "spectaculaires" que d’autres itinéraires qui conduisent à des positions professionnelles parfaitement hétérogènes au monde de l’école. Toutefois, il convient de noter que ces trajectoires représentent des "flux" non négligeables entre catégories d’enseignants, et qu’elles constituent ainsi un élément du système éducatif et de ses évolutions à prendre en compte. De plus, au niveau individuel, le passage de l’institutorat au professorat est un événement marquant dans une biographie, et impulse une redéfinition importante de l’identité professionnelle.

Notons enfin que la formation des adultes semble avoir été peu investie par les instituteurs malgré les recrutements importants ouverts par la politique de renforcement institutionnel de la formation continue depuis les années 1970. Les actions de "réinsertion" et tous les dispositifs destinés aux publics de faible qualification semblent constituer une position professionnelle proche de l’expérience professionnelle dans le premier degré. Ce type de formation d’adultes –souvent centré sur les savoirs de base et la remédiation cognitive– permet aux instituteurs de mobiliser avec d’autres publics les compétences professionnelles spécifiques de leur métier qu’ils revendiquent souvent, en s’attribuant par exemple la désignation de "pédagogue" ou en faisant valoir leurs compétences dans le domaine de "la pédagogie". Le chapitre quatre, en analysant les compétences transférables, nous permettra de détailler cet aspect de la mobilité professionnelle.

Un des intérêts de cette répartition des destinations professionnelles est de pouvoir la croiser avec d’autres éléments comme le sexe, l’âge, ou la durée de carrière. Mais avant d’analyser les liens qui existent entre la destination professionnelle et d’autres variables, examinons les destinations selon les statuts professionnels, qui constituent un autre angle d’analyse.