« j'ai été reconnu »

Certains intervenants incitent Daniel à aller de l’avant en lui accordant une oreille attentive voire de l’admiration, ce qui lui donne le sentiment d’être reconnu (à sa juste valeur) :

‘« premier stage de formation […] les gens disaient "tiens, c'est pas mal ce qu'il dit". (A8.12) je tenais un discours et puis les gens écoutaient (A15.1) j'ai été reconnu (A15.2) j'ai pris la parole à un moment donné et le soir elle m'a dit "c'est vachement bien ce que tu as dit" (A22.7)’

Parmi ceux qui approuvent le narrateur et lui reconnaissent des qualités, on trouve les formés des stages associatifs, les responsables associatifs, les condisciples à l’université… et, bien sûr, "les pédagos".

D’autres intervenants encouragent Daniel dans sa quête de la reconnaissance, ils le poussent à entreprendre, il s’agit de porteurs légitimes de l’autorité qui le gratifient de l’autorisation à progresser :

‘« les gens me disent : "tu finiras inspecteur d'académie" (A11.5) je m'en suis senti capable parce que les autres m'ont reconnu comme tel (A14.4) moi, j'ai eu cette chance de tomber sur des gens qui, tout d'un coup, m'ont dit "mais il faudrait que vous y alliez, allez-y vous êtes capable, faites-le !" (A15.8) le directeur du centre CEAI me dit "mais, pourquoi vous ne passez pas des concours ?" (A14.5) »’

On remarque le thème de l’autorisation, mais aussi celui de la rencontre marquante, et la dynamique de l’identification à un modèle (qui vous incite à devenir comme lui). Par rapport au groupe d’intervenants précédents, on note un changement dans le statut des intervenants (on passe des formés et condisciples aux formateurs) et dans la nature de l’interaction (on passe de la reconnaissance des capacités aux incitations à progresser). On retrouve donc l’injonction de la figure paternelle, mais l’objet de la quête n’est plus le statut d’instituteur, puisque chaque nouveau mentor incite Daniel à faire autre chose.

Un troisième niveau d’interaction positive est représenté par ceux qui accordent leur confiance à Danielen luiconfiant des responsabilités et ainsi étendent le champ de ses interventions :

‘« On est venu me chercher. (A3.2) la Ligue m'a proposé de prendre un poste déchargé de classe (A9.2) je n'ai pas été conseiller pédagogique moi, j'ai été "un conseiller pédagogique de monsieur…" La responsabilisation qu’il faisait auprès de ses conseillers pédagogiques… c'était peut-être une manière aussi de leur donner une fonction et des missions qui n'étaient pas forcément celles que tous les conseillers pédagogiques ont dans toutes les circonscriptions (A13.5) Donc j'ai été reconnu (A14.9) J'ai été reconnu quand je suis allé faire des formations avec des universitaires, tout d'un coup, je me suis dit "mais, c'est vrai que je suis capable de faire ça !" (A14.10) …m'a demandé d'intervenir sur son DESS, je me suis dit "bon sang ! il me demande ça à MOI ! " (A14.11) Groupe présidé par…, donc j'ai su après que c'était lui qui avait demandé que je sois là (A15.4) »’

Ces mandatements permettent à Daniel d’exercer des compétences accrues (et donc de s’exercer), le plaçant ainsi en position de pouvoir faire ses preuves. On voit donc que l’on est passé de l’approbation à l’autorisation et enfin à la probation. Cette dynamique de la responsabilisation est impulsée des acteurs reconnus socialement : responsables associatifs, inspecteurs, enseignants chercheurs, directeur de centre de formation… Elle débouche non seulement sur l’attestation des capacités par une reconnaissance externe, mais aussi sur une prise de conscience de Daniel qui se trouve conforté dans sa quête, comme nous le verrons dans la section suivante.