I. L’approche cognitive de l’orientation professionnelle : des compétences transférables aux critères de mobilité

Au chapitre un, nous avons raisonné depuis la position standard pour structurer “l’espace des possibles” et pour établir une typologie des formes de mobilité ouvertes aux instituteurs. Nous allons à présent compléter cette analyse par une approche de la mobilité professionnelle fondée sur l’étude systématique des positions professionnelles considérées dans leur ensemble. Nous allons donc raisonner dans cette section selon une logique globale d’orientation professionnelle visant l’ensemble des actifs. Cela nous permettra de sortir d’une vision "scholaro–centrée" de la mobilité professionnelle des instituteurs (comme cela apparaissait dans la dernière case du tableau 1 qui regroupe toutes les positions professionnelles de la fonction publique, du salariat et du travail indépendant). Par ailleurs, l’approche présentée ici s’inscrit dans le cadre de la psychologie cognitive, ce qui apporte un éclairage complémentaire à notre étude sociologique de la mobilité professionnelle. Sans tomber dans une sorte de "cubisme méthodologique" tentant de concilier les vues de face et les vues de profil, une ouverture minimale à d’autres démarches peut s’avérer profitable. D’autant plus que l’approche cognitive est au fondement des procédures utilisées par l’ANPE (agence nationale pour l’emploi), qui est l’organisme officiel chargé par l’État de la gestion de l’emploi et de l’orientation professionnelle. Nous pourrons ainsi examiner les « catégories officielles » ayant cours dans le monde social à propos de la mobilité professionnelle en cours de carrière ( 119 ).

Notes
119.

 Sur les notions de catégories indigènes / savantes / officielles cf. DEMAZIERE Didier & DUBAR Claude, 1997, Analyser les entretiens biographiques. L’exemple de récits d’insertion, Nathan