Motifs et moteurs de mobilité

L’exemple de Daniel a montré que, pour certains, quitter la classe n’allait pas sans tensions biographiques. On doit noter que, dans tous les cas, la mobilité est coûteuse (en temps, en engagement, en préparation…) et que l’on ne s’y engage pas sans raison. Les motifs de mobilité constituent donc un axe que nous devrons examiner dans la suite. Les stratégies des acteurs (les "mobiles des mobiles") sont liées à ce que l’on peut nommer des "postures biographiques" et qui engagent en particulier le rapport à la mobilité et l’image de la "réussite", ainsi que le rapport à l’avenir (que nous avons rencontré dans ce chapitre à travers les "temporalités subjectives" scandées par « des phases et des déclics »). Ces rapports (à la biographie, à la mobilité, à l’avenir) seront confrontés dans le chapitre huit à la typologie des formes de mobilité professionnelle définie dans le premier chapitre, afin de construire un tableau idéal typique intégrant les versants objectif et subjectif des parcours de mobilité.

Par ailleurs et d’une manière plus générale, ce chapitre nous a permis de préciser notre modèle d’analyse. Nous avons constaté concrètement comment la mobilité professionnelle des enseignants du premier degré peut constituer un analyseur de l'institutorat. Nous avons pu voir par exemple les liens forts qui relient la mobilité avec le recrutement initial ou l’affiliation professionnelle, c'est-à-dire les constituants essentiels de l’identité professionnelle des enseignants du premier degré. Les trois derniers chapitres seront l’occasion de déployer ce volet de notre problématique et de mesurer en quoi notre objet constitue une "pierre de touche" pour l'institutorat.

Enfin, l’analyse extensive d’un parcours professionnel individuel ne prend tout son sens que si on la replace dans son contexte. Nous allons donc consacrer les trois chapitres qui suivent aux variations des parcours de mobilité en fonction des destinations professionnelles.